l'horloge de la gare de Chartres

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lundi 30 avril 2012

Décor Lafayette #32




















repère : rue La Fayette


Du monde, tant de monde massé devant elle et elle qui se mêlait à ce monde, l'attirait, le jetait, reprenait sa place sur scène. Depuis dans le quartier on la reconnaît et les passants en la croisant la voient partout. Tout à l'heure, sur le boulevard Haussmann près du 1, rue La Fayette, ils se multiplieront. Ils lèveront la tête, la détailleront, elle le sait. L'écouteront peut-être. C'est tout ce qu'elle espère.
Pour l'instant, il lui faut du calme. Le désir qu'elle suscite l'encombre.

vendredi 27 avril 2012

Cinq ans de Fenêtres















C'était donc il y a cinq ans jour pour jour : je décidais de créer un blog "autour" de Fenêtres / Open space, livre à peine paru, que je voulais accompagner. Non pas vraiment pour le rendre visible, le promouvoir lors de sa sortie (on ne peut pas dire qu'il m'ait fait gagner beaucoup d'argent !). Mais pour le suivre dans la durée, voir jusqu'où il me conduirait, comment il se débrouillerait. Garder une trace de ce qu'il m'offrirait de vie supplémentaire. 















Il m'a conduit à Marseille, où je vais retourner le mois prochain - grâce à lui, toujours. M'a permis alors de rencontrer Jean-Marc Montera, qui a mis ces Fenêtres en musique, opération renouvelée trois ans plus tard à Montreuil.



















M'a conduit à Montreuil, justement : l'idée de la résidence de l'an dernier est née à l'époque de sa parution.
Et à Sciences Po Paris, dans l'atelier de Pierre Ménard.
A Limoges, est parti sans moi, étudié à la fac de lettres.
S'est retrouvé dans la vitrine de la librairie Le Genre Urbain, à Belleville, l'an dernier, grâce à la paysagiste Sophie Barbaux.
Etc.
(pour un résumé des années 2000, voir ici)



 











Il m'a donné envie de créer ce blog, lequel, à son tour, m'a entraînée ailleurs que sur la ligne 2 (voyez la rubrique "fenêtres du monde entier").
































C'est pourquoi je remercie tous ceux qui, en cinq ans, ont visité ces pages, les ont commentées, m'ont envoyé des photos de fenêtres (dont des rondes), sont passés parce qu'ils cherchaient l'adresse de la librairie Longtemps, située en bas de chez moi (elle n'a pas de site : l'article qui la concerne est la star incontestée de ce blog !).
Ceux qui lisent les crossroads.
Ceux du RER C.
Ceux qui ont suivi la série des lectures d'enfance (elle commence ici).
Ceux qui viennent des vases co.
Ceux qui veulent du double-vitrage.
Ceux qui ont débarqué parce qu'ils étaient en quête : 
d'un résumé du Père Goriot (or non)
de cowboys à poil (pas plus)
de plages de nudistes (ah oui, voyez à Berlin)
de quelques images de Berlin, justement (série : Berlin I, II, III, IV, VBerlin dernière)
ou encore














d'infos sur les dix ans de remue.net, les orgues de Flandre, les tables qu'on sort du siège du TGV, la gare de l'Est, la gare du Nord (si dangereuse...), le métro Jourdain, Gravelines ou Boulogne.


















(sur Mer)
Merci à ceux qui ont tapé Je ne sais pas qui c'est, ont atterri ; ceux qui ont aimé le bazar de mon bureau ; celle qui, ancienne conductrice de la 2 et que je connaissais à seize ans, m'a fait voyager en RER A ; ceux qui ont suivi le montage/démontage de la villa Arpel en lisant mes posts ; les libraires des Buveurs d'encre qui à chaque sortie ont été présents. 















Tous ceux qui me soutiennent depuis cinq ans, ici ou ailleurs, à qui je dois tant. 

*
Photographies (dans l'ordre) :
vitrine de la rue La Fayette ; fenêtre de Marseille ; terrain vague de Montreuil ; fenêtre de Lisbonne (Piero Cohen Hadria) ; fenêtre du Luberon (Alain Pierrot) ; fenêtre de Bruxelles (Florence, de la bibliothèque de Montreuil) ; fenêtre avec ciel (de Christophe Grossi, dont je découvre ce matin la belle balade berlinoise) ; verrière d'Orsay ; fenêtre de Boulogne-sur-Mer ; coucher de soleil de Clichy-sous-Bois.

vendredi 20 avril 2012

Décor Lafayette #31
















Qui regarde ? Autant le dire tout de suite : on ne sait pas qui c'est.
Mais c'est écrit tentée.
Une femme vient d'apparaître.
Il n'y a pas de temps à perdre.
Songer que c'est une femme, que l'on suit maintenant dans la rue La Fayette, et ne pas l'oublier.

lundi 16 avril 2012

Décor Lafayette #30




Repères : 
Les Femmes aussi, William Klein aux grands magasins, reportage de 1964.
Ci-dessous, trois extraits de Décor Lafayette issus de deux chapitres différents.


*


Le premier jour, elle n'est pas maquillée, déambule en manteau et col blanc à la recherche d'un visage, d'une femme à qui parler. On sent qu'elle fait son possible pour ne pas qu'on la reconnaisse, pour que s'estompe en elle l'actrice dont la voix porte. Casque d'Or n'a pas sa place dans les grands magasins. Signoret non plus n'y va presque jamais, ou alors en courant, précise-t-elle. 
*
Au grand magasin son visage se mêle aux autres visages.
*
Autre champ, autre lieu : un café, en salle, le long de vitres donnant sur la rue. Cette fois, celle qu'on questionne, c'est Simone Signoret. Klein se tient à table face à elle. On distingue un bol et un broc, de lait, d'eau chaude, c'est l'heure du petit déjeuner sans doute. La caméra ne montre qu'elle, de profil une fois de plus. S'approche. Au début défilent les passants, les deux-chevaux en arrière-plan. Très vite, on est au plus près de la peau.

*

Merci à François Bon d'avoir fait mention de ce projet Décor Lafayette X 100, issu du texte du même nom, dans sa recension dominicale des blogs - et surtout, merci de ce qu'il en a dit.

jeudi 12 avril 2012

Crossroads/17















Ce sont les "décors" qui se croisent, en ce moment, avec intensité. Ca aurait dû être le cas depuis le début, janvier 2009 où j'ai entamé au Cent Quatre ce projet de trois livres écrits simultanément mais, bien sûr, rien ne s'est passé comme prévu (prévisions floues, rêveuses, il faut avouer). Le décor III, Dita Kepler, a pris toute la place, tandis qu'on ne pouvait le lire nulle part. Il fallait venir m'écouter, à date fixe, pour savoir comment, en quoi, mon avatar se transformait. Ce n'est plus tout à fait le cas depuis, je l'ai déjà dit : DK est de temps à autres accueillie - pour comprendre ce projet de livre qui ne sera jamais un livre, j'en ai la certitude maintenant, je vous invite à suivre ce lien et à lire le début du texte. 
En ce moment, Dita est ici, par intermittences, devrait se déplacer au sud.

Le décor I, lui, est terminé : c'est Décor Lafayette, écrit à Montreuil l'an dernier, que j'espère sur ce blog multiplier par cent. Il est par ailleurs en attente, en suspens, dans l'espoir d'une réponse de votre part. Attendre, c'est s'envahir l'esprit, chasser des pensées tout le reste, dont le sud cité plus haut. Pourtant, outre le déplacement de DK, un trajet #ParisMarseille devrait commencer d'obséder, projet mené à deux, censé progresser avant le 19 mai. Laisse venir, dit mon copilote. Il a raison. 

Mais comment ? Car le Décor II se réinvite. Il s'agit de Décor Daguerre (Varda, ses Daguerréotypes, et comment écrire à partir du film, en faire autre chose) dont je ne me préoccupais plus beaucoup, c'est vrai, le trouvant moins excitant que les deux autres, lesquels fonctionnent maintenant selon une structure parallèle (là, il vaut mieux me croire : c'est invérifiable !). Je n'y pensais plus mais voilà, il y a un dossier à monter : que choisir parmi les dix projets de plus dont je vous fais grâce ? Une journée pour se décider. A Montreuil je regarde par la fenêtre et voilà : au-delà des travaux, du chantier près de la mairie, la rue Daguerre réapparaît.  

Avant de m'y plonger, je ne sais jamais pourquoi je fais les choses.

Entre les trois décors il y aura eu les Oloé, puis Autour de Franck ; la ville haute, le journal de publication (qu'il faudrait terminer...) ; du Tapage nocturne (à écouter en juin dans le prochain d'ici là) ; Claire Dolan et Roma ; les vases co et les posts ; le journal de la nage ; ce que j'écris sans faire lire ; et tous ceux que je lis, que j'aime, ici ou là (ici et là serait plus juste).

lundi 9 avril 2012

Décor Lafayette #29















repère : 
LM, extrait d'abécédaire, présent dans la seconde version de Décor Lafayette


L
lait corps ; lampadaire ; lampe ; layette ; legging ; linge (de maison, de table) ; lingette intime ; lit ; livre (de cuisine) ; lotion (aux résines tropicales ; tonique aux fleurs, au pamplemousse) ; lubrifiant intime ; lunette (acier, rose) ; lunettes de soleil (aviateur, pilote, masque, ovales, rectangulaires, oversized, gun, griffées, unisexe, ambre, écaille, caramel, olive, ivoire, anthracite, bronze, dorées, argentées, grises, orange sanguine, marron strié, à branches « boucles de ceinture », strassées, tressées, aux verres ajourés, verre organique, en polycarbonate, minéral) ; libido vitamines

M
maille ; maillot de bain (1-pièce bustier, 2-pièces, 2-pièces armature ; 2-pièces bandeau, 2-pièces triangle, trikini) ; manteau (à imprimé graphique, en soie) ; mascarat ; masseur sans fil ; montre (montre-pendentif -façon gousset-, montre porte-clés, montre gourmette, montre guitare, montre quartz, en cuir, à clapet pivotant, à bracelet souple façon « écaille de tortue », à bracelet façon corne, à bracelet manchette - incrusté de cristaux, plaqué doré -, à bracelet double croisé, à maillons en acier, à maillons façon tigre, à cadran carré, à cadran miroir) ; manchette ; masque (à l'argile rouge, aux résines tropicales, contour des yeux et des lèvres, givre) ; menottes ; mocassins ; mousse crème nettoyante démaquillante 

vendredi 6 avril 2012

La planète des riches, par Gilda Fiermonte















Il m'a payée en retard, le patron, la période est très dure, plus tôt n'était pas possible, lui-même, parfois, ne se paie pas. Et je m'en serais foutue, car en lui j'ai confiance, si ce léger décalage n'avait transformé mon impécuniosité chronique en débit abyssal.
J'ai dû lui demander, à peine le chèque en main, si je pouvais courir le déposer.
Il avait par ailleurs besoin d'un livre en anglais, le détour entre ma banque et une librairie spécialisée n'était pas si grand, j'ai proposé de m'en charger. J'aime joindre l'utile à l'utile et éviter les dépenses d'énergie que l'on peut s'épargner.

Il faisait beau. 

Quoi qu'un peu froid.

Deux librairies anglaises se tiennent rue de Rivoli. Une fois réglé mon tracas financier, j'ai tout naturellement emprunté la rue du Faubourg Saint Honoré. Plus encore que l'avenue des Champs Élysées avant que d'y travailler (ou tout comme), c'est un de ces points de Paris où je ne vais jamais. 

En trois pas j'aborde un autre monde. Une autre ville. Une autre époque peut-être. Qui sait ?

Il y a cette zone protégée car tout contre l'Élysée. Comme au pied des prisons, le piéton est malvenu qu'on envoie d'autorité cheminer de l'autre côté. La précaution est légitime, il n'empêche que ça surprend lorsqu'on avance conscience tranquille et rêveusement.

Plus loin ces dames, vêtues avec recherche, ce qui ne veut pas dire élégance, perchées sur d'étrange souliers conçus pour tout sauf marcher, et qui font file devant une boutique comme pendant la guerre les bonnes gens pour leur pain. Marchand réputé d'escarpins.

Je n'ai jamais croisé dans ma vie que deux femmes "normales" (i.e. ni danseuses professionnelles au maintien parfait, ni mannequins anorexiques aux jambes interminables) que des chaussures perchées rendaient gracieuses et légères. Les autres, moi incluse si j'essayais, deviennent cousines podologiques des dames hippopotames de Fantasia   que leurs pointes n'allègent pas ni leur tutu n'affinent.

Une autre boutique s'orne d'une file d'attente, leur épargnant de me faire honte, j'ai détourné les yeux. 


La rue Boissy d'Anglas quoique dûment fermée par des barrières, accueille, semble-t-il, le tout-venant des piétons. Je m'y précipite : francilienne de longue date, ce n'est pas tous les jours à mon âge avancé, que je parviens à fouler les pavés, apparents ou recouverts, d'une rue jamais empruntée.  

L'impression de vacances m'a attrapée comme ça : j'étais en pays inconnu, dans une ville d'ailleurs, en Inde peut-être, un quartier chic, dans une ville écossaise, ou bien à Amsterdam si lointaine à présent (un seul week-end, bientôt 30 ans), mais sans doute ni Kiev ni Moscou, et malgré quelques jeunes touristes nippones qu'un gardien de la paix ose réprimander d'un geste pour une photo de leur hôtel qu'en sortant elles prenaient, certainement pas Tokyo.

Autour de moi, on parle anglais.

J'ai laissé le rêve s'agrandir, d'un voyage que j'effectuais avec l'homme de mes pensées. Fatigué par le périple, il m'attendait à l'hôtel délicieusement désuet où nous étions logés. J'arpentais donc seule la ville mais ça ne saurait durer. 
Il venait d'ailleurs de m'envoyer un message - un mail que j'ai reçu, dans l'étrange dimension de la réalité -, hélas sérieux et très concret. Le songe alors s'est achevé et ce qu'il abritait : le voyage imaginé.

Ce n'est soudain plus que Paris, bribe d'un quartier chic, que je n'avais jusqu'alors jamais explorée.

Sont apparus à froid les passants de cette rue très surveillée pour ce qu'ils étaient : des touristes au travail, chargés de sacs prestigieux, chacun représentant plusieurs trimestres de mon salaire, rien d'indispensable, jamais. Peu semblaient joyeux, pestant sans doute en leur for intérieur contre les limitations de circulation qui bloquent le passage des véhicules non motorisés ; ils souffrent sous le poids concret de leurs nouvelles possessions et sans vergogne je pense Bien fait !

Je ne suis pas capable de comprendre leur vie, pas davantage qu'eux de saisir la mienne et d'ailleurs aucun d'eux ne m'a regardée malgré mon allure inhabituelle (négligée ?) pour ces lieux étrangers.

Le chèque que je viens de déposer pour un mois d'efforts valeureux (mais heureux), ne représente pour eux que trois paires de chaussettes, quatre si elles sont d'été.
Mais la liberté, c'est moi qui l'ai. 
La place de la Concorde s'ouvre devant moi, j'ai cette course simple à faire, un vieux classique anglais ; rien ne pèse, ni ne presse. J'ai pourtant quitté vite  l'ancienne rue de la Bonne-Morue .
La planète des riches n'est pas l'endroit pour moi.



Gilda Fiermonte


*

J'ai connu Gilda par le Petit journal, puis nous sommes devenues amies. Je lui dois mon actuelle #viederelectrice, située dans le quartier dont elle parle ci-dessus, planète devenue le thème, on l'aura compris, de nos vases communicants d'avril. 
D'habitude, de cette vie je ne dis jamais rien. Cependant, s'il y avait un bien endroit où placer ce texte, c'était chez elle, évidemment - elle que je ne croise pas au hasard, entre Franklin Roosevelt et Saint-Philippe-du-Roule, mais au contraire rencontre chaque semaine dans un lieu bien précis : sa librairie. Je profite de ces vases co pour la remercier (de son accueil, de sa générosité, de son attention, de tout ce qu'elle sait...). Et remercier aussi, au passage, le passant de mon texte, homme d'italiques.

lundi 2 avril 2012

Claire Dolan, ciel




















On ne voit rien, n'est-ce pas ? C'est sombre, abstrait, on ne devine pas l'homme de dos, le toit du taxi, la fille qui s'éloigne, la barre d'immeubles où elle vit. Pas plus que la portion de ciel : losange coupé, poteau électrique.
On ne voit rien.
Pourtant, il s'agit d'un bout de vraie pellicule, Claire Dolan par deux fois brisée, recollée, remontée ce vendredi soir au Méliès, pan de ciel qui tombe, invisible à la projection.
Ce que l'on voit, c'est la déchirure.
Merci au Méliès de m'avoir, après la lecture, offert ces images. Hasard de la chute, elles me correspondent (et à la lumière, bien sûr, on voit tout : un luxe).