l'horloge de la gare de Chartres

l'horloge de la gare de Chartres

dimanche 25 mars 2018

Semaine #12 première(s)













 
Semaine où je n'écrirai ici sans doute pas beaucoup, car il y a à faire.

Dimanche Me rends chez Christie's pour la première fois pour admirer les tableaux de la collection Rockefeller bientôt en vente. Un Gauguin magnifique représentant une vague géante, des baigneurs minuscules qui s'enfuient, mais trop de monde devant : je ne collecte que cette petite pomme de Picasso.
Lundi, mardi La relecture de Volte-face galope, j'en suis à la moitié. Très étonnée du peu de corrections pour le moment. Ca ne saurait durer, si ?
Et Bruits ? Pour avancer un peu, je monte et poste cette minute sexy (!) et douce à la médiathèque de Chartres : 


Mais déjà, mardi soir, publie.net fête ses dix ans, et nous intervenons avec Virginie Gautier et Joachim Séné pour une lecture à trois voix, balade dans les textes récents ou plus anciens de la maison. Lucien Suel, Maryse Hache, Juliette Mezenc, Pierre Ménard, Cécile Portier, Mathilde Roux, Martine Sonnet, Sébastien Ménard... (j'en oublie). Joachim propose, pour L'aiR Nu, un mur mouvant d'extraits de textes que vous retrouverez bientôt en ligne.











On y entend












(Julien Boutonnier)











(Fred Griot)
Nadine Agostini au début, François Bon à la fin et entre eux deux d'impressionnantes lectures de Julien Boutonnier et de Fred Griot avec ses musiciens, le tout présenté, courtes citations de Christine Jeanney à l'appui, par Guillaume Vissac, après rappel de ce qu'est aujourd'hui la maison par Philippe Aigrain, le président de publie.net.

















(ici, Guillaume Vissac)
Les photos ci-dessus, sauf celle de Julien Boutonnier prise par Pierre Ménard, sont de Philippe Aigrain. A ce propos, Pierre Ménard  a capturé quelques fenêtres sur mon Ipad : bravo pour le coup d'oeil !



















Nous sommes tous, dans l'ensemble, assez bariolés, à naviguer dans le catalogue...

(Roxane Lecomte, à qui on doit les très belles couvertures des livres, avec Philippe Aigrain)













Bien contente également d'y avoir vu François Bon, qui lisait du Berit Ellingsen. Le dimanche suivant, il met en ligne une vidéo de la soirée sur sa chaîne Youtube, qui en annonce d'autres : à suivre, donc, la semaine prochaine.

Que vive publie.net et son équipe, et qu'ils prospèrent : ce qu'on m'aura dit plusieurs fois, après les lectures, c'est à quel point nous semblons nous entendre. Oui, c'est vrai. Pas de concurrence mais une écoute réelle, du soutien mutuel. Utopique ? La question ne se pose pas : c'est du présent pur, qu'on savoure après avoir fait au mieux pour que les choses fonctionnent. 
Ensuite, elles se mettent à circuler : ainsi, à la Vallée aux Loups j'irai interroger Joachim en avril sur son travail, retrouverai Virginie à Chartres ce même mois, puis à Montpellier fin mai en compagnie de Juliette Mezenc et de Guénaël Boutouillet... Parmi les gens avec lesquels je monte des projets ou travaille, tous ne se connaissent pas. Quand ils se rencontrent, j'ai souvent dans l'idée qu'ils vont s'entendre et, en effet, ça marche. Etonnant, non ?

















(Cowboy Junkies, photo de Christophe Basterra)

Mercredi jeudi vendredi  Départ pour Clermont-Ferrand mercredi et son festival Littérature au Centre, au sein duquel je vais parfaitement me sentir, à la fois un peu seule et entourée, trouvant le temps de voir un ami, poursuivre la relecture de VF, parler de Bruits et donc y penser, croiser la manif du jeudi, rencontrer des lycéens, écouter la passionnante conférence d'Olivier Mongin sur les villes et les flux, assister à une représentation de danse liée au thème, si porteur, des émotions refoulées...
Pas le temps pour les 36 secondes, par contre, qui attendront la semaine prochaine.


















(valise de VRP à plusieurs éditeurs)














(salle vide du lycée où j'interviens le jeudi, juste avant l'arrivée des élèves. J'y lis des extraits de Fenêtres et de A même la peau, effectuant, en tout cas pour moi, une sorte de boucle métropolitaine, montre le teaser de Diptyque, celui de Laisse venir et je ne sais plus trop quoi encore... L'heure file à toute vitesse, pas le temps de beaucoup d'échanges mais une belle écoute)


















(se balader dans son pâté de maisons et hop, voilà ce qu'on trouve)

Le jeudi, c'est donc intervention au lycée, le vendredi, au sein du festival. Je présente une partie de ce que je fais en compagnie de Bernard Lescure, professeur de lettres que je remercie de sa générosité, de son attention à ce que j'écris, s'il passe sur ce blog. J'ai l'occasion de montrer un peu du Dita Kepler codée par Joachim Séné et le teaser de Diptyque, si beau...
A la sortie, une spectatrice me dit qu'elle me trouve déroutante, mais qu'elle a envie d'aller y voir de plus près. Déroutante ? Je me trouvais très cohérente, moi, pourtant, avec mes décors personnages, mes personnages décors, ma narration arborescente ! Mais voilà qui me plaît, et je prends, bien sûr.
Je découvre par ailleurs que tous les Décor Daguerre présentés devant la salle ont été vendus : c'est la première fois que j'entends cette phrase, "on a tout vendu" ! (on ne m'en voudra pas : je me fais le plaisir de la noter ici, pour les jours de déprime, s'il y en a)


















A l'aller, j'avais profité de ma place de première en Intercité au maximum (pas de bruit, soleil illuminant le paysage mais pas sur le visage...) pour relire VF avec attention. Au retour, toujours en première, je me retrouve avec une place imaginaire, une mystérieuse place 34 qui n'est pas indiquée. Place imaginaire en première, en première vraiment mais dans l'imaginaire, place qui invite à en prendre une autre, wagon qui contient cette place... Voilà qui est parfait.

Samedi : à la cinémathèque, Peaux de vaches de Patricia Mazuy, avec Jean-François Stévenin et Sandrine Bonnaire, film qui décape. La réalisatrice, qui intervient à la fin de la projection, a un franc-parler qui me réjouit. Au festival de Clermont, à un moment je me suis sentie basculer quand un historien qui intervenait sur les bas-fonds, son sujet de prédilection, nous a englobés dans un tout, celui des gens qui n'en font pas partie mais qu'ils fascinent. Prenant sa suite, j'ai indiqué que non, je ne pouvais faire partie de ce tout, ai expliqué pourquoi. Que d'une certaine façon, je me sentais du côté des bas fonds - merci alors à Bernard Lescure, qui a lu Franck, de son appui.
Le lendemain, même si je n'en sais rien, il m'a semblé que Patricia Mazuy aurait pu dire la même chose.

Dimanche : continuer la relecture de VF, puis se rendre au festival Sidération du CNES. J'ai candidaté par mail pour enfiler une combinaison spatiale, mais pas de nouvelles, à mon avis ça ne marchera pas... Tout comme les vidéos de François, à suivre la semaine prochaine.

dimanche 18 mars 2018

Semaine #11 faire


Dimanche Lafayette Anticipations, donc, ses paillettes partout, sa boutique ridicule (on y vend des stylos quatre couleurs savamment disposés) mais aussi cette vidéo sur deux étages, The silence of the sea, qui me donne une idée. Je note. Ecrire c'est potentiellement faire main basse, embrasser, étrangler, n'avoir d'avis sur rien, se débattre, déformer, faire sonner, refuser, pétrir, secouer, empoigner, caresser, lâcher...
Je suis d'une humeur massacrante au retour, ce qui n'a rien à voir avec cette sortie ni même avec l'écriture. Qu'en faire ? Quelque chose. 












(pas ça, du calme)
Structurer, organiser davantage ? (déjà que) S'en demander plus ? (encore ?) Où se trouve la clé quand on se sent dépossédé, passif devant ce qui arrive ?
Explorer. Explorer encore. Expérimenter, car là il y a à faire, c'est-à-dire oser, rater, s'exposer, accorder sa confiance... Et trouver de l'aide, ne pas rester seul-e.
A bien y réfléchir, je me suis toujours arc-boutée contre ce qui me faisait violence (hiérarchie, chantage affectif, peur, mépris de classe, sexisme, jusqu'aux horaires fixes et toujours les mêmes ce qui m'a empêché, et à jamais, d'avoir une vie professionnelle "normale", pas étonnant si Bruits est minuté) : ça ne risque pas de changer, me dis-je, et ça me rassure.
Explorer est plus souple, cependant, plus énergisant.
Penser aux danseurs, s'en inspirer. Penser à ce qui vibre. A ce propos, ce que nous avons fait dimanche grâce à Magali Albespy, ce moment de danse, de musique, de partage, de lecture appelé INO peut être écouté en ligne



















Lundi Nage de 7 à 8h. Dans le métro, la passagère à mes côtés est très énervée, tendue. Moi non. Elle ne me transmettra rien. Pourtant je n'ai pas fait une nuit complète depuis combien ? On ne compte plus. Dans mon sac, comme souvent, deux livres car je ne sais lequel choisir : tant pis pour le mal de dos. Or il se trouve que















sans le faire exprès, j'ai pris deux Yoko.
C'est la Yoko de Christine Jeanney qui m'inspire. C'est Christine Jeanney et son écriture. A cet instant, dans cette fatigue, sur le siège du métro près de cette femme qui soupire, s'agace, je me sens entourée, calmée, bercée, prise dans les bras par le livre, qui m'y inclut (me voilà dans le texte, oui) même à ne pas tout saisir.

Christine Jeanney écrit :

"Y.O aime la musique des bruits et celle des silences : John Cage dit que l'artiste n'est pas une sorte d'humain spécial ; il dit que chaque humain est un artiste spécial ; qu'il faut accepter le chaos, les glissements, les chutes, les grincements, les sifflements, les écouter ; et elle le pense aussi.

Elle collecte les bruits (action de recueillir des dons, du latin collecta, participe passé de colligere, ramasser, relever ; quête, réunion, assemblée des fidèles avant le départ en procession vers le lieu de célébration, une prière, oratio ad collectam : d'où le nom de collecte).

Elle dit qu'il faudrait collecter les bruits en les laissant entrer en soi par la mémoire ; se les remémorer, les déplacer en soi à l'intérieur et, quand ils sont tous réunis, y mettre du désordre (COLLECTING PIECE, automne 1963)

Pas forcément les bruits qui ont un sens, pas forcément ceux qui déclenchent des images fortes (sirènes d'ambulance, coups de feu, avalanches, pleurs, rires, hoquets et cris). Plutôt les autres bruits, les bruits fragiles, ceux qui n'ont pas la grâce, les anodins, les anonymes."

John Cage, déjà la semaine dernière, n'est-ce pas...













Mardi La ville serait une maquette de Legos blancs, on y adjoindrait des bruits de neige, des paroles de passants. Des lycéens autour écriraient des haïkus. Je serais là, assise, à tenter de faire de même sans intervenir. Bruits à l'Université de Marne-la-Vallée, le parcours miniature de mon personnage inventé, voilà comment tout commencerait.
Nouvelle extension du projet (j'en reparlerai). Ne jamais se décourager. Ne s'inquiéter de rien.
Je sors de sa cachette un carnet géant à mes initiales, fabriqué par mon beau-père (celui qui a dessiné les cartes de Décor Lafayette) il y a bien vingt ans, auquel je n'ai jamais osé toucher - couverture rouge, initiales dorées, voyez. J'époussette, je scotche ce qui, depuis le temps, s'est un peu déchiré. Je pose à plat, sous presse, pour qu'il reprenne forme. Je sais ce que j'en ferai.
En attendant, de retour de Noisy-Champs c'est un peu n'importe quoi, acte manqué de qui candidate à un appel à projets, clique sur fermer au lieu d'enregistrer après avoir longuement répondu. C'est qu'il doit y avoir du pain sur la planche par ailleurs, sans doute.
Le soir, veille de retour à Chartres, mise en ligne de la première "minute" de la résidence :




Mercredi Journée à Chartres. La lecture du Yoko Ono de Christine Jeanney m'accompagne dans le métro, dans le train, partout. J'enregistre le silence du cinquième étage de la médiathèque, retrouve ses recoins ; déjeune seule et tranquille dans un salon de thé ; tente d'acheter une bonnette à la Fnac pour mon enregistreur (égaré la mienne dans le parc de la Vallée aux Loups), peine perdue ; cherche à écrire dans la salle d'exposition de la librairie, qui présente donc des photos de jazzwomen and men prises par Jean-Pierre Leloir ;


















achète Puissance de la douceur d'Anne Dufourmantelle (à partir des travaux de laquelle Claire Lecoeur s'apprête à faire écrire) ; visite la cathédrale mais n'y vois, ni perçois presque rien à force de chercher à faire des photos et du son ; entends fuser des insultes sur le parvis, désuètes, réelles, inopérantes ; reprends le TER. Comme à l'aller, fascinée par la banlieue au soleil (je crois que la maquette agit sur mon regard), je me laisse happer par les juxtapositions, les reliefs, la perception des dimensions.



















Jeudi, vendredi Tout à coup, la relecture de Volte-face se met à battre son plein. Je trouve le temps, tout de même, d'enregistrer et mettre en ligne les 36 secondes, liées à l'Exquise Louise d'Eugène Savizkaya que tant de gens aiment. Mais sinon, à peine casé une séance à la piscine : me revoilà en 1944 avec Norma Jeane à l'usine, en 1945 sur une plage californienne, etc. Pour le moment, le travail va plus vite que prévu, ce qui me surprend. Je commence à dessiner, comme du temps de l'arbre de Décor Daguerre, mais cette relecture finit par dépasser le plan de l'exposition que j'esquisse : continuons à avancer, donc !
Sur Facebook, j'ouvre avec plaisir un dossier photo consacré aux autres femmes du livre. Il y en a évidemment de très connues (Lauren Bacall, Ingrid Bergman) mais également d'autres, telle Bunny Yeager (ci-dessus), passée de pin-up à photographe, qui a contribué à la célébrité de Bettie Page, ou encore l'étonnante Mabel Normand. Ce livre est plein d'hommes (les photographes), plus encore de femmes. 


Côté son, il y a du neuf à écouter, puisque la deuxième émission consacrée à la résidence à Chartres est en ligne sur la page de la radio, avec pour invitée Magali Albespy. On y entend, à un moment, ce très beau duo qu'elle fait avec Caroline Grojean, où elles improvisent autour de la chanson River of no return... de Marilyn, surprise !

J'ai justement Caroline au téléphone au retour. Nous parlons d'une future collaboration autour du nouveau projet de Pièces détachées, Exit 87, dont le point de départ est le premier chapitre de Cowboy Junkies. Cette fois, je n'écrirai pas mais proposerai aux danseurs de le faire, sans doute en expérimentant de nouvelles façons d'"animer" un atelier d'écriture - joie de faire autrement, de changer, et de retrouver l'équipe le mois prochain.

Radio, suite : l'émission Variations Mozart de Philippe Aigrain, invité par David Christoffel pour sa "radio parfaite", diffusée dans le cadre du festival Printemps des Arts de Monte-Carlo, est également en ligne. J'y ai contribué en déambulant le long de l'avenue Mozart et en demandant aux commerçants de me parler de leur boutique... Clin d'oeil à Daguerréotypes, bien sûr, mais également à L'aiR Nu (nos locaux ne sont pas loin) qu'on peut entendre au début, avant des contributions de Virginie Gautier, Mathilde Roux et Benoît Vincent. On s'est bien amusés, je crois qu'on peut le dire !













 
Samedi Après un rendez-vous manqué lié à Marilyn (partie remise, j'espère), me voilà au salon du livre pour parler, en compagnie de Pascal Jourdana, des livres numériques de la Marelle. Les tablettes se présentent sous une cloche de verre, ce qui ne manque pas, sur le moment, de me faire un certain effet subliminal (pour le comprendre, il suffit de se rendre ici).
Comme Pascal le rappelle, Laisse venir, écrit avec Pierre Ménard, a été à l'origine de la maison d'édition de la Marelle. Avec Pascal et Fanny, que je connais depuis longtemps maintenant, nous aimons beaucoup travailler ensemble, espérons poursuivre nos aventures - je voudrais écrire sur un cargo, pour tout dire ! Dans le métro, je relis des passages d'Anamarseilles, me dit qu'il faudrait faire vivre tout cela encore un peu plus.

Dimanche Je commence la journée par regarder Trois hommes sur la photo, un documentaire lié à la photo la plus célèbre de Jean-Pierre Leloir, celle qui réunit Brassens, Brel et Ferré. Ensuite ? Ce semainier. Puis retourner à Volte-face...

*

La semaine prochaine, nous fêterons les dix ans de publie.net mardi soir (voyez donc la belle affiche ici), puis je me rendrai au festival Littérature au centre de Clermont-Ferrand.

dimanche 11 mars 2018

Semaine #10 avant, arrière, accueil et hasards



















Lundi, mardi Ce manuscrit terminé, c'est si fort, comment redémarrer ensuite ? Il y a Bruits qui titille, ce qui est parfait. Mais encore ? Il y a les mails, les messages en retard, l'organisation qui doit reprendre. A ce propos, justement, comment mettre en place la relecture de VF, qui va être longue ? Se décider pour une heure par jour, ou plutôt deux demi-journées par semaine, ce qui aurait l'avantage de ne pas obnubiler constamment ? Je ne sais pas encore. En attendant, répondre aux mails, donc, et préparer le prochain atelier à la Vallée aux Loups, la lecture pour les dix ans de publie.net, le festival de Clermont-Ferrand qui se profile, la journée du vendredi à Chartres... 
Sauf que. Virus. Au lit, au ralenti. 

A noter : Magali Albespy parle de la pratique de danse et d'improvisation qu'elle a mise en place à partir d'un texte de John Cage et à laquelle je participe parfois sur cette page. Elle fait aussi un peu de place sur son site à Volte-face (dont c'est la toute première trace écrite en dehors de ce blog, même si le texte vient d'ici !).

En ce début de semaine, même si je ne suis en rien efficace, je prête attention à ce qui se présente : cette vidéo des bruits et sons chez Varda apparue brusquement en ligne, ou encore le bruit, la musique de mes 18-20 ans présents dans la Fabrique de l'Histoire, sur France Culture (tout ce que je n'ai pas nommé dans Cowboy Junkies ni Franck et pourtant s'y trouve secrètement).



Mercredi Impression que ça patine, même si je prépare les 36 secondes, liées à la lecture que nous ferons, avec Virginie Gautier et Joachim Séné, pour les dix ans de publie.net, et envoie quelques mails. Pour Clermont, je veux voir si la vidéo de Fenêtres, âgée de 7 ans, pourrait être projetée pendant que je lis le texte. Mouais. Pas sûre que ce soit l'idée du siècle d'associer les deux.
C'est un peu la journée des retours en arrière, de toute façon, en ce qui me concerne : relecture de livres, mise à jour de ma fiche pour la MEL (qui date, vraiment !), retrouvailles avec cette vidéo de la ligne 2 (tant de changements depuis).
Voilà, en attendant : la rubrique 36 secondes sous influence de la soirée publie, est prête, hop, c'est déjà ça.

Jeudi Préparations diverses, suite. Samedi, un hasard : l'atelier que je mènerai à la Vallée aux Loups samedi sera consacré aux bruits, aux sons, à l'écoute du monde et il aura lieu en même temps que l'atelier sonore mené par Joachim Séné à la bibliothèque François Villon, à Paris. Contrairement à Dita Kepler, je n'ai pas le don d'ubiquité, ne pourrais y être, me concentre donc sur ce que je dois faire, mais tout cela est porteur, au moment d'entamer Bruits...
Au début de la séance, je ferai travailler les participants à partir d'une courte pièce de théâtre, Le Bruiteur, de Christine Montalbetti, parue récemment. Et ensuite ? J'ai une idée mais voilà que je tombe sur cet appel



qui, par ricochet, m'invite à écouter



reportage sonore où l'anarmorphose est convoquée... bref.
Avec Virginie Gautier, nous travaillons sur les textes choisis pour les dix ans de publie. Le soir, je vais l'écouter lire des extraits de Marcher dans Londres en suivant le plan du Caire, y retrouve des amis. Soirée douce...













Vendredi Journée à Chartres, à découvrir la médiathèque, qui me plaît tout de suite (j'en reparlerai, je pense) ; à suivre le spécialiste de la ville Michel Brice dans le quartier de la cathédrale, à imaginer avec lui les bruits du Moyen Age ; à rencontrer Nicole et Lucien Giraudo, qui s'occupent des expositions de la galerie de l'Esperluète et du festival Jazz de mars, lequel débute le lendemain. Ils sont en train d'accrocher des photos de musiciens issues de la collection de Francis Paudras dans l'espace où se tenait plus tôt l'exposition Bernard Plossu et où Magali a dansé.














Avec Olivier L'Hostis, nous visitons ensuite le chantier de la gare, en pleine rénovation depuis un moment, allons admirer en particulier la constellation des voyageurs, vitrail que l'artiste Jean-Paul Albinet réalise autour de l'horloge du bâtiment, de laquelle partent ou convergent des motifs ronds d'une couleur particulière, le jaune d'argent. Jean-Paul Albinet nous explique qu'il l'a choisi parce qu'il est présent dans les vitraux du Moyen Age, dont ceux de la cathédrale, si je me souviens bien. Nous sommes invités à regarder le vitrail du couloir qu'emprunteront les voyageurs pour passer sous les voies, terminé par un escalier qui donne dans le hall : nous imaginons comment, un jour de soleil, l'horloge, les motifs du vitrail leur apparaîtront, illumineront cette entrée (Bruno Loire nous précise que cela devrait permettre une lumière diffuse, non un ensemble de ronds projetés comme on pourrait le croire). Nous prenons des photos, mais nous engageons à ne pas les diffuser (le chantier est pour l'instant interdit au public, il faut attendre l'inauguration). Ce qu'il me semble, à moi, c'est que grâce au vitrail, à sa couleur, à son rayonnement, l'horloge donnera aux voyageurs la sensation de les accueillir. Simple impression dans le gris de ce jour, mais forte.













 (voici, tout de même, l'horloge du côté de la façade extérieure, que tout le monde voit)

Bruits est un projet minuté et, pour cette raison, toute horloge m'intéresse. Je prends en photo celles que je croise depuis le début de l'année - on en voit déjà quelques exemples  au fil de ce semainier. Disons que celle de la gare, dont j'ai pu découvrir les coulisses par hasard, tiendra peut-être une place particulière.

Le soir, c'est le début du Printemps des poètes à la librairie, où est invité Denis Ferdinande, rencontre organisée par Christophe Esnault qui lit également, ou plutôt fait lire au public, des textes parus à L'Atelier de l'agneau.  Il nous présente pour finir la chaîne Youtube qu'il anime, Le manque. On y voit des "haïklips" et des clips un peu plus longs dont Mourir à Chartres, autre façon de voir la ville - c'est vrai qu'une soirée, ici, commence à 18h et finit à 19h30, il faut le savoir !















Samedi Retour à la Vallée aux Loups pour le septième atelier, et début de printemps dans le parc. Je commence à réaliser que c'est bientôt la fin, qu'il ne reste plus que trois sessions. Cela aura été une belle expérience, heureuse, riche d'échanges. J'imagine déjà le souvenir qu'elle deviendra, ce qui n'a rien d'une anticipation nostalgique.
Patraque quand même depuis lundi, est-ce que c'est lié à l'énergie dépensée pour terminer VF la semaine dernière ? Mystère. En tout cas, pas envie que ça dure...

Dimanche Soleil. Bien envie de découvrir ce Lafayette Anticipations dont j'entends parler depuis longtemps - forcément, puisque le décor Lafayette est ma propriété !
Auparavant, je regarde à nouveau le diaporama "Trois classes trois villes" que j'avais réalisé pour accompagner l'écriture de Décor Daguerre en 2013 : s'y appuyer pour ma présentation à Clermont, oui, peut-être.

Sans cesse, des allers-retours, qui n'en sont jamais tout à fait.

*

La semaine prochaine, on devrait aller faire un tour du côté de Marne-la-Vallée, passer à nouveau une journée à Chartres, cogiter Marilyn (deux demi-journées par semaine, c'est décidé, après consultation de mes camarades Claire Lecoeur et Delphine Bretesché dans le métro post-lecture de vendredi !), prendre ou honorer des rendez-vous et enfin aller au Salon du livre (car il s'est engagé à #payersonauteur, n'est-ce pas ?).

dimanche 4 mars 2018

Semaine #9 écrire, sortir, oui, non












Volte-face, donc.

Lundi Je commence par créer un message automatique pour indiquer à qui m'enverrait un mail ou voudrait me téléphoner que cette semaine, je me déconnecte. Idem sur les réseaux sociaux. Puis je trouve comment en finir avec la description des séances photo (je n'ai pas dit : avec le livre). Ca me vient tout de suite, ce qui me perturbe un peu. Trop facile ? Possible. Non seulement ça l'est, mais en plus l'idée paraît tenir, en tout cas pour l'instant je peux la justifier, d'où une certaine patauge toute cette première journée. Ecriture quand même. Cap passé des 420 pages, le manuscrit première version en comprendra dans les 430 à la fin, comme je le supposais, peut-être davantage (pas sûr).

Unique sortie du jour : Les Rendez-vous d'Anna, de Chantal Akerman, à la Cinémathèque.



















(Allan Grant, 4 juillet 1962)

Mardi 431 pages, et je n'ai pas fini. Je ne sais plus si la lassitude à décrire les scènes est celle de mon personnage ou la mienne. Il m'aura quand même fallu tout ce temps-là, presque trois ans, pour en avoir assez. C'est peut-être seulement la peur d'en finir, alors que j'en rêve ? 
Impression, comme hier, que ce qui se présente n'est pas terrible, qu'en tout cas il faut s'en méfier. Mais je savais que la fin apparaîtrait ainsi, de façon flottante, c'est logique, pas d'étonnement. 
Se couper du monde, faire l'ours commencent à me plaire. Se couper de la rue, du froid, des autres, du réel, des nouvelles, de ce qu'il y a sur le compte en banque, de ce qu'il faut anticiper. 
Le matin, j'ai rangé le dossier Marilyn de mon ordinateur : un monstre, des versions, des photos, Marilyn partout.

Unique sortie du jour : le Franprix, cinq minutes, avant la tombée de la nuit (des oeufs de poule élevées au lin, des sardines au citron, des gâteaux japonais)













(Georges Barris, 30 juin 1962)

Mercredi Aujourd'hui, c'est le contraire d'hier. Cette séance de Bert Stern dont il est sans cesse question, qui tourne dans le monde entier au point que je ne la supporte plus et n'écris rien à son sujet, eh bien je vais y plonger, ou du moins essayer. Je réserve pour l'après-midi tous les livres que je trouve à la BNF et lorgne sur un documentaire inédit en France, finalement facile à trouver.
(si j'avais noté scrupuleusement tout ce que j'ai cherché ou fait pour écrire VF, cela aurait donné un second livre, il y a un moment que je le sais, même à ne jamais aller voir sur place, je veux dire aux Etats-Unis)



















(Bert Stern, 21 juin 1962)

Sortir. N'est-ce pas encore une fois ne pas vouloir terminer le livre ? Je ne sais pas.
Je connais quelqu'un qui ne termine jamais son livre pour ne pas mourir. Il aura cent ans en juin.
A la BNF, je finis de regarder le documentaire sur Bert Stern commencé chez moi, lis un livre le concernant, décide de noter le déroulé de la fin du mien (que je connais, en fait, depuis un moment). Il n'y a plus qu'à, comme on dit.
La nuit tombe. J'en sais beaucoup plus que ce matin sur la vie et l'oeuvre de Stern et je sais aussi qu'une fois les pages écrites, je vais tout oublier ou presque.




Jeudi Je sais la fin du livre, voilà ce que je me répète en sortant de la BNF et ne dis à personne. Le matin, au réveil, la ville est blanche : je voulais aller nager avant de m'y remettre, suis découragée. Les travaux dans mon immeuble finiront peut-être par me pousser à mettre le nez dehors ? Non, non, non, écrire, finir cette séance Stern. La succession de cet homme m'a l'air d'un glauque achevé, par ailleurs, mais ce n'est pas le sujet. A la fin de la journée la séance est écrite, et ce sera la dernière mais franchement, j'aurais pu sortir, aller nager par exemple.

Sortie du jour : descente des poubelles dans la cour, c'est dire.
La nuit tombe, allez hop, dehors, le temps de faire un tour du quartier, déambulation  dans un grand n'importe quoi vestimentaire et musical : le "juke-box fou", selon l'expression de Gilda Fiermonte, que j'ai dans la tête me fait fredonner alternativement des chansons de Françoise Hardy période années 80 (hérésie, je sais) et "C'est moi, c'est moi Lola" comme si j'étais Anouk Aimée, tandis que j'ai l'impression d'être habillée pour aller changer une roue de camion. Demain matin, commencer par la nage, pas de discussion.


















(André de Dienes, 1946)


Vendredi Je ne commence pas du tout par aller nager : je finis mon livre. A midi, voilà, ça y est, c'est terminé. Près de 450.000 signes, plusieurs années de travail, et de longues heures (semaines ?) encore à relire, à retravailler, à réajuster - j'ai abandonné Betty Page dans un couloir de mon exposition, il va bien falloir que j'en fasse quelque chose, par exemple - mais enfin voilà. Victoire, quand même, sur ces éditeurs qui vous lancent sur une piste, s'enthousiasment puis coupent court, ne répondent plus au téléphone ; sur l'argent qui manque et la façon de le gagner pour continuer à écrire, dans une invisibilité totale ; sur les doutes, les inquiétudes.
Savourer la satisfaction, parce que d'expérience elle dure peu. Quelque chose s'en vient, qu'on peut nommer, dont on peut parler, qui va prendre son autonomie : un bon gros bébé qui tient sur ses jambes, me dis-je. Voilà comment je me le représente.
Allez hop, nager ! J'arrive à la piscine : bonne blague, elle est fermée depuis quinze jours pour nettoyage des bassins, rouvre demain. J'ai écrit le corps réduit à une tête, à deux mains qui tapent et deux yeux, et je n'ai rien raté : les lignes d'eau m'auront attendues.

Sortie du jour : après la piscine ratée, marcher dans Paris sans prendre ni notes ni photos.

Samedi Jour du corps, enfin, longueurs sur 40 minutes, puis traverser à pied la moitié de la ville. Le soir, je m'occupe du petit son promis sur l'avenue Mozart (mélange de texte lu, de bruits de la rue et de radio-boutique) à Philippe Aigrain, hop, hop, à onze heures ou minuit c'est fait.
Et demain ? Ah, demain, c'est matinée avec Magali Albespy.















Dimanche Pluie continue, métro aérien bâché de blanc, lire le début de Fenêtres dos à la ligne où il fut écrit seize ans plus tôt, lire également un peu de la nouvelle Tu n'es jamais seul/e dans la nuit inspirée par une performance de Serge Teyssot-Gay et Paul Bloas il y a quelques années, sept ans, tiens, oui. Dans le métro, penser par décennies. Se dire que, même lentement, même à avoir envie de tout secouer pour que ça accélère, aille plus vite, les choses avancent.
Dans la salle de danse, le corps qui revient, imperceptiblement tandis que les autres dansent, chantent, parlent, murmurent, s'allongent, s'écoutent, cherchent, tentent, rient.