l'horloge de la gare de Chartres

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lundi 12 avril 2010

Lire (une ou deux façons de)

Lectrice, en ce moment, tel est en partie mon métier (feuilles reliées ou non, dans une chemise ou non, entourées ou non d'un élastique que je m'échine à ne pas perdre en route, accompagnées ou non d'une lettre de présentation, qui m'apprend quelque chose ou non...). Métier qui implique de lire autre chose à côté : c'est une question de respiration.

Au début, à force de lire la journée, le soir je ne pouvais plus me concentrer sur autre chose que des polars de Donna Leon, quelques vieux livres pour enfants, surtout pas de poésie. Maintenant le champ s'étend à nouveau.

Et en ligne, tout cela : le nouvel épisode des Notes de voyages avec livre de Martine Sonnet chez Mélico ; la très belle série sur la ville de François Bon sur la face B de Tiers Livre ; les carnets de Pendant le week-end ; le quotidien Désordre ; les notes faites pour ne pas être lues de Fred Griot...

Lire en prenant la place d'un autre. Lire pour oublier ce qu'on a lu. Lire pour écrire à son tour. Lire pour se souvenir qu'on n'est pas seul à penser comme ça.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

lire c'est ça, c'est bien
et écrire
et écouter de la musique là
http://www.youtube.com/watch?v=nWqC6kRCLjI
et Marie mon amie qui m'a offert le DVD du film...Alors lire, oui, écrire aussi, Anne, écouter et regarder et contempler et vivre... Oui...
Evidemment, sur le même monde... Allez !
Merci pour le lien (demain un aperçu de l'atelier de samedi sur pendant le we...)

Anne a dit…

Ah, évidemment, avec le thème de Huit et demi, tu me prends par les sentiments !
Et j'attends demain pour ton regard sur l'atelier, donc...

arnaud m. a dit…

« Lectures - J’ai changé peu à peu d’opinion là-dessus : l’émotion que ressent un lecteur de roman, un auditeur de concert, n’est pas une corde vibrante qui donne la même note quel que soit le moyen de percussion qui l’ébranle : elle est tout entière moulée sur la construction verbale ou sonore complexe qui lui a donné naissance, et en tant que telle n’est échangeable, et n’accepterait d’ailleurs de s’échanger, contre aucune autre. Elle constitue chaque fois non une réanimation d’émotions déjà vécues, mais une expérience neuve, irremplaçable. A la limite, il n’y a pas, en matière d’émotion esthétique vraie, de distinction possible entre l’effet et la cause, et je ne crois pas une seconde qu’on aille écouter Tristan pour se souvenir qu’on a été amoureux. A la rigueur, ce serait plutôt l’inverse (La Rochefoucauld le savait déjà) le sentiment de l’amour est transposable, comme on sait, d’objet en objet : celui qu’on éprouve à écouter la musique de Wagner, ou à lire Les souffrances du Jeune Werther, ne l’est pas ; il est irrévocablement adhérent à une succession de notes, ou de mots, non substituables. Le mérite insigne de l’art est de tirer l’" émotion " du vague indifférencié où la relègue la psychologie vulgaire, et de la lier chaque fois solidement à une figure individualisée : à cette manière de faire accéder le chaos affectif à une existence distincte, sinon claire, il me semble que Valery, si hostile à tout art qui se compromet avec l’émotion, n’aurait pas du être insensible. »

Julien Gracq, en lisant en écrivant

Anne a dit…

Merci Arnaud, pour "l'expérience neuve, irremplaçable"...