C'est l'instant suspendu où le manuscrit est rendu dans sa version définitive (je parle de Décor Lafayette), où plus grand chose ne devrait bouger, où un texte nouveau va prendre place, occuper l'esprit - mais pas encore. Légèreté de ce moment où le relais est passé, les décisions prises : supprimer des passages entiers sans pour autant ressentir cet épuisement que le geste entraînait quelques semaines plus tôt, c'est un signe, non ?
C'est l'instant qui dure, quoi ? une demi-journée, quand le projet du livre était là, en tête, depuis trois ans.
(j'écris cela, Blogger ralentit la manoeuvre, je commence à me dire que je poursuivrai ce billet le lendemain : ce sentiment-là, peut-être, aura disparu)
J'écris cela, qui est vrai et faux à la fois. Le prochain texte existe déjà, il s'agit de Laisse venir. Cet état d'abandon (au sens doux du terme), je l'ai ressenti au début de l'été lorsque j'ai commencé à le faire lire, lui que j'ai entamé, terminé bien après DL. Tout se croise, ce que j'entreprends n'a pas nécessairement de fin (c'est le cas de Dita Kepler). A force, le fait d'aboutir, de conclure, relèverait presque de la surprise.
Tout se croise vraiment : le 21 novembre prochain, je présenterai Laisse venir avec Pierre Ménard à Marseille à la Friche et le lendemain, ce sera lecture musicale de Décor Lafayette avec Jean-Marc Montera au théâtre Les Bancs publics. Entre temps, il y aura eu Saint-Brieuc, puis à nouveau Montreuil, et Tremblay-en-France : dans mon esprit, citer ces lieux en revient à (ne pas) nommer les nouveaux projets, à les associer sans rien dire. Flottement parfait.
(photographies : Londres, Marseille, Paris Galeries Lafayette)