Je ne sais pas ce qui se passe cette semaine : deux mois après la sortie du livre, tout à coup, c'est la fête aux oloé (voir ici) et elle se poursuit !
Je pense d'abord aux lirécrire de Maryse Hache, que l'on trouve dans son Semenoir : elle les écrit en lisant mon texte sur tablette. Tout se croise, alors : la vie du jardin, ses impressions de lecture, ses rêves, souvenirs, et mes phrases. C'est pour moi une expérience très forte que de suivre ses lirécrire : tout à coup, me voici à la place de quelqu'un qui est en train de me lire. A sa place, littéralement : me traverse ce qui la traverse, je suis assise sur sa chaise longue et l'accompagne, c'est l'heure du café, elle pense aux hortillonnages d'Amiens et j'y pense avec elle - elle ne le sait pas encore, mais c'est un lieu que nous partageons. J'ai l'impression d'avoir une chance extraordinaire. Déroulements parallèles, méandres, rien n'est figé, ni sa lecture, ni la mienne.
Etre lu(e), pour moi, c'est précisément ça : que le livre aille où je ne peux aller; me donne le don d'ubiquité, que des vies surgissent, invisibles, silencieuses, bien là.
Franck Queyraud, lui, invente les otloé : les lieux où trouver un oloé. Sa promenade nous entraîne à Simiane-la-Rotonde (s'il savait qu'il y a une rotonde dans mon texte en cours, justement... bref !). On y trouve Nietzsche, la philosophie et la danse, et cette belle citation de Béatrice Commengé dont voici les premières lignes : Si le danseur doit être solide sur ses jambes, ce n’est pas pour ramper sur le sol, c’est pour mieux prendre son envol. La hauteur d’un saut dépend toujours d’un bon appel : le danseur sera d’autant plus léger dans les airs qu’il aura su se faire lourd sur terre.
Des citations, il y en a aussi dans les notes de lecture de Thierry Beinstingel consacrées aux oloé : je vous laisse le plaisir de découvrir celles de Proust et de Baudelaire... Thierry explique si bien ce qu'est un oloé qu'il n'est plus besoin, contrairement à ce qu'il prétend, de trouver un jour le mot dans le dictionnaire :
L’oloé est fuyant, en mouvement permanent. Il dit où et quand en même temps, mais pas la peine de demander le pourquoi du comment, ni quoi, ni qu’est-ce : il a déjà changé Il ondule l’oloé.
Je crois que le terme exact, lorsque je découvre ces billets, est : félicité.