(arrivant à l'hôtel, le narrateur s'aperçoit que la réception ne se trouve pas au premier étage, comme il le croyait, mais au dernier)
"Pourtant, comme ça aurait été facile de s'en rendre compte : ce couloir devant les ascenseurs allait jusqu'à une grande baie en surplomb sur la ville moderne, ses buildings. Fascinant paysage de centaines de fenêtres allumées, chacune avec son paysage miniature. Il existait donc des affaires pour autant de bureaux : et tout semblait exagérément net, découpé dans la nuit aux vives enseignes. Certains de ces buildings à l'arrière-plan devaient aussi servir d'habitations, en témoignait une plus grande diversité des rideaux. On regardait fasciné, et, les jours suivants, j'ai pu en voir bien d'autres venir comme j'avais fait se planter devant la baie, longtemps immobiles devant le gigantesque aquarium humain.
Ces bureaux aperçus, nets comme une miniature offerte. A un étage, juste en face, cela me revient avec précision, deux femmes de couleur faisaient le ménage, tirant un chariot vert. Et sur cette gigantesque tour ovale, un peu en arrière à gauche, certaines fenêtres avaient des reflets vraiment bleus, tandis que d'autres tiraient sur le vert ou l'orangé, tout cela sans arrangement ni explication ni loi sûre qu'on aurait pu définir, puisque certaines lumières disparaissaient, d'autres surgissaient. En bas, les rues comme un puits, mais larges à y passer six véhicules de front tirant très loin dans la ville leurs traînées orange.
A y repenser, donc, un tel panorama urbain ne pouvait être aperçu qu'à condition d'être perché bien au-delà du deuxième étage. Mais ma tête à moi ne pouvait pas faire ce raisonnement-là."
François Bon, L'Incendie du Hilton, page 43
A lire, à propos du livre : le dossier de François Bon sur Tiers livre (avec photos, dont une "vue du Hilton, nuit" assez saisissante), ce qu'en disent Claro et Martine Sonnet.
Parce que j'ai le sentiment que ce n'est pas le lieu, je n'ai jamais posté ici d'avis critique sur un livre, me contentant de citations liées à Paris ou aux fenêtres du monde entier. Mais on peut voir dans ma rubrique lus/vus/aimés que ceux de François Bon tiennent une bonne place dans ma bibliothèque...
(et encore, autres fenêtres du Québec de FB récemment installé : voir ici)
"Pourtant, comme ça aurait été facile de s'en rendre compte : ce couloir devant les ascenseurs allait jusqu'à une grande baie en surplomb sur la ville moderne, ses buildings. Fascinant paysage de centaines de fenêtres allumées, chacune avec son paysage miniature. Il existait donc des affaires pour autant de bureaux : et tout semblait exagérément net, découpé dans la nuit aux vives enseignes. Certains de ces buildings à l'arrière-plan devaient aussi servir d'habitations, en témoignait une plus grande diversité des rideaux. On regardait fasciné, et, les jours suivants, j'ai pu en voir bien d'autres venir comme j'avais fait se planter devant la baie, longtemps immobiles devant le gigantesque aquarium humain.
Ces bureaux aperçus, nets comme une miniature offerte. A un étage, juste en face, cela me revient avec précision, deux femmes de couleur faisaient le ménage, tirant un chariot vert. Et sur cette gigantesque tour ovale, un peu en arrière à gauche, certaines fenêtres avaient des reflets vraiment bleus, tandis que d'autres tiraient sur le vert ou l'orangé, tout cela sans arrangement ni explication ni loi sûre qu'on aurait pu définir, puisque certaines lumières disparaissaient, d'autres surgissaient. En bas, les rues comme un puits, mais larges à y passer six véhicules de front tirant très loin dans la ville leurs traînées orange.
A y repenser, donc, un tel panorama urbain ne pouvait être aperçu qu'à condition d'être perché bien au-delà du deuxième étage. Mais ma tête à moi ne pouvait pas faire ce raisonnement-là."
François Bon, L'Incendie du Hilton, page 43
A lire, à propos du livre : le dossier de François Bon sur Tiers livre (avec photos, dont une "vue du Hilton, nuit" assez saisissante), ce qu'en disent Claro et Martine Sonnet.
Parce que j'ai le sentiment que ce n'est pas le lieu, je n'ai jamais posté ici d'avis critique sur un livre, me contentant de citations liées à Paris ou aux fenêtres du monde entier. Mais on peut voir dans ma rubrique lus/vus/aimés que ceux de François Bon tiennent une bonne place dans ma bibliothèque...
(et encore, autres fenêtres du Québec de FB récemment installé : voir ici)
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