L'épicerie
c'est d'abord une immense variété de laits, écrémés,
pasteurisés, stérilisés, longue conservation qui déroute la
cliente venue de la campagne, parisienne seulement depuis les années
50. Devant elle, en retrait, trois vendeurs l'écoutent tandis que le
patron, dans cet espace minuscule, tente de l'accommoder. Autour,
tout est rond : les boites de camembert, de pâté, de haricots, les
asperges en bocaux et les plats en conserve, les pots de crème et
les rochers Suchard. Tout ce qui peut s'empiler s'empile, yaourts,
flans et fromages de chèvre : on pourrait sans problème nourrir
tout le quartier. Au nom qu'il propose en dernier recours, l'épicier,
Gloria, on a déjà le goût du sucre en bouche (et que dire de ces
laits en tube qui ressemblent à des dentifrices ?). Vous
n'en avez pas de pas écrémé ?
La
moutarde, les olives : les marques d'aujourd'hui s'y détectent au
logo, sans avoir le temps de les lire. En arrêt sur l'image ce
pourrait être 2013, là, devant nous, qui nous montre du quasi rien
– excepté le crayon sur l'oreille du vendeur peut-être et la
cigarette du client dont la fumée parfume, enveloppe les produits
frais.
*
=> 1975, 2013, rue Daguerre
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