l'horloge de la gare de Chartres

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mardi 24 juin 2008

il continue

"J'en suis sorti, à présent, et une fois dehors ça ne colle plus au reste, ça ne se raccorde plus. C'est quand je suis seul - dans la foule, dans le métro - que les souvenirs reprennent leur consistance. J'étais bien tranquille, bien vide, comme tout le monde, et tout à coup il y a cette haleine contre mon visage. Je reconnais l'odeur de cuir et de drap de troupe. J'ai à nouveau la main grasse sur ma chair. Je redeviens cet homme nu, les vêtements à ses pieds, un homme qui a froid, qui a honte de son ventre gonflé et de ses jambes misérables. Ou bien, c'est le sous-officier allemand qui surgit. Le vieux sous-officier avec sa veste courte, ses grosses fesses. Il se tient sur le bord du trottoir, un bâton à la main, planté dans ses bottes énormes. Et quand nous passons devant lui, il tape dans le tas. C'est comme ça qu'ils me tombent dessus, les souvenirs, qu'ils m'attaquent soudain et pèsent sur moi de leur poids atroce. Ca ne dure pas. Quelqu'un demande : Vous descendez à la prochaine ? Les gens me bousculent, me délivrent."

Georges Hyvernaud, La Peau et les os, pp29-30.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est du lourd...! ce que j'aime, c'est le "vous descendez à la prochaine ", qui est devenu, il me semble "vous descendez" puis "pardon", non ? Je ne sais pas bien. La photo est bien (je peux la donner à un ami - et un client - qui habite l'immeuble devant la passerelle c^té quai de seine ?)
PdB

Anne a dit…

comme elle n'est pas de moi, je vais demander

ce sont les deux seuls extraits du texte où le narrateur est dans le métro (j'avais peur que mon choix paraisse artificiel ici... et puis merde !). De mon côté, voix d'Hyvernaud dans les rames, les couloirs, à partir de maintenant.

bonne journée