"Je ne sais pas d'où ça vient... Ca me prend quasiment chaque fois que je me déplace, en train comme en voiture... Quand je traverse un paysage, que je passe devant une maison dans la campagne, j'essaie d'imaginer la vie qu'il y a là, à l'intérieur, au-delà des murs. J'essaie aussi d'imaginer la vie que je mènerais si je choisissais cet endroit pour m'installer.
Ca vient une nouvelle fois de se produire alors que je croisais le bourg de Vermillion, avec ses maisons en bois à deux étages (certaines d'entre elles étant agrémentées de drapeaux ou de cocardes aux couleurs du pays), ses champs, ses hangars semi-cylindriques...
J'aimerais connaître les habitudes de chacun des habitants. J'aimerais savoir quelles radios on écoute par ici ou quelles chaînes de télé on regarde...
J'aimerais, en fait, avoir le pouvoir d'ouvrir toutes les fenêtres, toutes les portes, même celles des abris à outils de tôle au fond des jardins.
J'aimerais, dans chacun de ces lieux, m'asseoir, fermer les yeux et respirer, et écouter ce que l'on devine du dehors. J'aimerais les rouvrir et faire l'inventaire de ce que je vois. Je ne sais pas en quoi ça me nourrirait. Mais, au final, je crois que ça me comblerait."
Olivier Hodasava, Eclats d'Amérique, pages 403-404.
(c'est peu dire qu'il parle pour nous, je crois)