"Comme si, avant, la vie obligeait à un monde d'un seul bloc où tout existe autant que ce qui vous appartient, où les autres ont leur droit, où dans le présent la petite porte est possible qui serait une rencontre, quelque chose. Là, devant, cette porte refermée, autrefois passée en fourgon et qui vous laisse planté contre, sans personne à vous attendre ni personne à vous regarder, on sait bien comment, à l'instant même, son intérieur aussi se replie, ne s'occupe que de sa propre continuation ; cette porte maintenant close, sans rien restituer du monde, n'en laisse subsister que ce qui avait déjà trace en votre seule mémoire, comme si cette mémoire ne transportait plus rien que votre histoire propre : on n'a plus sa part de la mémoire collective des hommes.
Et ce qui a changé pourtant, dans ce temps écrasé comme s'il ne s'était pas écoulé une seule seconde entre alors et maintenant, c'est soi-même. On a des griffes, on est épais ; on a compris."
Et ce qui a changé pourtant, dans ce temps écrasé comme s'il ne s'était pas écoulé une seule seconde entre alors et maintenant, c'est soi-même. On a des griffes, on est épais ; on a compris."
Porte de la prison de Fleury-Mérogis (maison des hommes)
Le Crime de Buzon, François Bon, Editions de Minuit, 1986, page 145.
Aussi parce que je n'en peux plus de celle-là.
2 commentaires:
Je suis d'accord, et je pense aux juste seize ans de ce jeune garçon : pour qui ? l'Etat ? la société ? où est-elle, la faute ? Et seulement, y en a-t-il une ?
PdB
bonsoir PdB,
je ne sais pas si ça se pose en ces termes, en effet... mais le mépris qui environne tout ça reste, quoi qu'il en soit, insupportable (des effets d'annonce et quoi d'autre ?)
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