l'horloge de la gare de Chartres

l'horloge de la gare de Chartres

vendredi 30 mai 2008

en rayon

Les avocats d'affaires qui nous gouvernent trouveraient sans doute que je n'ai aucune ambition, penseraient que, vraiment, il m'en faut peu, mais je viens de tomber sur mes Fenêtres au rayon Essais (844) de la bibliothèque de la rue Fessart à Paris et ça m'a réjouie, émue, difficile de dire à quel point.

En fait, qu'il s'y trouve n'a rien d'étonnant : suite à un atelier de lecture Inventaire/invention auquel j'ai participé l'an dernier, j'avais sympathisé avec la bibliothécaire en chef et lui avais donné un exemplaire de mon livre. Evidemment, je suis contente de voir qu'elle l'a mis en rayon, ne l'a pas oublié en route. Mais au-delà, réjouissance due :

à la réponse de la bibliothécaire : "On l'a classé dans Essais parce qu'on ne savait pas où le mettre." Excellent ! (dans les librairies virtuelles, déjà, il est classé à : Journal. Poésie. Roman).

au fait qu'il ne soit pas rangé très loin du Tokyo infra-ordinaire de Roubaud.

au fait qu'il se trouve dans un rayon situé à l'étage de cette toute petite bibliothèque de la rue Fessart que je fréquentais quand j'avais vingt ans. Rayon qui prend le soleil.

à la réponse de la bibliothécaire quand je lui ai demandé combien de personnes l'avaient déjà emprunté : deux ! Zéro ou une, ça m'aurait un peu déprimé, mais deux c'est très bien (surtout que la dernière, c'était le mois dernier) ! (oui, je sais, aucune ambition en effet...)

au fait que cette bibliothèque se trouve, en filigrane, dans le livre que je viens de terminer.













(les bras de droite et la mèche de cheveux roux en bataille sont à moi, ainsi que la tête au fond à droite)
(vous pourrez remarquer qu'on a bien fêté ça, notre unanimité pour Chto, de Sonia Chiambretto)


Et si ça vous dit, sur les bibliothèques il y a toujours ceci

jeudi 29 mai 2008

journée faste

livre pour lequel j'ai arrêté de travailler : terminé hier soir

'til I'm dead, livre autour du deuxième album des Cowboy Junkies, The Trinity session : épreuves reçues ce matin (et c'est plutôt joli, côté présentation)

Fenêtres : premiers droits d'auteur à toucher la semaine prochaine (bon, maigrichons, mais enfin)

Qui a dit qu'il me faudrait retravailler un jour, hein ?

(mon proprio, la cantine, EDF, GDF...)

Sur ce, vais voir l'expo Louise Bourgeois à Beaubourg (je sais, j'ai une vie écoeurante)

lundi 26 mai 2008

quand se calme

cette attente-là, questions laissées à d'autres, retrouver les gestes qui aident, la nage, la pluie qui gagne sur le bruit des voitures.

Le 7 juin à Marseille

à 17 heures, Jean-Marc Montera et moi allons présenter une lecture avec musique, sons, des Fenêtres, à l'occasion d'une rencontre de l'édition indépendante en Provence Alpes Côte d'Azur dont voici le programme sur deux jours.

Pour l'occasion, j'ai fait un découpage un peu particulier du texte, en y ajoutant à la fin une contrainte supplémentaire, on verra bien ce que ça donne...

Par contre, pas de nouvelles pour l'instant du blog que la Ferme du buisson devait consacrer aux suites de l'exposition "regard à la fenêtre". On devait y voir le montage des vidéos et des photos d'internautes qui a déjà été présenté là-bas.

dimanche 25 mai 2008

Aïto est retrouvé

A ceux qui sont venus ici ces derniers jours : mon petit-cousin est donc rentré chez ses parents et j'ai enlevé les articles le concernant. Bonne fin de journée à tous...

...passée ici à regarder le ciel après agapes d'anniversaire. Retour aux Fenêtres demain, peut-être ?


jeudi 22 mai 2008

En écoute

Trame, la symphonie pour le port de Boulogne-sur-Mer, sur Arte radio. Souvenirs de la haute ville.

mardi 20 mai 2008

ronde

Vous prenez le métro chaque matin pour vous rendre au travail - enfin un emploi pas trop mal payé, un contrat honorable, une bonne ambiance, de jolis locaux, même si la tâche en elle-même n'a aucun intérêt.

Vous travaillez, vous voudriez autre chose : écrire. Mais il y a l'argent, et il en faut.

Vous écrivez donc dans le métro, sur le métro, par le métro. Notes qui deviennent un livre. Vous perdez votre emploi (voilà le livre terminé), vous travaillez à domicile.

Quelques années plus tard le livre est publié.

Quelques mois après la publication on vous invite à parler du livre, dans une ville du sud de la France. On vous offre l'hôtel, vous paie le TGV.

Dans le TGV face à vous s'installe une dame, cheveux blancs et canne, pull à col roulé. Souriante, aimable, un peu lointaine. Lire vous occupe (vous révisez), vous ne la regardez pas, jusqu'au moment où elle aussi pose sa pile de livres sur la tablette, oeuvres que vous ne connaissez pas mais. Puis elle consulte le dépliant de Lire en fête (vous vous dites oui, elle écrit, nous nous rendons au même endroit), elle lève la tête, sourit encore. En miroir vous sortez le vôtre et l'identifiez tout de suite : les auteurs invités sont tous en photo (sauf vous). La discussion s'engage.

Plus tard vous comprenez qu'elle vous a pris, au tout début, pour quelqu'un d'autre, une autre femme qui écrit (en photo, elle, sur le dépliant), rencontrée dans le hall d'hôtel, à laquelle vous ne ressemblez pas. Mais peu importe.

Durant deux jours vous la revoyez. Chaque fois elle vous fait une place : au restaurant où vous ne connaissez personne, dans la rue, dans les discussions. Au retour, vous êtes encore dans le même wagon.

Quelques mois plus tard un livre d'elle paraît, visible de loin à la bibliothèque. Vous l'empruntez bien sûr, dans le souvenir du TGV.

Dans les premières pages, elle remercie très vivement ceux et celles qui m'ont offert cette belle résidence au Randell College, à Wellington (Nouvelle-Zélande).

Dans votre tête, ces phrases de longtemps :
je ne voudrais pas mourir avant d'avoir fini d'écrire ce livre
je ne voudrais pas mourir avant d'être allée en Nouvelle-Zélande

Vous rouvrez son livre à elle, plus cruel que son titre : Les Croissants du dimanche. Elle c'est Annie Saumont.



vendredi 16 mai 2008

ce qui revient en boucle

and I'm talking to myself at night because I can't forget (White Stripes)

mercredi 14 mai 2008

Petit journal

J'ai dû en perdre en route, mais voici ma compil du petit journal, hors textes sur les livres qui ont compté, depuis le 25 février dernier. Presque trois mois durant lesquels j'ai arrêté de travailler pour ne plus faire qu'écrire, ai terminé puis rendu à mon éditeur le manuscrit du livre centré sur le deuxième album des Cowboy Junkies, me suis acharnée (et ça dure !) sur les corrections du suivant sans oublier la piscine.

25 février It doesn't really matter anyway (un titre des Cowboy Junkies, le chuchotement de Margo Timmins) Photos prises à Jaurès, retrouvées à Barbès. Des rires, des essais, des ratages. 27 février Il n'y a que ces deux-là qui me viennent : jubilation conjonctivite. 9 mars Le gardien de l'école B pendant l’éclaircie, le dit : pas grand monde pour voter depuis ce matin. Peut-être plus tard ? (on est à Paris). Journée rythmée par l’arrestation, puis la libération, du père d’un enfant du groupe scolaire. La rentrée, c’était donc le dimanche pour RESF. Sans date : Lire, lire, se laisser envahir et ne plus écouter de musique. Puis un jour le contraire. On oscille, on se demande s'il y a double vie. 20 mars 2008 la tête hors de l'eau, à la piscine dont le plafond est de verre, la tête dans le ciel, donc, pour oublier un peu les pages terminées, la parole prise, la paralysie qui la suit... 26 mars Vus de la coursive, le long des cabines 1900, les nageurs de ma piscine surprennent, lents et gracieux (ce qu’on ne peut imaginer dans l’eau). Mais les coursives, d’habitude, sont interdites. 27 mars En diagonale la lecture, en ligne droite la nage, je regarde le plafond de verre il parcourt mon manuscrit. 28 mars Ma prochaine devise ? Entendu lors d’une conférence de presse, de Dominique Répécaud (je crois), dans une salle qui comptait nombre de musiciens expérimentaux : "pourquoi faire simple quand on peut faire mieux ?!" 29 mars aux Buttes S’allonger dans l’herbe malgré le vent, le sol encore mouvant de la pluie de la veille. Et dans le dos, un églantier. 1er avril 102-105 temps doux à Belleville, arrive les mains dans les poches pour assister à un concert évidemment complet. Plus tôt, détaille les tatouages des nageurs. Avant, après, à la place, me bats avec ma page 102 (et ça fait tache jusqu’à 105 au moins). 13 avril C'est quoi cette journée passée à couper un paragraphe qui avait résisté, jusque là - avoir eu raison mais dans le déséquilibre, vers la page 20 à peine, on peine aux deux cents pages suivantes. Se méfier, vouloir retrouver le texte dans son déroulement. L’écran ne suffit plus, il faudrait imprimer, enregistrer sa voix – faire quelque chose, quoi ! Autre chose que l’écran. 15 avril dead lines, même chose, vraiment, avec pourtant un seul paragraphe mort sur les 200 relues, sur 330 en tout ; la peur, ici, que ça fasse basculer l’ensemble, comme dans un jeu de dominos. Méfiance. 18 avril silence radio Ah oui, mais comment leur clouer le bec, ces questions les obsèdent, on les sent en apnée quand ils s’empêchent de les poser (et parfois, préviennent à l’antenne qu’ils n’en parleront pas, de la filiation, pour avoir l’air subtil et au fond se dédouaner d’en parler quand même - pervers).

20 avril Une nuit, trois fois


nuit sur ma secte

nuit sur où que tu sois

nuit sur ça : plus aucun lieu qui vaille

21 avril des visages En attendant un coup de fil qui ne venait pas, joué au memory de Philippe De Jonckheere et comme je ne suis pas téméraire, ai commencé par celui des boutons (dont une paire semble en colère). 27 avril Après une semaine seule pour la première fois depuis des années (écrire, corriger, nager), suis allée poursuivre ma lecture au lavomatic, seul endroit à Paris sans radio ni musique, avant de voir et d’écouter ceci. 29 avril ça se croise tiens, justement, vingt ans aujourd’hui d’une journée particulière, passée avec celui qui, quelques mois plus tôt, m’avait offert un rat (une rate, pour être précise, que moi aussi j’emportais en voyage). Quelqu’un par qui j’ai connu Lille, changement à Arras, comme ça se trouve... Je ne savais pas comment marquer ces vingt ans. Voilà, c’est fait. 10 mai Pont à Paris Il me dit qu’il devait se rendre à Beyrouth, que l’aéroport est fermé. Il me demande si nous sommes à Paris. Oui. Et faisons même cyber café à la maison avec boissons, connexion wifi et musique, pendant que les autochtones désertent. Je ne lui dis pas que nous devions aller à la mer. 14 mai contre la vitre Partir mais pour l’instant c’est encore du balcon - le zinc brûle, impossible d’y rester pieds nus. Bruits de voitures, sirènes, bus, dans lesquels nous ne tenons plus.

13. Et ne pas oublier Proust













Lui aussi, ma mère l'a lu dans le RER A entre Saint-Germain et Vincennes, adolescente je la voyais partir le matin avec l'un des volumes.
J'ai lu La Recherche d'une traite, à 24 ans, en trois mois, en ne faisant que ça de mes journées grâce à une bourse de DEA et le luxe d'avoir suivi, l'année précédente, les cours de Jean-Yves Tadié. J'ai très longtemps pensé qu'il était impossible de faire moins, jusqu'à ce que je découvre qu'un certain fb avait mis trois semaines...












A ceux que La Recherche effraie, dire juste :

que si l'on commence par le Contre Sainte-Beuve, on découvre une ébauche de Du Côté de chez Swann qui contient, surprise, une scène de masturbation quasi disparue par la suite
(et je ne dis pas ce qu'étaient les madeleines au départ...)

que Proust est le roi du suspense : un élément qui, ailleurs, vous aurait paru insignifiant, vous tient en haleine deux cents pages, sans problème !

que j'ai souvent éclaté de rire en le lisant

qu'il hypnotise : vous vous laissez couler dans la phrase, vous y êtes encore mille pages plus loin

que tout y est, qu'une fois lu on s'y réfère sans cesse, de soi à soi (toute méfiance - qu'est-ce que c'est que ces histoires de duchesses qui ne me concernent pas ? - se dissipe et ne revient plus)

Des raisons futiles ? Oui, non, peu importe.

Voilà, c'était mon dernier de la liste. Il en manque évidemment des tonnes, mais enfin...




mardi 13 mai 2008

Proposition

Sur Arte radio, aller écouter Ritournelle, quarante trois minutes et cinquante-deux secondes de son, de réflexion sur la routine. Et en ce qui me concerne, réécouter la neuvième minute, où une des femmes interrogées explique ce qu'une modification de son trajet, le matin, a changé.

Quelqu'un, touché lui aussi par cette neuvième minute, a podcasté Ritournelle et l'a écouté dans le train : voilà ce qu'il en dit.

lundi 12 mai 2008

12. La Folie en tête, de Violette Leduc










Ce n'est pas grâce à cet exemplaire-là, mais à un Folio doté d'une atroce couverture seventies que j'ai découvert l'oeuvre de Violette Leduc vers 20 ans (dans son article sur remue.net, Fabienne Swiatly parle aussi de ces "illustrations" malencontreuses). La Folie en tête est le deuxième tome de l'autobiographie de Leduc, après La Bâtarde et avant La Chasse à l'amour, mais c'est par lui que j'ai commencé et c'est toujours, plusieurs lectures plus tard, celui que je préfère. On y retrouve la période de sa vie où, recluse rue Paul Bert et soutenue par Simone de Beauvoir, elle écrit (sans aucun succès), se lie avec Genet, se brouille avec lui, tombe amoureuse du grand amateur d'art Jacques Guérin et surtout développe une paranoïa de plus en plus envahissante, qui l'oblige à se faire interner. C'est précisément la distance et l'absence de distance pour parler de cette "folie" qui me fascine alors : on plonge avec elle, et sans elle, grâce (entre autres) à un travail sur le temps, la chronologie, qui modifie sans arrêt notre regard.

La Folie en tête, pour ces pages sans ponctuation dans lesquelles la narratrice tombe, tête la première, dans une poubelle et qui mènent directement au roman de Dulce Maria Cardoso Les Anges, Violeta (sans blague ? je fais le lien en l'écrivant !) ; livre que je voulais inscrire à la toute fin de cette liste, paru en 2006 et qui demeure, décidément, LE livre qui m'aura marqué ces dernières années. Les Anges, Violeta, qui ne compte qu'une phrase rythmée par des virgules, s'ouvre et se ferme sur l'image d'une femme suspendue tête en bas, justement...

samedi 10 mai 2008

11. Un ange à ma table, de Janet Frame













Autobiographie découverte grâce à l"adaptation cinématographique de Jane Campion sortie en 1990, trois tomes très difficiles à réunir à l'époque (le deuxième avait été publié quelques années plus tôt par un éditeur qui avait fait faillite, a ensuite changé de titre, entre temps était introuvable...), ce qui m'a valu l'amitié de ma libraire, qui les a pistés jusqu'au bout.



























Depuis, lu tout ce qui est paru en français, acheté certains de ses romans en anglais (mais pour l'instant c'est trop d'efforts de les traduire, surtout avec le vocabulaire maori qu'elle emploie, je les observent au pied du lit, le dico bilingue en attente) ; espéré qu'elle ait le Nobel pour que le processus s'accélère, su qu'elle était très malade, voulu lui écrire sans y parvenir, le brouillon est resté en suspens, n'ai pas osé le faire par e-mail alors que je savais qu'il fallait aller vite, su ensuite qu'elle adorait ça (les mails), mais trop tard.
Janet Frame, mon écrivain préféré, donc, la seule personne sans doute pour laquelle j'ai une admiration totale - sentiment qui ne peut être détaché de la fraternité éprouvée à la lire (je ne sais pas pourquoi, sororité ne me dit rien). Etre côte à côte, être tout près d'elle.

Quand j'ai lu La Fille bison, alors que ce que je projetais d'écrire semblait en apparence très différent, je me suis dit : au moins, si je ne réussis pas, le livre existe déjà.

Pour ceux qui ne la connaissent pas, une courte biographie sur Wikipedia. Mais elle est réductrice (je sais, c'est moi qui l'ai écrite un jour de boulot alimentaire, pour tester les services du site !), il ne faut pas s'arrêter au seul champ psychiatrique...

vendredi 9 mai 2008

10. Un homme qui dort, de Georges Perec













Celui-là est tellement important que j'ai contraint mon exemplaire, acheté à Hauteville début 1991, à s'intégrer dans le livre que j'écris depuis trois ans. Comment le dire autrement ? Je vois bien que cette phrase n'est ni belle ni claire, mais si je dis que j'ai fait de ce Folio 2197 un personnage, ça n'ira pas non plus... Tout est important : le texte, évidemment, mais aussi la photo, la date de parution du livre et jusqu'à la date d'impression de l'exemplaire (dont la couverture est la même que celle de l'image ci-dessus, mais sans le visage de Perec). Fétichisme ? Non, pourtant.

Perec, connu comment ? Dans l'adolescence, par ma mère, qui lisait La Vie mode d'emploi en se délectant dans le RER A, entre les stations Saint-Germain-en-Laye et Vincennes. Mais j'attendrai l'époque des Fenêtres pour en faire autant, sur la ligne 2. Pourquoi diffère-t-on certains plaisirs de lecture ? Et pourquoi, parfois, ne réussit-on pas à lire ce qui semble résonner en nous si fort dès les premières pages ? Peur de s'y perdre ?

Un homme qui dort
: le timing parfait. Je le vois chez le marchand de journaux, j'ai tout un après-midi à passer au café sans rien faire. Je lis la quatrième de couverture, je me dis : c'est exactement ça. Puis : justement, non, il vaudrait mieux se distraire. Puis : au contraire, justement si. Je l'achète. Je le lis au soleil.

jeudi 8 mai 2008

9. Les livres lus à contretemps













De ces livres qu'on ne lit pas au bon moment (trop tard, surtout). Quelquefois la rencontre n'a jamais lieu : on voit très bien ce qu'on a raté, sans réussir à le rattraper en route.
Ainsi, découvert Le Grand Meaulnes à la fac, vers 19 ou 20 ans : trop tard, il aurait fallu que ce soit à 15, comme pour deux de mes amis que le livre avait fasciné. Je les écoutais en parler, dans l'amphi, à la fin du cours, je voyais devant moi tout ce qui m'échappait, ne permettait plus d'écho.













Même chose vers 25 ans, pour L'Attrape-coeurs de Salinger, offert par la libraire du canal Saint-Martin qui m'employait le lundi. Trop tard, une fois encore, rien à faire.

Par contre, pour d'autres (surtout un), ça fonctionne quand même. Entre 21 et 22 ans, à la fin des années 80, j'ai eu grand besoin d'un livre, introuvable (parenthèse pour les trois ou quatre qui ont lu mon manuscrit sur les Cowboy Junkies : c'est précisément cette période). Je le cherchais sans savoir ce qu'il pouvait être, s'il existait, s'il avait ou non déjà été écrit, et par qui. Par défaut, je lisais les rubriques judiciaires du Monde ou les livres de Serge Livrozet. Je l'ai trouvé quinze ans plus tard : c'était Le Crime de Buzon. Pas trop tard du tout.

mercredi 7 mai 2008

8. Cocteau + Racine = Genet ?













Entre 14 et 16 ans, bof, pas grand chose, si ce n'est Ionesco et Zola (L'Oeuvre), trouvés dans la bibliothèque de ma mère, et 1984 d'Orwell. Mais entre 16 et 17, ça se bouscule : d'abord Les Enfants terribles, lu trois fois de nuit. Ce qui me plaît : les rapports de domination des personnages entre eux, ce côté vampire qui fascine, hypnotise ; leur marginalité, leur mépris des problèmes matériels ; et surtout la chambre, vrai sujet du livre (claustration obsédante : dépouillée de tout artifice théâtral, plus tard, ce sera celle d'Un homme qui dort).
Ensuite, Phèdre, de Racine. Comme pour la pièce de Prévert à 10 ans, en connaître des passages par coeur, à force de relire. Seul grincement : la mort d'Hippolyte, happé par un monstre marin, fin que je trouve consternante. Que vient faire le surnaturel là-dedans ?
Enfin, toujours à 16 ans, en première, découverte de Genet grâce à Fassbinder et son adaptation de Querelle de Brest. La salle siffle, le lyrisme dérange, Genet n'est pas aimable : tant mieux. Evidemment, pour être honnête, c'est le physique de Brad Davis sur fond de ciel orange qui commence par compter ! Mais c'est aussi le trait de lumière rouge sur le cou de sa victime : décidément...
En sortant du cinéma, j'achète le livre, qui s'ouvre sur cette idée de mer évoquant l'idée de meurtre, de marins. Contrairement à Notre-Dame-des-fleurs et Miracle de la rose, je ne l'ai pas relu jusqu'ici. Mais Genet, dont la langue ensorcelle, vire régulièrement le lecteur de son livre : je commence à le percevoir et c'est, je crois, ce qui me plaît.
Plus tard, à vingt et un ans, quand je décide de faire mon mémoire de maîtrise sur son oeuvre, je découvre ses attaches avec Cocteau, et ce qu'on dit régulièrement de lui : un racinien. Mais pour moi non, Cocteau + Racine n'est pas égal à Genet, qui ne se compare à rien.

Mes préférés : L'Atelier d'Alberto Giacometti, Miracle de la rose.
Celui que je jette à travers la pièce : Pompes funèbres (cette fois, il m'a vraiment virée de son livre).

lundi 5 mai 2008

7. Le Père Goriot, de Balzac













Lu au collège à 14 ou 15 ans.

Auparavant, raconter qu'entre 11 et 14 ans, il y eut d'autres livres importants, en particulier un recueil de dessins de Topor et un dictionnaire des injures que quelqu'un avait laissé à la maison.
Et à 10 ans, sans doute ce qui a le plus compté : un dossier du Nouvel Obs sur le mouvement punk (on était en 77), conservé des années.

Jusqu'ici, aucun roman ou presque dans ma liste.

En 4e, surgit le livre que j'ai sans doute le plus détesté durant mon adolescence (même si j'avais déjà bien descendu Le Roman de la momie de Théophile Gautier en 6e et Quo vadis ? en 5e, au grand étonnement des enseignantes) : Le Père Goriot. Une haine directe, franche, nette, absolue. Et encore, on nous l'avait fait acheter, en deux volumes, dans une version abrégée. Je me demande ce que j'aurais fait s'il avait fallu avaler l'intégrale ! En lisant la description de la salle à manger de la pension Vauquer, j'étais folle furieuse - car c'était bien sûr la longueur, la minutie des descriptions de Balzac que je ne supportais pas. Aucune originalité dans cette aversion partagée par tous les élèves de la classe, mais elle était si forte... De même intensité que celle que je ressentais pour ma prof de français. Un sentiment réciproque : depuis le début de l'année, nous nous méprisions ouvertement.

Puis, un soir, du nouveau. Il fallait avancer dans la lecture du Père Goriot (on en était au début du second tome, je crois), lire une quarantaine de pages pour le lendemain. Sans m'en rendre compte, je suis presque allée jusqu'au bout, comme ces livres qu'on dévore allongé sur son lit, Perec dixit. En cours, personne d'autre n'avait lu les fameuses quarante pages. Elle m'a regardé un peu autrement. Nos rapports se sont (très légèrement) améliorés.

Plus tard, à la fac, pour les enseignants de lettres modernes dont je suivais les cours Balzac c'était : Dieu. Heureusement, j'avais réglé mes comptes avec lui.

Par contre, celui que je me suis mis à haïr (c'est drôle ces fureurs quand même) : François-René de Chateaubriand, dont j'ai revendu Les Mémoires d'outre-tombe dès l'UV dans la poche. Pour réussir l'examen, j'avais retourné comme une chaussette tous mes arguments négatifs (impossible pour certains enseignants de la Sorbonne, à l'époque, de supporter les critiques concernant leurs auteurs favoris - il fallait rester à notre place, c'est-à-dire à genoux devant les textes, tant qu'on n'était pas en maîtrise. Ensuite, brusquement, il était bien vu de faire le contraire...).

Ce serait une bonne idée de les relire, peut-être, ces deux-là : certains de mes livres préférés, j'ai commencé par ne pas pouvoir les supporter.

dimanche 4 mai 2008

6. Histoires extraordinaires, d'Edgar Poe











De la main invisible qui tue de Rimbaud à la main du médecin qui se tranche la gorge chez Prévert, il y a un lien que je n'ai fait qu'hier. On peut y ajouter la main coupée de Maupassant (auteur que j'avais bien l'intention de citer au moins une fois), le meurtre de Querelle de Brest (ça viendra), et si l'on veut, aussi, une liste de murder ballads : celles de Nick Cave, Anna la belle de Norge chantée par Jeanne Moreau, et bien sûr To love is to bury des Cowboys Junkies (la première des reprises de Trinity revisited, au piano, par Nathalie Merchant : il suffit d'attendre quelques secondes).

Entre temps, à onze ans, découvert les Histoires extraordinaires d'Edgar Poe, suivi des Nouvelles histoires extraordinaires et des Histoires grotesques et sérieuses, poches offerts, prêtés, offerts à nouveau, perdus, retrouvés... Si la main invisible des Assis me revient, c'est parce que Poe, pour moi comme pour beaucoup de monde, je suppose, c'est d'abord un cadavre de jeune fille fourré la tête en bas dans un conduit de cheminée (Double assassinat dans la rue Morgue) : seule image capable de supplanter, de neutraliser cette première angoisse, qui sait ?

Et puis non : Poe, c'est d'abord le plaisir de lire un texte difficile, qui demande des efforts. Chercher le vocabulaire qu'on ne connaît pas. Avancer lentement soutenu par l'intrigue. Et surtout : une célébration de l'intelligence d'autant plus probante que le narrateur se présente comme inférieur au détective qui résout les énigmes (dans La Lettre volée, Le Double assassinat...), incapable de suivre les circonvolutions de sa pensée tant que celui-ci ne les expose pas clairement.

Un détail : le détective, Dupin, porte le même nom que le père d'Aline, celui qui construit des bibliothèques.

samedi 3 mai 2008

5. La Maison des petits bonheurs, de Colette Vivier













Celui-là fait partie des livres dont personne ne vous a jamais parlé et qu'on découvre seul à la bibliothèque. Qu'on emprunte, et qu'on emprunte encore, au moins dix fois (à l'époque, il n'est plus réédité depuis longtemps et il faudra attendre le début des années 2000 pour qu'on puisse à nouveau le trouver dans les librairies).













(voilà sa couverture actuelle, désolée pour les cadres blancs)

La section jeunessse de la bibliothèque de Saint-Germain-en Laye où nous vivons maintenant en possède au moins trois exemplaires dans la collection Rouge et Or, serrés sur une étagère du haut : il est rarement indisponible. Un coup de blues ? Il suffit de descendre trois étages, traverser le centre-ville, passer devant le château (qui n'a plus rien de rouge...), prendre par le parc et voilà : on récupère ce journal intime d'une parisienne de 11 ans, Aline, qui vit avec ses parents, sa soeur et son frère dans un quartier populaire. Ce que j'aime dans ce livre est sans doute en rapport avec ce Paris perdu (Saint-Germain n'est aimable qu'aux riches, l'évidence se fait au fil des années), même s'il est paru en 1939 : dans l'immeuble d'Aline règne une solidarité évidente, une joie de vivre, une envie de faire la fête dès que l'occasion se présente. Jusqu'à l'arrivée de sa tante, la mesquine Mimi, qui remplace un temps sa mère et dresse plus ou moins les voisins les uns contre les autres, on danse, on mange, le ton monte vite mais on se file des coups de main. Tout se passe d'un palier à l'autre, avec une incursion, de temps à autres, à l'école et dans la cour du charbonnier. On ne voit jamais, contrairement à ce que laisse croire cette couverture-là du livre, la moindre tour Eiffel à l'horizon.













(par contre la fenêtre, son grincement, en particulier, a une certaine importance)

C'est aussi, exceptée la série des Heidi, le premier livre écrit par une femme, dont l'héroïne est une petite fille, qui compte pour moi. Jamais aimé la comtesse de Ségur, par exemple. Et si j'ai lu des Alice (ce qui m'a permis de savoir ce qu'était un avoué, un cabriolet, et ce que signifiait être assis sur son séant - mais sur quoi d'autre peut-on s'asseoir ?), ils n'ont jamais eu cet impact. Il faut dire qu'Aline détonne : pas très jolie, pas très douée en classe, autonome, généreuse.

Une dernière chose : le père d'Aline est menuisier, il fabrique des bibliothèques sur mesure.

vendredi 2 mai 2008

4. Paroles, La Pluie et le beau temps, de Prévert













Décidément, cette période de Château-Rouge, pourtant courte, ne veut pas disparaître si vite... Quelqu'un (je ne sais toujours pas qui) m'a offert Paroles de Prévert et je ne dois pas être vieille parce que j'écris mon prénom en grosses lettres bâton, au crayon de couleur bleu marine, sur la première page pour bien signifier que oui, il est à moi, ce livre sans images, ce livre pour adultes. Ce que j'apprécie alors, surtout, ce sont les caractères typographiques, le noir et blanc. M'en restera pendant longtemps un grand amour des Folios (j'aurai même du mal à concevoir que d'autres collections de poche existent).
Plus tard, vers le CE1, je découvre que certains des poèmes (Le Cancre, etc.) peuvent être appris en classe. Sentiment mélangé, entre plaisir de retrouver quelque chose que je connais déjà et déception de le voir banalisé. Prévert, dans les années 70, est cité à tout bout de champ : à l'école, dans les émissions pour enfants...
Plus tard encore, vers le CM1 (et nous avons encore déménagé deux fois, entre temps), je finis par avoir toute la collection : Histoires, Fatras, La Pluie et le beau temps...












Dans ce dernier, une "fausse" pièce de théâtre, Entrées et sorties, me plaît tellement que je l'apprends par coeur, connais tous les rôles. La scène se passe dans le salon d'un château. Devant le personnage principal, une duchesse autoritaire, les personnages meurent tous les uns après les autres : jardinier, duc, curé, fossoyeur, tout le monde y passe. Le plus marquant, c'est le médecin, venu au secours du curé qui agonise. Persuadé que la vie, comme la mort, est une épidémie, il déclare : Heureusement, un seul remède : la chirurgie ! avant de sortir un rasoir et de se trancher la gorge sur la tapis de la duchesse. Même "Du monde" (Et dire que j'attendais du monde!) tombe raide et meurt de peur devant le tas de cadavres. Pour finir, le jardinier se relève et explique à la duchesse qu'il a fait semblant d'être mort pour avoir la paix cinq minutes. Dans Entrées et sorties, il y a aussi un rôle de jeune première (assez peste, au fond), dont le jardinier est le grand-père. Nourrie comme toutes les petites filles d'histoires de Blanche-Neige, je résiste longtemps. Mais à force de relire la pièce je finis par me rendre à l'évidence : le personnage de la duchesse est bien plus intéressant que celui de Pervenche, la jolie blonde. Mieux vaut s'identifier à la première, rien à faire.
Très longtemps après, à l'âge adulte, je relis un grand nombre de poèmes de Prévert, pour voir. Et il m'agace, avec sa litanie de mots toujours les mêmes (soleil, sang, malheur, mer, jolie fille), moi qui pourtant aime tellement les mots les plus usités, concrets. Double tranchant que ce Prévert lu si tôt.

Un souvenir : j'avais dix ans à sa mort. J'étais en vacances chez mes grands-parents maternels. Pas osé demandé à mon grand-père, qui me faisait peur, la page du journal consacrée tout entière au poète, au type même du poète (une image pour tout le monde). Pourtant lui il s'en foutait complètement, de Prévert.

jeudi 1 mai 2008

3. Poulerousse

















Nous, on n'a pas de meubles, on n'a que des valises : quand vous voulez clouer le bec aux enfants dans la cour et que vous avez déjà, à cinq ou six ans, déménagé un certain nombre de fois, ce genre de phrase fait ses preuves. Et puisqu'on n'a que des valises, inutile de s'encombrer d'un appartement de plusieurs pièces, non ? De toutes façons on repartira ! Ou comment frimer (à l'aise) avec ce qu'on n'a pas.
Et la maison, alors ? La notion même de maison ? Je n'ai jamais vécu autrement qu'en appartement. Ma maison, c'était dans l'enfance celle de Poulerousse, un album du Père Castor sans cesse réédité dans lequel l'héroïne se fait enlever, chez elle, par un renard mais réussit à lui échapper.
Ce que j'aimais, précisément, dans ce livre, c'était le début : Dans la maison de Poulerousse, tout est propre et bien rangé. C'est un plaisir d'aller chez elle. Pas un grain de poussière sur les meubles... (je cite de mémoire). Et l'on voyait les différentes pièces (surtout la chambre et la cuisine) dans un état impeccable, fleurs dans les vases, rideaux repassés. C'était l'époque où ma mère et ses amis m'avaient offert pour un anniversaire une maison de poupées qu'ils avaient fabriquée eux-mêmes en récoltant des chutes de moquette, de papier peint, des porte-clés publicitaires... Maison à un étage avec télévision, machine à laver, baignoire, toilettes, tapis en peau de bête, et jusqu'à l'électricité : tout en récup, une maison unique (m'en est resté le goût de la miniaturisation, des maquettes, de l'échelle réduite). Poulerousse, c'était l'ordre aussi, ce "chaque chose à sa place" qui me servait de repère lors des déménagements.
Poulerousse se faisait donc enlever par un renard et s'en sortait parce qu'elle était plus rusée que lui (grâce aussi à la tourterelle, son amie, avec laquelle elle finissait par habiter). Le problème, c'était la beauté du renard et de la renarde, et les conséquences du geste de Poulerousse : la pierre qu'elle avait mise dans le sac à sa place ébouillantait le couple qui croyait faire un bon repas. Et ça, ça ne m'allait pas du tout. Après, qu'elle aille vivre avec la tourterelle, partager avec elle du vin et des gâteaux, ça m'était complètement égal.

J'ai offert ce livre à mon fils, qui l'a laissé jusqu'à ce jour totalement indifférent (en apparence, du moins). Par contre, nous sommes tous deux de très grands fans de Ma maison, un album de Delphine Durand paru au Rouergue.









La maison de la narratrice ne paie pas de mine, mais à l'intérieur on y trouve des monstres (dont certains de la famille des mous), des saucisses qui parlent, un type qui se plaint tout le temps, un endroit où l'on range tout ce qu'on ne sait pas où mettre ailleurs (les idées qu'on n'a pas encore eues), etc. A la dernière page, l'un des personnages ouvre la porte et ordonne à tous les autres : allez, tout le monde dehors ! Bref, un endroit bien plus marrant que la maison de Poulerousse, ménagère parfaite qui fait fuir la beauté.

Poulerousse ou le livre du refuge, du lieu clos au milieu du chaos. Sa suite : les romans de Barbara Pym où les Anglaises boivent du thé en observant leur nouveau pasteur par la fenêtre (lus à Stalingrad ou sur la ligne 2, tiens, en période difficile, au début des années 2000) ; le jardin de Sido.

Et puisque j'en suis à parler de Delphine Durand, de la pub pour un autre de ses albums parus au Rouergue, le génial Bob et compagnie (un livre sur la création du monde, si si). A lire à n'importe quel âge.



2. Je sais tout, d'Alain Grée
















Toujours à Château-Rouge, en dernière année de maternelle. Quelqu'un (mes grands-parents paternels ?) m'a offert cette encyclopédie. Evidemment, le titre me fascine : si je lis ce livre, je vais donc tout savoir ? La mise en abîme de la couverture le laisse supposer... Oui mais je ne sais pas encore lire, ne suis pas encore en CP.
L'été précédent, ma grand-mère (maternelle, cette fois) a commencé à m'apprendre quelques sons, quelques combinaisons de lettres, selon la bonne vieille syllabique. Devant Je sais tout posé sur la table je me fais un petit mix globale/syllabique et j'apprends à lire seule, grâce au blondinet qui veut tout connaître, les noms des fleurs, des animaux, des couleurs, des moyens de transport...




















(scan trouvé sur ce blog d'une illustratrice)

Grand choc : tout savoir, ça signifie CONNAITRE LE NOM DES CHOSES, dans tous les domaines possibles. A partir de là, on peut dérouler ces fils : les dictionnaires qu'on demande en cadeau, puis achète (dont, à partir des années 90, les dictionnaires visuels) ; les livres qu'on trouve aux puces sur des sujets qui, a priori, n'intéressent pas (les montres, les outils anciens...) mais qu'on rapporte pour les noms qu'ils recèlent ; et cette certitude : nommer reste plus jouissif qu'acquérir (sauf dans le cas des livres, donc). Summum du plaisir à nommer : les premières pages des Choses, de Perec.

Il y aussi les illustrations d'Alain Grée, que j'aime autant que les Japonais.