On court, la grande et la
petite, quoique pas si petite, la petite, grande pour son âge, même.
On court, la mère et la fille, et main dans la main je crois bien,
pour aller regarder Les Demoiselles. Souvenir de pavés, de
trottoirs, d'une place qu'on traverse, le soir tombe, on contourne et
on se précipite, vole presque, bientôt 20h30 le film va commencer.
On file, deux silhouettes
à manteaux, cheveux longs, l'une blonde l'autre brune, si vite qu'on
dirait dans un couloir des hirondelles, sur un toboggan des
sauterelles, deux super héroïnes propulsées par le vent ou montées
sur ressorts, celle d'une boite à musique et poupée en tutu. Dans
cette course en ville une mécanique joyeuse, voir ce qui intrigue,
l'inconnu (mais de quoi elle me parle ? qui sont ces demoiselles
?).
Ah oui, il y a de la joie
dans ce démarrage en flèche : enfin on est parties. Elle m'a
arrachée à qui vient me chercher après l'école, qui l'accueille
lorsqu'elle monte les marches, revenue du travail après un long
trajet, ne la laisse plus repartir parce qu'elle a tant à dire,
raconter, préciser, claironne ce que les enfants ne devraient pas
entendre. Elle parle, parle, boit, parle, l'amie de ma mère qui se
prend pour ma mère et le dit à tout le monde, un jour ma mère le
saura, elle prendra des mesures alors, mais d'ici là, prémices
on court court court
marre d'attendre marre d'entendre, de se taire, de répondre, de ne
pas savoir dire qu'il est tard, qu'on a faim, qu'on aimerait partir,
on court on est contentes de se retrouver toutes deux et elle qui me
presse : Vite, ce soir, ils passent les Demoiselles.
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