Un peu d'Instin pour terminer l'année ?
La revue Hors Sol a demandé à plusieurs d'entre nous quel rapport ils ou elles entretenaient avec le général et propose donc un dossier Instin et moi dans lequel on retrouvera à terme des textes d'une vingtaine d'auteurs. Pour l'instant, on peut répondre à une enquête d'opinion diligentée par Christine Jeanney et lire un texte de Raymond Penblanc dans lequel l'auteur se demande si le GI ne serait pas une femme et s'il ne pourrait pas, à l'occasion, se couper en deux (tiens tiens...).
On peut également nous écouter, Joachim Séné et moi, nous poser un certain nombre de questions sur le général et ses particularités. Je voulais poster ici le texte que j'ai écrit à cette occasion mais je suis en train de me demander si je ne l'avais pas noté à la main, exceptionnellement, et si je ne l'ai pas égaré... C'est bien possible. Tant pis.
Ou alors tendre l'oreille pour le reconstituer ? Tiens, oui, essayons :
Général, général, qu'est-ce qui me pousse vers toi comme ça sans prévenir ? Est-ce ton nom, général ? Est-ce toi en général ? Non.
Le général en général ne m'attire pas, ni le titre ni le nom (de général). Général général tu parles.
D'instinct le général me gênerait plutôt, tandis que le végétal, le minéral non. Alors je me demande : est-ce ta mort, général, qui te rend à mes yeux aussi particulier ? Est-ce ta mort, minéral, qui te rend végétal et si proche de nous ? Le général Instin qui a perdu son H serait devenu humain, non au moment de mourir mais au moment de le dire, c'est-à-dire toujours ?
Est-ce le nom de la mort que tu dis en riant, que tu dis en grinçant, que tu répètes encore qui nous rassure, nous ? Général, tu m'entends ? Est-ce ta mort en marche qui nous anime, nous, et te rend, général, plus doux qu'un végétal par le vent disparu ? A la terre tombé et mêlé à la brume, mêlé à nous vivants, nous sifflant aux oreilles sans rien changer au monde, du moins en apparence, comme on dit que les morts en général jouent ? Est-ce nous, général, ce H qui te manque ? Est-ce ton vertical, est-ce ton horizontal, corps perdu de la lettre qui tout à coup m'enchante ?
Mon général oblique et sans savoir pourquoi je le suis à la lettre.
*
La voix de Joachim comme des instants de pause, l'incertitude de la ponctuation initiale et même du genre de certains mots : écouter pour écrire modifie quelque chose ?
(à suivre en 2015, peut-être)