l'horloge de la gare de Chartres

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dimanche 4 mai 2008

6. Histoires extraordinaires, d'Edgar Poe











De la main invisible qui tue de Rimbaud à la main du médecin qui se tranche la gorge chez Prévert, il y a un lien que je n'ai fait qu'hier. On peut y ajouter la main coupée de Maupassant (auteur que j'avais bien l'intention de citer au moins une fois), le meurtre de Querelle de Brest (ça viendra), et si l'on veut, aussi, une liste de murder ballads : celles de Nick Cave, Anna la belle de Norge chantée par Jeanne Moreau, et bien sûr To love is to bury des Cowboys Junkies (la première des reprises de Trinity revisited, au piano, par Nathalie Merchant : il suffit d'attendre quelques secondes).

Entre temps, à onze ans, découvert les Histoires extraordinaires d'Edgar Poe, suivi des Nouvelles histoires extraordinaires et des Histoires grotesques et sérieuses, poches offerts, prêtés, offerts à nouveau, perdus, retrouvés... Si la main invisible des Assis me revient, c'est parce que Poe, pour moi comme pour beaucoup de monde, je suppose, c'est d'abord un cadavre de jeune fille fourré la tête en bas dans un conduit de cheminée (Double assassinat dans la rue Morgue) : seule image capable de supplanter, de neutraliser cette première angoisse, qui sait ?

Et puis non : Poe, c'est d'abord le plaisir de lire un texte difficile, qui demande des efforts. Chercher le vocabulaire qu'on ne connaît pas. Avancer lentement soutenu par l'intrigue. Et surtout : une célébration de l'intelligence d'autant plus probante que le narrateur se présente comme inférieur au détective qui résout les énigmes (dans La Lettre volée, Le Double assassinat...), incapable de suivre les circonvolutions de sa pensée tant que celui-ci ne les expose pas clairement.

Un détail : le détective, Dupin, porte le même nom que le père d'Aline, celui qui construit des bibliothèques.

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