l'horloge de la gare de Chartres

l'horloge de la gare de Chartres

mardi 31 janvier 2012

en voyage















C'est un voyage très différent de ce qu'il aurait dû être. Le jour et l'heure de départ changent, la raison pour laquelle on quitte sa ville pour une autre bascule, littéralement. Demeure : la destination.














Ce n'est pas la neige, ni le froid, les -10, -15 annoncés. La ville, ce premier jour, est entraperçue : une gare, une côte, la plaine, la montagne, à nouveau une gare, la nuit, une place, un hôtel. 















C'est un jour sans elle, le premier sans elle, on dirait (or non), cheveux blancs yeux bleus disparus de ce paysage.














Qu'on ne s'y méprenne pas : elle détestait la neige. La beauté nous échoit. 
Elle était tout entière sensible à la beauté, cependant. 
A demandé qu'il n'y ait pas de fleurs.

mercredi 25 janvier 2012

Décor Lafayette #25



















Repère : sans (travaux en cours)


La part noire, s'était dit le grand magasin. Trop de lumière, de clinquant, trop d'ondes positives ces dernières années distillés dans nos catalogues : en réalité, nous avons perdu de l'éclat, virons niais et nos concurrents en profitent. 

*

Note : 25/100,  à ce jour un quart du projet DL sur Fenêtres mis en ligne et la moitié du texte retravaillée en parallèle. Texte publié / texte invisible, ou comment le web accompagne.

dimanche 22 janvier 2012

dernier passage à Boulogne-sur-Mer















J'ai actualisé la partie audio de la ville haute ce matin, ce que je n'avais pas fait depuis longtemps. C'est la dernière fois, dans le livre, que l'on traverse une ville du Nord. 


















J'ai rouvert le fichier, regardé les photos prises alors, qui ne serviront pas. Qu'en faire ? Rien, sans doute. Elles resteront dans le disque dur comme ces passages de Décor Lafayette que je m'apprête à supprimer. 














Demeure, dans l'inutilité, le souvenir de moments passés à regarder, à écrire. Et le regret aussi, malgré la peur que j'en avais, de ne pas avoir été invitée à parler de mon livre à Lille, ou Béthune, ou Boulogne. 















Mais peu importe. Je me souviens d'avoir déjeuné, dans la ville haute, à la terrasse d'un café, face à une église en ravalement. D'avoir, à Lille, scruté le ciel, espéré l'éclaircie pour l'après-midi. A Loos, d'avoir enregistré mes pas, les camions le long de la route faute de pouvoir prendre une photo (panne de batterie de l'appareil). A Béthune, d'avoir dîné en attendant le train sans mélancolie (ou à peine). A Lille encore, d'avoir visité le musée des Beaux Arts. A Boulogne, d'être allée lire des ex-voto. A Wimereux, d'être restée face à la mer, seule, exactement le temps qu'il fallait. A Gravelines, d'avoir reçu un coup de fil tandis que la nuit tombait. A Loos, d'avoir répondu au salut d'un surveillant. A Béthune, d'avoir visité l'ancienne salle des coffres de la banque de France. A Lille, d'avoir découvert la gare TGV. A Wimereux, d'avoir failli acheter une maquette de vaisseau, le Simon Bolivar. A Gravelines, d'avoir longtemps marché. A Calais, d'avoir vu des soldats. A Boulogne, d'avoir regardé par la fenêtre 


















cette mappemonde. A Béthune et Boulogne, de n'être jamais montée en haut du beffroi. A Wimille, d'avoir fait quelques pas. A Lille, d'avoir retrouvé le restaurant chinois dont je parle dans le livre. Entre Wimereux et Wimille, d'avoir photographié les voies de chemin de fer en me plaçant pile au milieu. A Béthune, d'avoir discuté avec une étudiante qui me faisait visiter le Lab-labanque. A Calais, d'avoir attendu sur le quai, dans le vent, observée par l'unique voyageur. A Arras, d'avoir vu la ville en courant. A Béthune, d'avoir acheté deux carnets. A Paris, dans la gare, d'avoir bu un café et lu la Voix du Nord.
Et n'oublierai pas la mappemonde.

vendredi 20 janvier 2012

Hommes à la fenêtre

































Souvent je n'ose pas les prendre, et quand je les prends les supprime, par superstition, peur de les froisser : des hommes à la fenêtre il ne me reste peut-être que ces deux photographies (Paris, gare du Nord / Berlin, le long du Landwerhkanal). Je le regrette. Cependant ils ne sont pas loin : dans ce Décor en relecture où les grands magasins ne servent, au fond, que de prétexte pour sortir, arpenter la ville, regarder les hommes, une phrase les contient, que je ne voudrais pas rayer.

jeudi 19 janvier 2012

Décor Lafayette #24















Repère : rue La Fayette


ce qui émane d'elle, haute tension du regard, concentration, vitesse, arrêt brusque aux carrefours (nous étonne alors sa mélancolie)

mardi 17 janvier 2012

Décor Lafayette #23















repère : le quartier Louis Blanc


c'est l'inconnu, ce que vous me proposez, c'est tout ce dont je rêve et pourtant c'est non, lui dit-elle, ça me fait peur, votre vie d'aventure

lundi 16 janvier 2012

Décor Lafayette - additif

On croirait que les mots
de toutes les langues du monde
sont comme Charlie Chaplin
dans les Temps modernes,
courant sur le tapis roulant d'un grand magasin.
Et ce grand magasin nous l'appelons Terre.
Ou, peut-être, faudrait-il ajouter, aéropor-terre.
Terre aéroportée. Aéroport-terre-réseaux
et rhizomes de duty free
nous exerçons notre seule liberté.
Regardez, maintenant !
Nous consommons notre propre
chagrin.

Camille de Toledo, L'Inquiétude d'être au monde, éditions Verdier, page 37.

*

additif : substance introduite dans un mélange pour apporter une propriété spécifique

dimanche 15 janvier 2012

Décor Lafayette #22















Repère : de l'escalator

Sixième étage. Voix d'enfants, musique entendue comme au fond d'une piscine. 

samedi 14 janvier 2012

Décor Lafayette #21
















Et l'affolement des populations, alors, dans le hall et le grand escalier, on l'explique comment ?

jeudi 12 janvier 2012

samedi 7 janvier 2012

La forme d'une ville















change















plus vite














hélas














que le coeur d'un mortel















écrivent tour à tour Charles Baudelaire, Julien Gracq et Jacques Roubaud.


Hélas ou non, la forme d'une ville change, le coeur du mortel bat, la revue d'ici là, dont le dernier numéro vient de paraître, le prouve. Une soixantaine d'auteurs y dessinent leur(s) ville(s), transformée(s), détruite(s), reconstruite(s), pillée(e)s, réinventée(s) ; y croisent des passants ; s'arrêtent ; écoutent ; rêvent. Se souviennent. Examinent. Suggèrent. Roulent. Filment. Se demandent ce qu'ils font là. Quittent les lieux. Les refusent. Cherchent les passages secrets, les lignes de désir.
Grand merci à Pierre Ménard, qui a bien voulu, à nouveau, y accueillir l'un de mes textes. Le travail que lui demande cette revue n'est pas imaginable ; le résultat, une fois de plus, est vraiment stupéfiant...














Reprendre à huit années d'écart un même trajet pour des raisons très différentes (la première fois, pour aller chercher son enfant chez la nourrice, la seconde fois, parce qu'on se trouve en résidence d'écriture) ; tenter de se réconcilier avec le quartier ; voir ce qui, au fil du temps, s'est déplacé, modifié, en soi et le long des rues : tel est le fil conducteur de Au 103 bis, tentative de description d'un trajet perpendiculaire à celui de Fenêtres Open space, projet entamé il y a deux ans et dont Pierre a bien voulu publier les premières pages. 
Il s'agit d'un texte dont je ne sais si je le terminerai un jour, même si je l'ai déjà lu en public, d'abord à la librairie Texture, à Paris (laquelle se trouve au centre du quartier dont il est question) puis à la bibliothèque de Montreuil l'an dernier, devant des lycéens avec lesquels j'avais, justement, travaillé sur le thème du trajet. La publication en revue (surtout celle-là !) incite cependant à rouvrir le fichier, donne envie de poursuivre. On verra...

jeudi 5 janvier 2012

Morceau de rue, par Joachim Séné















Saccades du retour à zéro, le trottoir déroule les mêmes murs à cinq cent mètres à la ronde, des mètres tout droit qui tournent en rond puisque, toujours, je parcours la même rue, toujours tout droit.
Cinq-cent kilomètres de ville plus loin, un trottoir, c’est toujours droit un trottoir : la ligne du caniveau et le plan des immeubles à angles droits, frontières et guides.
Et le temps, lui dont on croit qu'il file droit, il doit tourner en rond par angles cassés, toujours à changer de direction : l'indécision infinie des pas, l’incertitude des secondes. Je suis toujours là, au même point dans le temps, dans cette rue, quelque part à marcher.
Le trottoir déroule les mêmes murs, les mêmes portes verrouillées par le même code immeuble (528F3), les mêmes fenêtres avec les mêmes intérieurs derrière, les mêmes vies, qui sait si moi aussi je ne suis pas derrière une de ces fenêtres tandis que je marche devant, à me regarder dans la rue marcher tout en me regardant derrière la vitre, penché sur quelque ouvrage manuel de précision ou lisant Baudelaire.
L’impression que je remonterai toujours le long des mêmes vies, ces vies plaquées sur les façades des immeubles, ces vies qui passent à côté de moi, et moi-même leur passant devant, sans m’arrêter, et chaque jour identique au précédent qui est le prochain, jusqu’au banal d’une telle pensée tournée et retournée comme une boule noire dans la gorge et qui enfle comme je marche.
Je suis mes propres pas chaque jour en boucle, saccade du retour à zéro, je suis la trace laissée avant, je suis l'être, je hais le suivi, ce mot gluant, dont on ne sait s'il suit ou est et moi avec, ne sachant if I am.
Tout en remontant cette rue qui n’en finit pas de me voir la remonter, je lis cette affiche sauvage, streetart éphémère, qui représente un mouton et, peut-être, la devise de son espèce : « je suis ceux que je suis. »
Façon tapis roulant, je ne me déplace peut-être pas, la rue seule file sous mes pieds, une main géante tire le tapis quelque part, au loin, derrière moi, cherchant à me faire trébucher, mais je marche de plus en plus vite, jusqu’au bout de la rue, bout du monde, un petit monde de maintenant, ce maintenant qui me voit lui marcher dessus.
Et puis il y a toujours des visages que je crois reconnaître. Faces à contresens filant droit, yeux tournés vers rien ou pas tournés du tout, guidés par le bout de la rue derrière moi, c’est à dire là d’où je crois que je viens, vers là où la main géante attrape le rouleau de rue, eux ils y vont droit, dans cette main, point virtuel au-dessus du vide de la rue secouée, morceau de feuille volant, remuements autour de moi.
Il y a sans doute quelque part ce bout libre de la rue que je veux pour destination, avec en chemin toujours ces visages que je pourrais jurer avoir déjà vu la veille ou il y a un an, au même endroit c’est à dire ici, cette rue ; au même moment c’est à dire maintenant, ce trajet quotidien.
Ma destination me sera toujours dérobée par un passage clouté de plus à traverser, par une agence immobilière de plus à ignorer, par un autre distributeur de journaux gratuits à éviter, par un passage clouté de plus à traverser, par un mendiant de plus dont personne ne lit le carton, par une bouche de métro de plus à ne pas emprunter.
Il me faut bien revenir, saccades du retour à zéro, et je dois être, parfois, sur le chemin du retour, et voir à l’envers se dérouler la bobine de la rue et son décor de vitrines, de portes-cochères, de plaques de médecins, de numéros pairs ou impairs… Les numéros, les nombres, voilà peut-être, l’issue… Leur ordre à observer et il ne me resterait plus qu’à compter ou à décompter pour savoir où je vais, pour savoir si je viens ou reviens, si ça s’arrête, quand ça s’arrête, compter pour savoir, savoir pour compter, continuer longtemps comme ça et comment faire autrement que :
un
trois
cinq
sept 
neuf
neuf bis
onze
treize
quinze
dix-sept
dix-sept bis
dix-neuf
vingt-et-un
vingt-trois
vingt-cinq
vingt-sept
vingt-neuf
trente-et-un


*


J'ai rencontré Joachim Séné lors d'un atelier d'écriture de Pierre Ménard. Je me souviens d'un texte sur la déambulation où surgissaient des miroirs. Je me demandais, tandis qu'il les lisait, comment il avait pu imprimer un rythme, ce rythme-là, aux phrases à peine écrites, moi qui ai souvent tant de mal avec le premier jet...
J'ai véritablement découvert son travail lors d'une soirée de lectures à Château-Landon ; ai lu très récemment, et vous conseille, son dernier livre paru chez publie.net : C'étaittentative de résistance à l'open space dont je me sens particulièrement proche. 
C'est donc avec grand plaisir que je participe aux vases communicants en sa compagnie aujourd'hui. Nous sommes partis de l'idée d'une rue qu'on remonte indéfiniment. Voici la mienne.

Décor Lafayette #19
















passent l'homme en costume, lunettes, vélib, la femme à jupe longue, robe rouge à rayures ou costume vert tendre, les centaines de jambes en jean

mercredi 4 janvier 2012

Décor Lafayette #18















Repère : la terrasse des Galeries Lafayette


Photo : quatre hommes en noir, gabardine et melon, de dos, sur le toit de l'immeuble d'en face 

mardi 3 janvier 2012

Décor Lafayette #17















Repère : la rue La Fayette, après bifurcation


Cette piste : le laisser loin dans son petit matin, celui qu'on a croisé devant le tabac. Ne pas lui avoir parlé, l'avoir regardé, simplement. Qu'il vous ait regardée aussi, des pieds à la tête, même, sans gêne, et que dans ce regard, plus vertical qu'enveloppant, tout le corps ait été contenu.

lundi 2 janvier 2012

Décor Lafayette #16




















Elle marche silencieuse dans les galeries de bois, en a pris l'habitude, n'y croise jamais personne. Au-dessus de sa tête une verrière qu'elle frôle - c'est un ciel en toit double, six dais de papier peint que les oiseaux traversent.

dimanche 1 janvier 2012

ne saurais donner un titre à ce post
















mais ce premier janvier, lu Claude Favre
















il suffit de cliquer sous les couvertures pour
















la découvrir
et cliquer ici, aussi qui nous envoie , , , où ça remue, dit, danse, scande, critique
auquel j'ajoute ceci, à dérouler, cristallisation du souvenir, 15 octobre 2011, lire en suspens son texte, cinq minutes gravées 
elle dirait 
pan plein coeur.