"A Paris, il vivait sous terre. Le métro, matin et soir, et dix heures dans son fournil. Ca a duré trente ans. Trente ans à aller de cave en cave par des galeries souterraines qui ne le menaient jamais qu'à d'autres caves et à d'autres galeries. Irascible et borné, il s'engueulait tous les six mois avec son patron, et on le foutait à la porte. Il retrouvait un autre patron, une autre cave, des stations de métro. Ca recommençait, le même va-et-vient nocturne. Il n'a probablement jamais su ce qu'était cette ville qu'il a parcourue pendant trente ans par en-dessous, dans ses régions inférieures, dans les épaisseurs où s'enracinent les maisons, les arbres des parcs, le socle des statues. Avec au-dessus de lui cette croûte de trottoirs, de pavés, de pierre, de béton. Ce remuement de pieds toujours au-dessus de sa tête. Cette couche de bruits et de lumières. Tout ce qu'il en apercevait, c'est ce qu'on découvre par l'ouverture d'un fournil : des jambes, le bas des robes. Ca doit donner une image curieuse de l'existence. Un monde sans visages. Et le plus étrange, c'est qu'il aimait cette existence."
Georges Hyvernaud, Lettre anonyme, éditions Le Dilettante, page 149
à découvrir à Montreuil, samedi prochain à 16h, bibliothèque Robert Desnos (je prends racine, oui)
4 commentaires:
après les cours de r'n'roll... on va essayer de venir samedi, mais c'est compliqué (y'a des trucs qui bougent et d'autres qui ne bougent pas)
c'était samedi dernier ! (mais si tu veux passer à la librairie de Paris, place de Clichy, jeudi soir pour la soirée Inculte, bien entendu, tu es le bienvenu)
je sais plus lire, ou quoi ? (c'était comment ?) jeudi soir mais je suis un séminaire d'esthétique de l'image virtuelle... (elle est bien cette boutique, place clichy-enfin boutique...)
pas beaucoup de monde, mais beau moment à lire "La Peau et les os" dans le hall de la bib. Je recommencerais volontiers (à le lire lui, en public)
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