Anamarseilles est terminé, devrait sortir à l'automne aux éditions La Marelle, et j'ai rendu ce matin le manuscrit de Diptyque à Caroline Grosjean, la chorégraphe qui dirige la compagnie Pièces détachées : les choses ont un peu avancé, donc, depuis le dernier article de cette rubrique.
Diptyque, c'est étrange, est peut-être un texte que vous ne lirez jamais. Je ne sais pas, nous ne savons pas encore ce qui va se passer, s'il sera disponible ou non ni sous quelle forme. Pour l'instant, le désir se dessine d'en faire un livre-objet avec pistes sonores, que l'on pourra trouver à la fin des représentations. Ce qui est sûr, c'est qu'on n'entendra pas tout le texte sur scène, simplement des bribes : il fait l'équivalent de 58 pages, ce qui est trop pour être dansé. En janvier 2016, lors de la première, j'aurai la surprise de découvrir quels passages auront été conservés tout en ayant de mon côté l'impression que, quoi qu'il arrive, il fait un tout.
(j'espère !)
(ces jours derniers j'étais dans cette sorte d'euphorie douce, légère, qui vient quand on a l'impression d'avoir terminé un texte sur lequel on travaille depuis plusieurs mois - ici, six - dont on sait qu'elle ne va pas durer, et qu'on savoure)
Et donc, de quoi ça parle, ce diptyque dont le titre n'est pas de moi, mais de Caroline ? Comme on peut s'en douter, il s'agit en réalité de deux textes. Le premier, qui prend pour point de départ deux pages écrites pour la revue d'ici là en 2013, met en scène deux corps dont on ne sait ni le sexe, ni l'âge, ni l'aspect physique. Ils s'approchent, se regardent, s'éloignent dans une suite de scènes courtes. Le second fait apparaître un modèle dont on comprend tout de suite qu'il s'agit une femme, et un photographe. Entre eux, la relation semble assez complexe... Le tout est écrit à partir de descriptions de photos noir et blanc, portraits qui ne permettent de voir, chaque fois, qu'une partie du corps de cette femme.
(évidemment, je brouille un peu les cartes avec mon polaroïd de Blow up d'Antonioni et la photo noir et blanc de Pièces détachées)
A propos de textes qu'on ne lit pas, la soirée à la bibliothèque Marguerite Audoux autour de Ile ronde m'a permis de constater, une fois de plus, que certains de mes livres étaient "indisponibles" : Franck et Cowboy Junkies. Pour CJ, ça arrive de temps à autres. Pour Franck, ça fait des mois que j'en demande la raison à l'éditeur. J'ai posé à nouveau la question il y a une semaine par mail. Aucune nouvelle pour le moment. Si ça dure, j'ai une petite idée sur la façon dont je vais continuer à faire vivre le texte malgré tout. Encore un truc qui me demandera des mois, je n'en parle pas pour l'instant, mais ça commence à me travailler...
Ce qui se poursuit, ce sont les Bruits, plus de 200 pages de notes pour l'instant. Je vais continuer tout l'été avant de tout reprendre, de prolonger, d'augmenter à partir de début octobre, ce qui coïncidera avec le début de la résidence de L'aiR Nu à Moret. De ce côté-là, nous avançons tranquillement : des nouvelles bientôt ici même, sans doute.
En ce milieu d'année 2015, il me semble que, décidément, l'écriture trouve davantage sa place, ces temps-ci, hors des sentiers de l'édition : au théâtre (à l'Etoile du Nord en janvier dernier), dans les studios de danse (Besançon, Saint-Claude, Belfort), via les enregistrements et sur le web (l'aiR Nu), dans toutes ces notes prises... Ce n'est pas forcément voulu, c'est ainsi : allons où l'énergie se trouve.
*
(la photo de la main et du carnet rouge a été prise lors d'un atelier de Pierre Ménard à Château Landon en 2010. Je m'en suis servie pour feue La ville haute)