l'horloge de la gare de Chartres

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mardi 2 mars 2010

L'atelier de Pierre Ménard

l'autre jour c'était un peu chez moi, la preuve :


103

Je pars du 103, près du CentQuatre et c’est pourquoi le nomme le trajet du 103 au CentQuatre le 103 bis. Écrire à propos du 103 bis ? Un désir, demeuré projet.

En face

La boulangerie, tenue par une dame Suédoise à cheveux courts dont on dit qu’elle a "le sens des affaires" (les croissants sont chers), promène son chien en laisse et dont je boycotte l’adresse chaque fois que le camion de farine lié à la Boulange (c’est son nom) par un long tuyau gris, fait vibrer le quartier à cinq heures du matin (c’était hier).

Tout près

La blanchisserie, mystérieusement fermée hors période de vacances.

Au-delà

Le carrefour dangereux, axe Bolivar/Mathurin Moreau, qui permet à gauche de se rendre à Colonel Fabien ; tout droit, de se diriger vers Jaurès ; à droite de grimper vers les Buttes Chaumont. Il y a quatre ou cinq ans, avoir été renversée là par une camionnette, avoir dû son salut à une geste du bras repousser la tôle, le capot, la portière, n’être pas passée sous les roues grâce à ça. Souvenir du téléphone portable tombé, projeté par terre, intact.

Tout droit

Le Franprix, centre des croisements (au 105). où les enfants, après l’école, poursuivent leur conversation devant le container de verre. À cet endroit, l’avenue se met à descendre, pente douce vers les écoles, l’église demeurée vide. Partout, le long de l’avenue, les sirènes, les scooters, les camions, les voitures vitres ouvertes même l’hiver pour manquer le territoire, dire quels rythmes, quelles pulsations, quelles infra-basses traversent, accompagnent la nuit, la journée.

Couleurs/Cités

Passer devant la cité blanche, nommée ainsi par tous, plus chic que la cité rouge, HLM, qui fait l’angle. Pour entrer dans la cité blanche : un code, deux codes, un interphone. Le rêve du petit, un appart à la cité blanche.

Couleurs/Portes

Les écoles et leurs portes bleues. 130 d’âge, des cours trop petites, et le bus de l’avenue ne les épargne pas. Mais on y fait la fête, cultive un jardin suspendu qui donne sur la cité blanche.

Rideau

Le rideau de fer de la chocolaterie, face aux écoles, a été graphé. Thématique de la récolte, de l’île enchanteresse, larges feuilles, graines de cacao. En hiver, la boutique propose du chocolat chaud : on entre, tourne un robinet, remplit son verre. La devanture rythme les saisons et la patronne fait tout elle-même : fausses balles de tennis en chocolat blanc (à l'époque de Roland-Garros), ardoises et craie pour la rentrée, etc.

Rappel : en début d’année, à la rentrée de septembre justement, un matin avoir aperçu deux voitures de police et un ruban de plastique qui cernait le trottoir : la banque d’à côté venait d’être braquée. Le butin ? Dérisoire.

Banc

Ce fut longtemps celui d’un homme barbu, obèse, auquel le quartier apportait à manger. Ce fut ensuite, fleurs, mots, bougies, celui de son passage ici.

Carrefour

Au carrefour de la rue de Meaux, un café judicieusement nommé Le Carrefour. Ambivalence des sentiments pour ce lieu, je l’aime, je le hais, selon la musique, la radio qu’il diffuse. À quand le silence ?

Soldes

Puis c’est, jusqu’à Jaurès, le royaume du commerce : la meilleure boucherie de Paris, la meilleure fromagerie de Paris, boutiques de vêtements pour enfants, parfums, mandarines, poulet rôti, téléphones portables, asperges, brosses à dents, brosses à cheveux, journaux, chaussures chics, robes chères, robes moches, poissons, crevettes, glaces en été, patates sautées, rubans de la Saint-Valentin. Royaume du Monoprix et du Mac Do, chacun son trottoir, chacun son public. Tout au bout, Jaurès, la ligne aérienne. Ligne 2, Nation-Dauphine, colonnes, armatures, escaliers. Et le canal Saint-Martin. Dans l’entre-deux en août 1999, avoir sur la place assisté à l’éclipse, tous en lunettes, tous arrêtés.


Texte écrit lors de l'atelier de Pierre Ménard, que l'on peut découvrir ici et .

3 commentaires:

Anonyme a dit…

j'ai aimé savoir qu'une petite boutique de chaussures de (un peu) luxe, sur le côté droit de l'avenue, juste avant le Monoprix (une impression qu'il se divise en deux, ou seulement un rêve cauchemardé ?), a tenté de gommer son nom, sarko, du fait de l'élection du nouveau prince et de la haine qu'il n'a pas tardé d'inspirer (dès le fouquet's) à la population indigène (le vendeur-propriétaire, arménien, je crois, se plaignait un jour de cet état des choses, qui s'il n'était tragique, ne serait que savoureux)

Anne a dit…

Ah ah, c'est vrai ? Il faut dire qu'on rigole chaque fois qu'on passe devant...
(et je l'ai pris en photo tout à l'heure, mais finalement ne l'ai pas gardée pour ce post)
Quant au Monop, oui, il y en a deux, un pour les fringues, un pour le reste.

ap a dit…

éclipse d'août 99, vue en Champagne, avec le fils aîné, en route, vers Mulhouse, si je me souviens bien, si loin, tant de changements à venir depuis!
Éclipse derrière un ciel voilé, en tout cas, mais images diffractées du croissant de soleil sous quelques arbres, plus impressionnantes que le spectacle céleste.