l'horloge de la gare de Chartres

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jeudi 17 avril 2014

Journal du Blanc #15



















Réveillée à 6h, je me réjouis, voilà une journée qui sera pleine (demain c'est voyage, à nouveau, et après-demain aussi) et je me demande par quoi commencer. 
Tout de suite, j'écris mon journal (pas celui-ci) (un rectangle rouge que l'on voit, je crois, en photo de temps à autres sur ce blog) sur la table de la cuisine. J'ai deux jours de retard et comme d'habitude j'écris mal, sans souci de la phrase (graphie illisible des fins de mots, répétitions, arrêts brusques...). Auparavant (ou après ? voilà que déjà  je ne sais plus), marché de long en large dans le logis pour m'expliquer à moi-même ce que j'avais voulu faire en écrivant Laisse venirqui va bientôt paraître.

(ce que j'ai découvert avoir fait, il y a deux ans, va-t-il s'évaporer si je ne l'inscris pas quelque part ? Ici, par exemple ? Mais ce blog doit-il être le dépositaire de ce qui risque, sinon, de s'enfuir ? Bref)

Malgré l'esprit embrumé (au réveil, toujours), ce qui domine pendant l'écriture du journal c'est l'impression de ne faire qu'une chose à la fois. Et c'est un soulagement : celui de se sentir centrée, concentrée, pendant quelques minutes, en recensant ce que j'ai fait de mon début de semaine - en particulier, la relecture active de Laisse venir, justement, conduite par le désir d'une plus grande précision, d'une plus grande netteté de ce qui est dit.

(dans ce texte, j'ai travaillé à partir du changement de pronom, du passage du il au tu, et cela m'occupe, beaucoup. Mais bref, à nouveau)

Ce sentiment de ne faire qu'une chose à la fois s'évapore dès le carnet fermé. Il est encore très tôt mais se bousculent déjà, de la cuisine à la chambre, pourtant calmes, silencieuses, presque vides, un nombre incalculable de choses. Elles envahissent. Elles bombardent, plutôt. Alors je recense (oui, encore), en rangeant les dizaines de livres qui s'y trouvent (ah tiens, les pièces ne sont pas vides, en réalité) :
- le début du livre de Hubert Reeves que j'ai commencé ce matin
- Les Yeux fermés les yeux ouverts de Virginie Gautier que j'ai repris à l'instant, trouvant que je n'étais pas assez concentrée la première fois - et c'est précisément parce que, tout en désirant entièrement le lire, le lire en entier ce matin, je me sens envahie par autre chose, que je commence à repérer cet envahissement
- ce billet de blog, auquel alors je commence à penser
- l'idée que je ferais mieux de l'écrire au lieu de le penser, sinon je ne m'en sortirai pas
- tous les livres du prix Chapitre nature que j'ai à lire et que j'ai classés sur mon lit (envie de le lire / pas envie / envie et pourrait me servir pour le mien / trop lourd à porter pour le ramener à Paris cette fois / oui mais quand même...)
- les mails qu'il faut que j'envoie
- l'organisation des jours à venir
- tout ce qui concerne ce que j'écris dans le journal rouge et pas ici
- l'inconfort d'écrire je ici, dans le journal du Blanc (encore une histoire de pronom... pourtant comment faire autrement, ces jours-ci ?)
- toutes les parenthèses qui ponctuent ce billet
- et, bien entendu, L'île ronde, texte dont j'ai depuis hier les dates de rendu.

(et d'autres choses encore, mais le temps d'y penser l'ordinateur bugue, la pensée s'enfuit, je colorie en attendant)

*

photo : Intérieur, de Thomas Clerc, pris à l'extérieur du logis

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