l'horloge de la gare de Chartres

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mardi 4 novembre 2014

LVIR #6

Hier le géant de l'île, qui jusqu'ici dans mon esprit mangeait des vers, de la terre et des racines, est brusquement devenu un ogre. C'est Brigitte Celerier qui, parlant de mon livre sur son blog, plus exactement ici, a opéré la métamorphose. 
Qu'elle en soit remerciée, et à plus d'un titre.















Le géant, un ogre ? Voilà qui m'a poussée à réfléchir. La jeune fille aurait-elle peur, le délivrant de son puits, de se multiplier par sept et de se faire égorger comme les filles de l'ogre dans Le Petit Poucet ? (le mot ogre, que Brigitte répète plusieurs fois, mène en effet dans mon esprit à la gravure ci-dessus de Gustave Doré)

Je me demande si je ne vais pas, un jour, multiplier Dita Kepler par sept, pour voir (ou la diviser, c'est pareil).

En attendant je pense à cette peur de la dévoration, qui est certainement présente dans Ile ronde, même si je n'y avais jamais songé de cette façon. C'est peut-être la raison pour laquelle la jeune fille refuse d'écouter le géant quand il s'adresse à elle ? L'une des raisons, en tout cas ?



















Se multiplier, se diviser... Je surfe un peu et je découvre que la nouvelle de Marcel Aymé, Les Sabines, grâce à laquelle j'ai appris ce qu'était le don d'ubiquité lorsque je l'ai lue après Le Passe-muraille (je devais avoir dix ans) est d'abord parue dans Je suis partout. Voilà qui n'a rien de drôle, est simplement sinistre, passons.



















Je change de cap. L'ogre s'éloigne, les sept filles aussi. Je pars dans la forêt avec Gustave Doré qui m'offre au bout du chemin l'escalier du château de La Belle au bois dormant, vision ensoleillée reliant la pierre à la terre. C'est exactement le point de jonction entre le lac et la Sénaigerie, me dis-je : là où Dita Kepler se scinde en deux, devient le géant et la jeune fille. Dita qui, dans la chambre rose, est si près de l'absence, du rien, du vide... Qui ne se réveille que lorsqu'elle approche de la forêt, du lac...
Mais bref : si je poursuis mes divagations je vais perdre tous ceux qui n'ont pas lu le livre, n'est-ce pas ?
(les paumer, dirait Brigitte Celerier)

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