J'ai dû en perdre en route, mais voici ma compil du petit journal, hors textes sur les livres qui ont compté, depuis le 25 février dernier. Presque trois mois durant lesquels j'ai arrêté de travailler pour ne plus faire qu'écrire, ai terminé puis rendu à mon éditeur le manuscrit du livre centré sur le deuxième album des Cowboy Junkies, me suis acharnée (et ça dure !) sur les corrections du suivant sans oublier la piscine.
25 février It doesn't really matter anyway (un titre des Cowboy Junkies, le chuchotement de Margo Timmins) Photos prises à Jaurès, retrouvées à Barbès. Des rires, des essais, des ratages. 27 février Il n'y a que ces deux-là qui me viennent : jubilation conjonctivite. 9 mars Le gardien de l'école B pendant l’éclaircie, le dit : pas grand monde pour voter depuis ce matin. Peut-être plus tard ? (on est à Paris). Journée rythmée par l’arrestation, puis la libération, du père d’un enfant du groupe scolaire. La rentrée, c’était donc le dimanche pour RESF. Sans date : Lire, lire, se laisser envahir et ne plus écouter de musique. Puis un jour le contraire. On oscille, on se demande s'il y a double vie. 20 mars 2008 la tête hors de l'eau, à la piscine dont le plafond est de verre, la tête dans le ciel, donc, pour oublier un peu les pages terminées, la parole prise, la paralysie qui la suit... 26 mars Vus de la coursive, le long des cabines 1900, les nageurs de ma piscine surprennent, lents et gracieux (ce qu’on ne peut imaginer dans l’eau). Mais les coursives, d’habitude, sont interdites. 27 mars En diagonale la lecture, en ligne droite la nage, je regarde le plafond de verre il parcourt mon manuscrit. 28 mars Ma prochaine devise ? Entendu lors d’une conférence de presse, de Dominique Répécaud (je crois), dans une salle qui comptait nombre de musiciens expérimentaux : "pourquoi faire simple quand on peut faire mieux ?!" 29 mars aux Buttes S’allonger dans l’herbe malgré le vent, le sol encore mouvant de la pluie de la veille. Et dans le dos, un églantier. 1er avril 102-105 temps doux à Belleville, arrive les mains dans les poches pour assister à un concert évidemment complet. Plus tôt, détaille les tatouages des nageurs. Avant, après, à la place, me bats avec ma page 102 (et ça fait tache jusqu’à 105 au moins). 13 avril C'est quoi cette journée passée à couper un paragraphe qui avait résisté, jusque là - avoir eu raison mais dans le déséquilibre, vers la page 20 à peine, on peine aux deux cents pages suivantes. Se méfier, vouloir retrouver le texte dans son déroulement. L’écran ne suffit plus, il faudrait imprimer, enregistrer sa voix – faire quelque chose, quoi ! Autre chose que l’écran. 15 avril dead lines, même chose, vraiment, avec pourtant un seul paragraphe mort sur les 200 relues, sur 330 en tout ; la peur, ici, que ça fasse basculer l’ensemble, comme dans un jeu de dominos. Méfiance. 18 avril silence radio Ah oui, mais comment leur clouer le bec, ces questions les obsèdent, on les sent en apnée quand ils s’empêchent de les poser (et parfois, préviennent à l’antenne qu’ils n’en parleront pas, de la filiation, pour avoir l’air subtil et au fond se dédouaner d’en parler quand même - pervers).
20 avril Une nuit, trois fois
nuit sur ma secte
nuit sur où que tu sois
nuit sur ça : plus aucun lieu qui vaille
21 avril des visages En attendant un coup de fil qui ne venait pas, joué au
memory de Philippe De Jonckheere et comme je ne suis pas téméraire, ai commencé par celui des boutons (dont une paire semble en colère). 27 avril Après une semaine seule pour la première fois depuis des années (écrire, corriger, nager), suis allée poursuivre ma
lecture au lavomatic, seul endroit à Paris sans radio ni musique, avant de voir et d’écouter
ceci.
29 avril ça se croise tiens, justement, vingt ans aujourd’hui d’une journée particulière, passée avec celui qui, quelques mois plus tôt, m’avait offert un rat (une rate, pour être précise, que moi aussi j’emportais en voyage). Quelqu’un par qui j’ai connu Lille, changement à Arras, comme ça se trouve...
Je ne savais pas comment marquer ces vingt ans. Voilà, c’est fait. 10 mai Pont à Paris Il me dit qu’il devait se rendre à Beyrouth, que l’aéroport est fermé. Il me demande si nous sommes à Paris. Oui. Et faisons même cyber café à la maison avec boissons, connexion wifi et musique, pendant que les autochtones désertent. Je ne lui dis pas que nous devions aller à la mer. 14 mai contre la vitre
Partir mais pour l’instant c’est encore du balcon - le zinc brûle, impossible d’y rester pieds nus. Bruits de voitures, sirènes, bus, dans lesquels nous ne tenons plus.