Note liminaire : les Vases communicants sont souvent un moyen de mettre à l'épreuve un nouveau projet, d’essayer des choses inédites. Ce texte est un avant-goût d’une cartographie locale que j’aimerais développer par la suite, si jamais j’y parviens. Il est très redevable à son hôte qui par son projet « cartes postales » (et autres oloés, dirais-je), m’a permis des traverses un peu différentes — ce texte en tête lors de déplacements professionnels. BV
vendredi 2 septembre 2011
Espaces limites, par Benoît Vincent
Note liminaire : les Vases communicants sont souvent un moyen de mettre à l'épreuve un nouveau projet, d’essayer des choses inédites. Ce texte est un avant-goût d’une cartographie locale que j’aimerais développer par la suite, si jamais j’y parviens. Il est très redevable à son hôte qui par son projet « cartes postales » (et autres oloés, dirais-je), m’a permis des traverses un peu différentes — ce texte en tête lors de déplacements professionnels. BV
Espaces limites
Quand je t’appelle mon amour, mon amour,
est-ce toi que j’appelle, ou mon amour ?
JD, La carte postale
est-ce toi que j’appelle, ou mon amour ?
JD, La carte postale
0. Les cartes, je les ai achetées. Dans chacun des villages, dans la fin d’été, alors que se traînent les derniers badauds. Mais pour tout un tas de raisons, je ne les ai pas envoyées. Je t’en ai écrit quelques-unes, pourtant. Mais tout un tas de raisons.
Une carte postale s’écrit-elle ?
Je t’en ai posté une. Peut-être. Ne sais plus.
Mais les ai-je écrites ? Les ai-je même achetées ? Ou bien le désir de ? Ou bien le rêve de ?
Je quitte le village par la porte qui est sur la carte postale. Je prends la voiture et, pour tout un tas de raisons, je file.
#untasderaisonsjefile
Direction sud est, je dois faire ma tournée, comme le facteur — à l’envers toutefois. Moi je poste. Je roule, j’écris, je poste.
Je mets des noms, c’est pour dire. C’est tout. Les images, aussi, pas les bonnes. C’est pour dire. On s’en fout des noms. On s’en fout des images. Ce sont des cartes postales.
1. ALEYRAC
Tout commence à l’écart, à l’écart de la ville, du village même, et à l’écart de la route. A l’écart du monde. Se mettre à l’écart, choisir la solitude, choisir le silence, comme les moines voisins, mais tout à fait solitaire-tout à fait profane.
L’église — le prieuré — n’a plus de toit, comme si la terreur locale en avait implosé toute la grâce. Il y a une fontaine miraculeuse, sous le chœur. Quelqu’un y dispose des bougies, des tissus.
Monter dans la garrigue, sur les pelouses ventées, sans même aller haut, sans même aller loin, les gens ne s’aventurent plus, alors.
#cequonvoudraitcestimpossible
Parfois peur, de glisser, de tomber dans ce ravin, ou sur la harde, mais non, ça n’arrive pas, et quand même, ce serait inutile chagrin. Pas de géolocalisation non plus, inutile, le portable ne passe pas. On peut tomber tranquille.
Ce coin, cet écart, je l’ai même vu en-dehors de la carte géographique : à cet endroit, elle délirait, décrivait tout autre chose, son auteur en avait oublié une ruine, deux falaises, trois rus. Elle dé-crivait, désécrivait.
Cet endroit à l’écart : à l’écart de la carte, un trou en elle ; un double-fond plutôt.
Il y a tant de mondes qu’on ne se figure pas. Il n’y pas de carte postale pour ce lieu d’écart.
#çaleau
2. CLANSAYES
A #Clansayes, on se perd, on le dit, on se perd sur le plateau, qui est plus grand qu’il n’y paraît — et plus haut aussi. On ne trouve pas un plateau dans la plaine et pourtant on devra négocier. Plusieurs routes y mènent, certaines, très sûres, balisées, le traversent de long en large. Mais la plus grande partie est inaccessible aux véhicules.
Il est des bories dispersées un peu partout sur le #Rouvergue, assez secrètes, souvent ruinées.
#onsenfoutdesnoms
J’écris une carte dans l’une de celles que je connais. Mais mon texte est plus grand que la carte, et le résultat n’est pas satisfaisant. Pour peu le quiproquo. Le gravier les mousses les feuilles mortes du chêne qui passe ne peuvent recevoir l’écriture. Je fais de grands gestes mais vains. Il n’y pas d’écrit ici.
Aussi j’aligne des cailloux.
3. SAINT-PAUL-TROIS-CHÂTEAUX
Beauté mosaïque, beauté capitale d’une cité (des humains, des humains) dont tout l’alentour est défiguré. Les pierres du dedans tiennent bon. Personne ne se doute, avachi dessus, que le mur du stade est d’époque romaine.
Là j’ai écrit sur les pierres, tâcheron. La même marque répétée dans tout ce sud sans mer. Inlassablement répétée. Juste en face la cathédrale d’où j’extrais le texte, ce mur d’écritures, ce roman imagé, cette série dessinée à même la pierre, il y a la poste.
Le guichet refuse ma pierre sigillée — il y a pourtant quotient de timbres. Nos époques escriment.
#moijeposte
Je répète, je dis, je répète.
4. BRANTES
#Ventoux pleine gueule, on ne peut mieux. #Ventoux immense, imposant, version nord, falaises effrayantes, masse, masse.
#memepashautmemepasloin
Au petit matin, sauf petite voix anglaise, rien, ni personne. Tout est pierre, on a voulu bâtir plus haut que l’Autre. On s’est vite rassis. Ou jeté au #Toulourenc, qui par ailleurs est à sec.
Comme si l’étiage était chemin pour écrire dans ce minéral.
Le est. D’ailleurs. Comment tu écris ça, l’eau, sur la carte ?
5. FERRASSIERES
Il faut passer deux cols pour atteindre, & villages de lavandes, sur l’élégant #Albion.
Hors-cadre, et en dehors-de la carte ; les cols croisent, isolent la commune plus méridionale de la région, on le dit. #Montfroc, à côté, aussi ou pour se rendre, il faut encore passer dans #Basses-Alpes devenues d’#Haute-Provence #commequoilesnomhein. Il faut passer par les #Omergues. (Juste pour le nom.)
Hors-cadre : ne tient pas en un plan, ne tient pas en réseaux de routes et autres, et ne tient en aucune carte.
J’envoie des cartes vides, les mots sont autour.
Le pays que je visite & le pays que j’habite, = tout l’autour de la carte.
#justepourlenom
Il n’y a pas de carte pour mon endroit.
(De toute façon certes pas de poste ici.)
(Par hasard discuté avec le facteur intérimaire, me dit Deux fois le col/tournée, plus le reste, la tournée est plus longue que le jour & le courrier s’amoncelle.)
6. ROCHEFOURCHAT
Il y a plus de noms sur le monument aux morts que dans le village. C’est quoi un village où plus de morts que de vivants ?
Quelles sont les voix les plus fortes ? Quelle fête du village ? Comment ? Qui ? Mexicaine ? Fantomatique ?
C’est quoi un village qui compte un habitant ? Densité #Rochefourchat : 0,8 h/km2.
Un lieu, bâti, une étendue, terraquée, un territoire, historié, mais vidé, fantôme. Un dehors d’homme, un pur dehors.
Est-ce qu’un enfant traverse ta carte postale ? Est-ce qu’un homme y passe, y apparaît quelquefois ?
#legravierlesmousseslesfeuillesmortes
Dans la mesure du possible, nous essayons d'évacuer l’humain de nos photographies ; nous pensons prendre la nature, le paysage. Nous ne ramassons que de l’humain pourtant.
Et la nature le paysage oui : les prenons, violentons.
Ce qu’on voudrait, ce qu’on aurait voulu, c’est démesure, c’est impossible.
Ce qu’on voudrait c’est impossible.
Seule la carte est impossible. La carte possible est attendue. Seul l’inattendu viendra.
Non, tu ne t’attends pas à une carte. Tu ne t’attends à aucun courrier. Abandonne d’attendre. Tu ne t’attends pas à une carte venant de #Rochefourchat. Tu ne connais pas l’habitant.
7. MEVOUILLON
J’écris depuis #Mévouillon ; sans crayon, sans carte, sans timbre, sans poste.
J’écris depuis #Mévouillon, que je marche, que je monte au fort. Il n’y a plus de fort. #RicheLieu l’a abattu, l’a rasé, entièrement, pierre après pierre. Il ne reste que l’empreinte du fort. Je marche, j’écris, j’empreinte.
Ecrire c’est l’empreinte. #écrirecestlempreinte
•••
Il n’y a pas deux cartes pareilles, c’est ça. Peut pas y en avoir deux pareilles.
La carte postale : c’est un lieu du temps et un temps au lieu. C’est de la géoréférence, comme tout le courrier.
Pourquoi je suis parti, ai écrit, ai posté tout ça ? Pour tout un tas de raisons.
La carte, c’est la raison. La raison que. La raison pour. Tout un tas de raisons c’est tout un tas de cartes, même pas-postées même pas-écrites.
#toutautourdelacarte
© BV | Les six premières photos sont de Hervé Sentucq, du site Panoram’Art | La dernière est extraite du blogue Photos des Baronnies. Elles ne sont pas contractuelles : si Ventoux, Ferrassières et Mévouillon sont à leur place, par contre sur le chapitre Clansayes c'est une photo de Théus (05) ; au lieu de St Paul c'est Montbrun-les-Bains ; pour Rochefourchat, marche de mon pays, c'est la vallée de l'Ennuye.
Une carte postale s’écrit-elle ?
Je t’en ai posté une. Peut-être. Ne sais plus.
Mais les ai-je écrites ? Les ai-je même achetées ? Ou bien le désir de ? Ou bien le rêve de ?
Je quitte le village par la porte qui est sur la carte postale. Je prends la voiture et, pour tout un tas de raisons, je file.
#untasderaisonsjefile
Direction sud est, je dois faire ma tournée, comme le facteur — à l’envers toutefois. Moi je poste. Je roule, j’écris, je poste.
Je mets des noms, c’est pour dire. C’est tout. Les images, aussi, pas les bonnes. C’est pour dire. On s’en fout des noms. On s’en fout des images. Ce sont des cartes postales.
1. ALEYRAC
Tout commence à l’écart, à l’écart de la ville, du village même, et à l’écart de la route. A l’écart du monde. Se mettre à l’écart, choisir la solitude, choisir le silence, comme les moines voisins, mais tout à fait solitaire-tout à fait profane.
L’église — le prieuré — n’a plus de toit, comme si la terreur locale en avait implosé toute la grâce. Il y a une fontaine miraculeuse, sous le chœur. Quelqu’un y dispose des bougies, des tissus.
Monter dans la garrigue, sur les pelouses ventées, sans même aller haut, sans même aller loin, les gens ne s’aventurent plus, alors.
#cequonvoudraitcestimpossible
Parfois peur, de glisser, de tomber dans ce ravin, ou sur la harde, mais non, ça n’arrive pas, et quand même, ce serait inutile chagrin. Pas de géolocalisation non plus, inutile, le portable ne passe pas. On peut tomber tranquille.
Ce coin, cet écart, je l’ai même vu en-dehors de la carte géographique : à cet endroit, elle délirait, décrivait tout autre chose, son auteur en avait oublié une ruine, deux falaises, trois rus. Elle dé-crivait, désécrivait.
Cet endroit à l’écart : à l’écart de la carte, un trou en elle ; un double-fond plutôt.
Il y a tant de mondes qu’on ne se figure pas. Il n’y pas de carte postale pour ce lieu d’écart.
#çaleau
2. CLANSAYES
A #Clansayes, on se perd, on le dit, on se perd sur le plateau, qui est plus grand qu’il n’y paraît — et plus haut aussi. On ne trouve pas un plateau dans la plaine et pourtant on devra négocier. Plusieurs routes y mènent, certaines, très sûres, balisées, le traversent de long en large. Mais la plus grande partie est inaccessible aux véhicules.
Il est des bories dispersées un peu partout sur le #Rouvergue, assez secrètes, souvent ruinées.
#onsenfoutdesnoms
J’écris une carte dans l’une de celles que je connais. Mais mon texte est plus grand que la carte, et le résultat n’est pas satisfaisant. Pour peu le quiproquo. Le gravier les mousses les feuilles mortes du chêne qui passe ne peuvent recevoir l’écriture. Je fais de grands gestes mais vains. Il n’y pas d’écrit ici.
Aussi j’aligne des cailloux.
3. SAINT-PAUL-TROIS-CHÂTEAUX
Beauté mosaïque, beauté capitale d’une cité (des humains, des humains) dont tout l’alentour est défiguré. Les pierres du dedans tiennent bon. Personne ne se doute, avachi dessus, que le mur du stade est d’époque romaine.
Là j’ai écrit sur les pierres, tâcheron. La même marque répétée dans tout ce sud sans mer. Inlassablement répétée. Juste en face la cathédrale d’où j’extrais le texte, ce mur d’écritures, ce roman imagé, cette série dessinée à même la pierre, il y a la poste.
Le guichet refuse ma pierre sigillée — il y a pourtant quotient de timbres. Nos époques escriment.
#moijeposte
Je répète, je dis, je répète.
4. BRANTES
#Ventoux pleine gueule, on ne peut mieux. #Ventoux immense, imposant, version nord, falaises effrayantes, masse, masse.
#memepashautmemepasloin
Au petit matin, sauf petite voix anglaise, rien, ni personne. Tout est pierre, on a voulu bâtir plus haut que l’Autre. On s’est vite rassis. Ou jeté au #Toulourenc, qui par ailleurs est à sec.
Comme si l’étiage était chemin pour écrire dans ce minéral.
Le est. D’ailleurs. Comment tu écris ça, l’eau, sur la carte ?
5. FERRASSIERES
Il faut passer deux cols pour atteindre, & villages de lavandes, sur l’élégant #Albion.
Hors-cadre, et en dehors-de la carte ; les cols croisent, isolent la commune plus méridionale de la région, on le dit. #Montfroc, à côté, aussi ou pour se rendre, il faut encore passer dans #Basses-Alpes devenues d’#Haute-Provence #commequoilesnomhein. Il faut passer par les #Omergues. (Juste pour le nom.)
Hors-cadre : ne tient pas en un plan, ne tient pas en réseaux de routes et autres, et ne tient en aucune carte.
J’envoie des cartes vides, les mots sont autour.
Le pays que je visite & le pays que j’habite, = tout l’autour de la carte.
#justepourlenom
Il n’y a pas de carte pour mon endroit.
(De toute façon certes pas de poste ici.)
(Par hasard discuté avec le facteur intérimaire, me dit Deux fois le col/tournée, plus le reste, la tournée est plus longue que le jour & le courrier s’amoncelle.)
6. ROCHEFOURCHAT
Il y a plus de noms sur le monument aux morts que dans le village. C’est quoi un village où plus de morts que de vivants ?
Quelles sont les voix les plus fortes ? Quelle fête du village ? Comment ? Qui ? Mexicaine ? Fantomatique ?
C’est quoi un village qui compte un habitant ? Densité #Rochefourchat : 0,8 h/km2.
Un lieu, bâti, une étendue, terraquée, un territoire, historié, mais vidé, fantôme. Un dehors d’homme, un pur dehors.
Est-ce qu’un enfant traverse ta carte postale ? Est-ce qu’un homme y passe, y apparaît quelquefois ?
#legravierlesmousseslesfeuillesmortes
Dans la mesure du possible, nous essayons d'évacuer l’humain de nos photographies ; nous pensons prendre la nature, le paysage. Nous ne ramassons que de l’humain pourtant.
Et la nature le paysage oui : les prenons, violentons.
Ce qu’on voudrait, ce qu’on aurait voulu, c’est démesure, c’est impossible.
Ce qu’on voudrait c’est impossible.
Seule la carte est impossible. La carte possible est attendue. Seul l’inattendu viendra.
Non, tu ne t’attends pas à une carte. Tu ne t’attends à aucun courrier. Abandonne d’attendre. Tu ne t’attends pas à une carte venant de #Rochefourchat. Tu ne connais pas l’habitant.
7. MEVOUILLON
J’écris depuis #Mévouillon ; sans crayon, sans carte, sans timbre, sans poste.
J’écris depuis #Mévouillon, que je marche, que je monte au fort. Il n’y a plus de fort. #RicheLieu l’a abattu, l’a rasé, entièrement, pierre après pierre. Il ne reste que l’empreinte du fort. Je marche, j’écris, j’empreinte.
Ecrire c’est l’empreinte. #écrirecestlempreinte
•••
Il n’y a pas deux cartes pareilles, c’est ça. Peut pas y en avoir deux pareilles.
La carte postale : c’est un lieu du temps et un temps au lieu. C’est de la géoréférence, comme tout le courrier.
Pourquoi je suis parti, ai écrit, ai posté tout ça ? Pour tout un tas de raisons.
La carte, c’est la raison. La raison que. La raison pour. Tout un tas de raisons c’est tout un tas de cartes, même pas-postées même pas-écrites.
#toutautourdelacarte
© BV | Les six premières photos sont de Hervé Sentucq, du site Panoram’Art | La dernière est extraite du blogue Photos des Baronnies. Elles ne sont pas contractuelles : si Ventoux, Ferrassières et Mévouillon sont à leur place, par contre sur le chapitre Clansayes c'est une photo de Théus (05) ; au lieu de St Paul c'est Montbrun-les-Bains ; pour Rochefourchat, marche de mon pays, c'est la vallée de l'Ennuye.
Merci à Benoît Vincent qui m'accueille sur son blogue Ambo(i)lati, où il est également question de cartes postales.
Les autres "vases" sont répertoriés sur ce site grâce à Brigitte Célerier.
jeudi 1 septembre 2011
En attendant demain
qui sera le premier vendredi du mois, jour des vases communicants, reçu cette cinquante-huitième carte.
jeudi 25 août 2011
Deux semaines et puis
quelques cartes me parviennent encore
sur sèche-linge rouillé
avec manuscrit
sur sèche-linge rouillé
avec manuscrit
avec mes propres livres, aussi, il fallait que ça arrive (document dans l'ordi, exemplaire publié) : on se relit pendant qu'on écrit et l'on se relit ensuite, différemment bien sûr, quand le contrat est signé, le texte paru, lu par d'autres et parfois commenté - on se relit s'il y a un projet de lecture publique ou autre événement, pas vraiment parce qu'on est fasciné par son oeuvre, c'est certain !
Relecture écriture avancent chez moi d'un seul pas. Il me serait impossible de pondre dix, cent, deux cents pages et de ne les relire qu'à la fin. Parce que ça n'avance pas comme si c'était de la prose ("pure et dure"), par méfiance envers le premier jet, par besoin de se rassurer, comme on préférera. D'où ma difficulté, entre autres, à écrire des cartes postales...
Ou alors peut-être faire comme Pierre Ménard, qui a placé ici le verso de celles qu'il m'a envoyées.
Ou alors peut-être faire comme Pierre Ménard, qui a placé ici le verso de celles qu'il m'a envoyées.
jeudi 18 août 2011
Eux vingt
Il en manque au moins un mais je suis partie, ne sais ce que le #jeunefacteur dépose dans ma boite aux lettres ces jours-ci. En attendant, pourquoi ne pas parler des vingt qui m'ont expédié quarante-neuf cartes postales en quinze jours ?
Il a d'abord, celle qui m'a envoyé quinze cartes, dûment numérotées : marais salants, grande forge, Alhambra, viaduc, tableaux de Bosch et Braque, cheval chinois de Lascaux, Jugement dernier, Côte d'Azur, Berlin, chaussures, bols impériaux, mine de plomb et huile sur toile, clématite rose enfin. Autant de territoires qu'elles m'offre en partage. Les lire, les relire va sans dire.
Il y a celle qui se plaint de la laideur des cartes de sa ville et m'envoie un bel oloé.
Celle qui reste à Paris, me poste sa bib de jour, de nuit, des fenêtres et, sur la dernière, inscrit un twit avec un lien.
Il y a celui avec lequel je n'échange qu'en 140 caractères, qui m'écrit une carte à l'envers.
Celui qui me parle écriture et nage.
Celle qui m'envoie le Sapeur Camember.
Celle par laquelle la Part-Dieu devient montagne.
Celui qui me raconte une histoire en plusieurs cartes, mais il en manque encore, le puzzle n'est pas complet.
Celle qui m'envoie un marque-page, ne signe pas, mais je reconnais l'écriture en comparant avec la carte qui l'accompagne.
Celle qui me donne une carte-poème, un opéra et le Monoprix.
Celui qui signe de ses initiales.
Celui qui garde son pseudo Twitter et m'envoie le Col des Annes.
Celui qui m'adresse trois cartes de Basquiat, texte magnifique, et timbres aussi.
Celles qui m'auraient de toute façon envoyé une carte de Sicile.
Celui qui fictionne (oui non peut-être) la Picardie.
Celle qui me vante le Cotentin.
Celle qui me vante le Cotentin.
Celle avec laquelle j'échange des souhaits, par carte, par twit.
Celle qui m'envoie, entre autres, le soldat inconnu, sa femme, ses cinq enfants.
Celui qui, indirectement, m'a inspiré cette #lubie, fabrique la carte qu'il m'adresse, invente un personnage, joint sa photo, m'incite à écrire la suite de l'histoire (ou veut que je l'incite à l'écrire ?) et me demande une réponse par mail.
lundi 15 août 2011
Deux semaines de cartes postales
Quelques jours avant le 1er août, j'ai envoyé un message sur Twitter expliquant à mes abonnés que j'avais envie de recevoir des cartes postales entre le 1er et le 15 du même mois. Il s'agissait de "vraies" cartes, indiquais-je, ce qui sous-entendait sans lien, sans gif animé, écrites à la main et envoyées à mon adresse postale, précisée sur demande en message privé.
Ce qui, en langage Twitter, donnait :
a tout à coup envie de recevoir des cartes postales (des vraies ;-) et ce, durant les deux premières semaines d'août #lubie
Message envoyé dans l'après-midi, repris le soir :
réitère sa demande de l'après-midi : recevoir des cartes postales les 2 premières semaines d'août (adresse en DM) #lubie #parismorneplaine
J'avais indiqué qu'il s'agissait d'une lubie parce que je n'avais aucune idée de ce que je ferais de ces envois. Je pensais évidemment informer les expéditeurs de la bonne réception de leur carte, via message privé toujours, mais c'est tout. Enfin... je me doutais que j'en tirerais peut-être quelque chose (comprenez : en ligne), mais je ne savais pas quoi et ne voulais pas y penser, trop occupée par le texte que j'écris en ce moment.
L'expérience n'est pas terminée, lenteur de la poste oblige. Mais puisque je voulais recevoir les cartes entre le 1er et le 15 août, autant ne pas attendre celles qui arriveront demain ou les jours suivants : je les ajouterai à ce billet au fur et à mesure, voilà tout.
Le premier jour, je n'ai pas reçu de carte, ce qui est assez logique. Par contre, une dizaine de personnes m'a proposé de m'en envoyer, chiffre au-dessus de mes prévisions et qui m'a fait plaisir (depuis, cinq autres de mes followers, je crois, ont rejoint les premières recrues). J'ai eu envie de marquer le coup, même sans carte. Mais comment faire part de cette absence ? J'ai décidé de photographier chaque jour les cartes reçues et le(s) livre(s) consultés ou lus.
J1 : pas de carte, mais un roman policier trouvé l'an dernier sur une étagère destinée au pilon et terminé dans la journée. J'ai envoyé la photo via Twitter (qui venait juste d'améliorer ses services en proposant un nouveau système d'intégration d'image au message, d'ailleurs) et sur Facebook.
A propos de Facebook : ce n'est pas sur ce réseau-là que j'ai lancé mon appel, pourquoi ? J'y ai pourtant deux à trois fois plus d'amis que sur Twitter... Mais justement : Twitter offre une plus grande proximité avec les gens que l'on y croise, me semble-t-il. Par contre, mettre aussi les photos sur Facebook, dont l'interface permet de créer des albums, oui. Même sans expliquer le projet (tout à coup, la #lubie est devenue projet, impulsé par les réponses mêmes de mes abonnés).
J2 : les premières cartes arrivent. Je prends consciencieusement des notes pour mon livre sur les grands magasins (Décor Lafayette) et lis un manuscrit (image de ma #viedelectrice, hashtag récurrent sur Twitter). Des deux expéditrices, j'en connais une "en vrai".
J3 : cinq cartes d'un coup, voilà qui commence à ressembler à quelque chose ! A une expérience, oui : comme c'est le cas pour la plupart des gens, par la poste je ne reçois que des factures. Alors cinq cartes arrivées le même jour... Parmi elles, une seule m'a été expédiée hors #lubie. Les autres viennent de Twitter.
J4 : à nouveau le manuscrit, que j'aurais terminé de lire ce jour-là, un roman d'Erri de Luca acheté en vacances et deux cartes d'Avignon (ce ne seront pas les dernières). L'envoi des photos sur Twitter suscite des commentaires : on commence à me dire quand les #cartespostales ont été postées et à s'inquiéter de ne pas les voir arriver. De mon côté, je tente de comprendre à quelle heure passe le facteur, ce dont je me fichais éperdument jusque là (entendez : depuis quelques années).
J5 : deux cartes, en noir et blanc (le hasard). Pas de livre mais j'ai passé la journée à lire et à relire mon texte en cours, dont à ce moment-là je n'ai pas imprimé de page : photo de l'écran, donc.
J6 : c'est dimanche, pas de carte. J'en profite pour faire prendre l'air à ce qui commence à ressembler à une petite collection.
J7 : pas de carte, pas de livre non plus car la tête dans le mien toute la journée. Impression et musique, à la place.
J8 : toujours pas de carte. Sur Twitter, d'Avignon, Marseille ou Paris, nous commençons à nous poser des questions sur le service de la poste. De part et d'autre, nous voilà en attente : à l'heure des mails, situation inédite.
A la bibliothèque de Montreuil, je trouve Passion simple d'Annie Ernaux (lu dans la journée) et Pan de Christophe Tarkos auxquels s'ajoute Sévère de Régis Jaufret que je viens de commencer. Ce qui me frappe : tout ce qui est dit au début de Passion simple ne pourrait plus se dérouler de la même façon aujourd'hui . La narratrice ne sort plus de chez elle parce qu'elle attend un coup de fil de son amant sur son poste fixe. Lorsque le téléphone sonne enfin et qu'elle décroche, elle est déçue si ce n'est pas lui, etc.
Partie à l'étranger quelques jours, le seul moyen qu'elle trouve de rester liée à lui est l'envoi d'une carte postale. Il ne la reçoit pas.
J9 : dix cartes dans la boite ! Je les photographie à Paris Plage (19e arrondissement), sur les marches d'un pont qui enjambe le canal de l'Ourcq.
J10 : le facteur (#jeunefacteur), rencontré pour la première fois il y a quelques jours, m'a paru enthousiasmé par l'idée d'apporter autre chose que les éternelles missives d'EDF and co. Durant ces dix jours, quelques habitudes se créent, en particulier celle de recevoir une à deux cartes par jour de la même personne, cartes numérotées avec très beau texte au dos.
Pour les photos, je tente de varier les plaisirs : voici le zinc, brûlant l'été, de mon balcon.
J11 : tant que j'y suis, et pour fêter les huit cartes reçues ce jour-là, photo de Britney sur une peau de bête (légendée ainsi sur Facebook et Twitter, ce qui lui vaut son petit succès ;-)
(et me voilà à mettre des smileys sur ce blog, tiens)
J12 : première recette de cuisine parmi les cartes postales, un livre, un disque et l'assurance, via Twitter, de recevoir encore du courrier dans les jours à venir.
J13 : Dimanche, à nouveau. Comme les chandelles, en tout, je compte trente-six cartes. Joli, non ?
Sommes le 15 août. Attendons la suite.
16 août. La voici :
J14 (oublions le 15 août) : six cartes reçues, dont un marque-page (la belle idée), qui me font faire le tour du pays : Albert, ville traversée moult fois en train du temps de Béthune, sans jamais y poser le pied ; Marseille, et entre les deux le Cotentin, Paris et sa BNF. Britney, passée de la peau de bête à la valise, a-t-elle rencontré le narrateur de Jean Rolin ? Je ne le dirai pas mais depuis tout à l'heure, lecture terminée sur la ligne 2 direction Etoile, je le sais.
J15 : le #jeune facteur arrive pile au moment où je m'en vais, valise de la veille en main. J'intercepte sept cartes, photographiées ici dans le TGV avec L'Eloge de la fuite d'Henri Laborit. L'une d'entre elle, très mystérieuse, consiste en papier plié entièrement scotché de noir, qu'il faut détacher délicatement pour en connaître l'expéditeur et le contenu. Se trouve aussi une carte-poème. De tout cela je reparlerai bientôt.
Au total : 49 #cartespostales emportées en vacances.
16 août. La voici :
J14 (oublions le 15 août) : six cartes reçues, dont un marque-page (la belle idée), qui me font faire le tour du pays : Albert, ville traversée moult fois en train du temps de Béthune, sans jamais y poser le pied ; Marseille, et entre les deux le Cotentin, Paris et sa BNF. Britney, passée de la peau de bête à la valise, a-t-elle rencontré le narrateur de Jean Rolin ? Je ne le dirai pas mais depuis tout à l'heure, lecture terminée sur la ligne 2 direction Etoile, je le sais.
J15 : le #jeune facteur arrive pile au moment où je m'en vais, valise de la veille en main. J'intercepte sept cartes, photographiées ici dans le TGV avec L'Eloge de la fuite d'Henri Laborit. L'une d'entre elle, très mystérieuse, consiste en papier plié entièrement scotché de noir, qu'il faut détacher délicatement pour en connaître l'expéditeur et le contenu. Se trouve aussi une carte-poème. De tout cela je reparlerai bientôt.
Au total : 49 #cartespostales emportées en vacances.
vendredi 12 août 2011
Montreuil, à l'intérieur
Tandis que je reçois des cartes postales du nord au sud, quelques images d'ici, à l'intérieur (et souvent ce qui s'y trouve a déjà disparu)
le garage est rangé, maintenant
le canapé, déjà montré, a disparu
il fait bon sur la terrasse
l'exposition Under perpetual construction a été démontée
au printemps, après deux orages, la bib a pris l'eau (les livres n'ont rien eu)
par contre les Fenêtres sur les pavés, dans un coin du rez-de-chaussée, datent de ce matin
vite envahies, comme on peut voir !
vendredi 5 août 2011
En attendant
(j'aurais voulu, hier, insérer du son, brouhaha des Galeries du rez-de-chaussée jusqu'au toit/terrasse, ce sera pour une autre fois)
il pleut mais pas ici : ville haute réactualisée, oscillant entre 13e arrondissement et Sorbonne
(pas question de lâcher ce projet de lecture à voix haute, même si les mises à jour sont moins régulières en ce moment)
il pleut, mais on m'envoie des cartes postales
(merci à tous, et à bientôt...)
il pleut, mais sur le net peu importe, on y trouve des feuilletons d'été : choses à faire, objets, personnages à suivre (et ce vendredi, c'est le jour des vases co, allons voir !)
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