l'horloge de la gare de Chartres

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mardi 20 mars 2012

à l'atelier

Ce qu'il reste d'une vie dans cet atelier où la mémoire fuit c'est encore et toujours l'amour d'une ville, de qui vous a donné de l'attention, la danse, la promenade. Ce qui, pensait-on, ne se raconte pas.

Elle dort, il lui tient la main. A ouvert les yeux aujourd'hui : ils étaient bleus. De son fauteuil, juste à côté, elle l'écoutait parler d'Hanoï. Se rendormait. Lui savait qu'il n'y retournerait pas, dans sa ville natale, pas pour le moment a-t-il ajouté - pour garder présent ce désir, s'est-on dit en sortant, admirant la souplesse, l'équilibre, la sagesse de la phrase.
Dehors, soleil, retour à la bibliothèque de Montreuil, point d'ancrage toujours.



















A l'atelier, de nouveau, Maison des vergers : 
Le père était autoritaire, comprend-on (et radin).
Je n'ai pas eu de frères et soeurs, regrette l'une des participantes.
En sortant de l'école, il n'était pas question de traîner.

Après les plaisirs retrouvés, les regrets affleurent en fin de séance (aujourd'hui c'est zéro, vlam, lance l'une), accompagnés de cette idée d'avoir eu une vie simple, de n'avoir rien à raconter. Dire quand même les champs, les travaux servant de distractions, cueillette et jour de marché. Le marché aux puces, tiens, se souvient celle qui a grandi à Montreuil.



















Dehors, soleil, la ville qu'on ne veut pas quitter. Nos jambes en marche. Nos pensées. Leurs mots.


*

Atelier est un mot au long cours, ici, à Montreuil, qui signifie aussi bien l'endroit d'où je vous écris (atelier de la bibliothèque) que séance d'atelier d'écriture (au lycée horticole ou à la maison de retraite dite des Vergers) (ce qui est donc le cas ici). 

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ça ressemble aux entretiens : les gens sont prolixes et assoient toujours ceux qui les écoutent un peu, même juste un peu, ils sont prêts à sortir des trucs (chez toi, ils les écrivent) incroyablement personnels, intimes, intestins, on se demande parfois comment ils font pour aller chercher ces trucs-là, mais ils sont là, juste là, ils les montrent, les donnent et nous, on en reste hébétés...

Anne a dit…

Ceux-là n'écrivent pas eux-mêmes, ils me dictent, et ne sont pas toujours prolixes car la mémoire leur fait vraiment défaut. Mais à force (parler d'un livre, montrer des photos), ça se dénoue un peu ; et ce sont les mots d'amour qui marquent le plus, alors.