l'horloge de la gare de Chartres

l'horloge de la gare de Chartres

jeudi 29 mars 2012

dans le décor, sur la route















Fin, expédition, course, hop, sortie de route, envoi, arborescence et ramifications, virages, puis, tracer droit, c'est la rue qui nous tient, de la bifurcation il est beaucoup question. S'extraire, gravir, faire place nette, nettoyer le chantier, attendre sur la butte, attendre, mauvais signe. 

Pendant l'attente, penser à autre chose qui déjà se construit. 

Attendre et voilà, hop, sortie du décor, finalement c'est non, ton décor c'est non il ne fait pas histoire, le décor dans le décor et soi penser que si, et voir bien comment, et pourquoi, et jusqu'où. Et ne pas faire d'histoire mais l'englober toujours et regarder devant. 

Voici par exemple un poème pour la route, pour enfants, retrouvé à l'instant, où un enfant assis à l'arrière d'une voiture disait : 

Trouvé des traces de pas dans la neige sur les toits (si) / un hibiscus ou deux / une pente / une feuille (j’ai pensé au Japon que je ne connais pas) / sur la pente une ardoise / sur la feuille une guêpe (pourtant c’était l’hiver) / sur l’ardoise une plume / la guêpe était partie / j’ai regardé le ciel / les cheminées les toits (la guêpe n’y était pas) / j’ai compté les enseignes / les antennes les plaques / j’ai lu tous les slogans / les panneaux de sortie / j’ai tout trouvé, promis / mais tout m’a échappé / tout m’a glissé des doigts

ceci n'a rien à voir avec cela
pas plus que l'absence de banc à Colonel Fabien photographiée ci-dessus

dimanche 25 mars 2012

Ecrire avec le cinéma

est l'un des thèmes de Hors Limites cette année. 

Merci encore au Méliès de Montreuil et au festival qui, tous deux, m'ont donné l'occasion de lire mon texte sur Claire Dolan, paru chez Inculte, après projection du film. Pousser les portes à battants, découvrir la salle, rangées de fauteuils rouges comme on l'avait imaginé ; penser que c'est là, devant l'écran, qu'une heure trente plus tard les choses s'enclencheront par la phrase, prononcée au micro, On dira ce qu'on voudra de Claire Dolan (vingt minutes, un quart d'heure peut-être, à lire sur le ciel et l'absence de ciel) tandis que, devant, les spectateurs ont encore en tête le visage de Katrin Cartlidge, les regards, le corps de Vincent d'Onofrio, les brèves paroles du mac, la succession de façades, New York, Newark, la violence des échanges : un vrai cadeau. Je n'avais évidemment pas imaginé, en l'écrivant, qu'un jour les choses pourraient se passer ainsi.

Merci également à ceux qui sont venus, nombreux, découvrir ou revoir ce film. Lors de la petite discussion qui a suivi, j'ai mentionné deux autres textes écrits l'an dernier "sur" deux autres films ("avec" serait plus exact). Pour ceux que cela pourrait intéresser, voici les liens qui mènent vers les sites ou revues les ayant accueillis : 

tout d'abord, Roma, Rome, texte paru initialement sur le site Urbain trop urbain, puis dans la revue Quai des lettres, que l'on peut donc lire en ligne en cliquant sur le titre. Ci-dessous, un extrait (tronqué, mal cadré, mais enfin...) de la scène de Roma de Federico Fellini qu'il évoque : 


Ensuite, un lien vers la revue numérique d'ici là 7, pour laquelle j'ai écrit un texte intitulé Juste avant, inspiré par Rien à faire de Marion Vernoux, dont vous trouverez ici la bande-annonce. En voici également un extrait, le seul qui soit disponible, situé... "après" (que quelque chose se concrétise entre les personnages)(c'est pourquoi je vous conseille de regarder la bande-annonce avant) : 


J'y ajoute une scène qui se trouve explicitement dans mon dernier manuscrit en date, Décor Lafayette (Fellini, encore, mais Casanova cette fois), texte situé dans les grands magasins parisiens, mais dont on peut voir, en regardant l'extrait, qu'il lui arrive de s'en éloigner :)



Depuis, le désir renouvelé d'écrire "avec" le cinéma, bien sûr...

jeudi 22 mars 2012

Claire Dolan au Méliès : c'est vendredi à 21h

Je le dis à nouveau car le programme papier du festival Hors Limites ne mentionne pas la bonne date ni le site le bon horaire : la projection de Claire Dolan, de Lodge Kerrigan (qui se fera sans lui), suivie de la lecture de mon texte, c'est demain soir, vendredi, à 21 heures au cinéma Le Méliès, à Montreuil, métro Croix de Chavaux. L'entrée coûte 4 euros, ce que j'ai appris hier (obligation légale, ai-je compris). 


Claire Dolan est le deuxième film du cinéaste américain Lodge Kerrigan. Situé à Manhattan et à Newark, il suit le trajet une call-girl endettée, aux identités multiples, qui cherche à changer de vie. On peut trouver ici une critique détaillée du film, comprenant un lien vers un entretien avec le réalisateur, et là, un extrait en anglais.
Mon texte, paru dans la revue Inculte l'an dernier, s'intéresse à ce qui est montré, ou caché, du ciel à l'écran.

mardi 20 mars 2012

à l'atelier

Ce qu'il reste d'une vie dans cet atelier où la mémoire fuit c'est encore et toujours l'amour d'une ville, de qui vous a donné de l'attention, la danse, la promenade. Ce qui, pensait-on, ne se raconte pas.

Elle dort, il lui tient la main. A ouvert les yeux aujourd'hui : ils étaient bleus. De son fauteuil, juste à côté, elle l'écoutait parler d'Hanoï. Se rendormait. Lui savait qu'il n'y retournerait pas, dans sa ville natale, pas pour le moment a-t-il ajouté - pour garder présent ce désir, s'est-on dit en sortant, admirant la souplesse, l'équilibre, la sagesse de la phrase.
Dehors, soleil, retour à la bibliothèque de Montreuil, point d'ancrage toujours.



















A l'atelier, de nouveau, Maison des vergers : 
Le père était autoritaire, comprend-on (et radin).
Je n'ai pas eu de frères et soeurs, regrette l'une des participantes.
En sortant de l'école, il n'était pas question de traîner.

Après les plaisirs retrouvés, les regrets affleurent en fin de séance (aujourd'hui c'est zéro, vlam, lance l'une), accompagnés de cette idée d'avoir eu une vie simple, de n'avoir rien à raconter. Dire quand même les champs, les travaux servant de distractions, cueillette et jour de marché. Le marché aux puces, tiens, se souvient celle qui a grandi à Montreuil.



















Dehors, soleil, la ville qu'on ne veut pas quitter. Nos jambes en marche. Nos pensées. Leurs mots.


*

Atelier est un mot au long cours, ici, à Montreuil, qui signifie aussi bien l'endroit d'où je vous écris (atelier de la bibliothèque) que séance d'atelier d'écriture (au lycée horticole ou à la maison de retraite dite des Vergers) (ce qui est donc le cas ici). 

dimanche 18 mars 2012

lire écrire relire réécrire nager

lire par fragments ou en entier
relire un roman (ou plutôt des passages) qui fut déterminant à dix, quinze, vingt ans
lire un seul mot
lier les phrases
relire les siennes
et encore et encore et encore jusqu'à ce que plus rien ne bouge
ou alors laisser du jeu
lire des inconnus
pas de préface pas de résumé on ne sait rien 
léger vertige : aura-t-on un avis ?
relire pour être payée
se fixer sur des points de grammaire
parler structure surtout ne pas se hasarder plus loin
ne rien dire
laisser le dos les doigts faire le travail sur le clavier
les heures passent et le soleil tourne
lire ensuite pour soi dans le métro 
Tangente vers l'est de Maylis de Kerangal par exemple
prendre la tangente, oui, après les trois heures de relecture à taper sans rien dire
rentrer et relire son texte
version 1 version 2 les changements je les arrête quand ?
écrire son journal penser ce n'est pas de l'écriture tant mieux
lire son courrier 
préparer l'atelier
lire à haute voix les textes des autres
préparer sa lecture
se relire à voix haute
chaque millimètre écran papier a son importance
lire et relire et écrire réécrire et un jour dire stop
j'envoie
fichier pages qui s'accumulent
demain je passe à la poste

et pendant ce temps-là plus d'images 
l'appareil-photo ne veut plus rien savoir
laisser le manucrit dans sa pochette rouge

aller nager

mardi 13 mars 2012

Décor Lafayette #28















repère : du dernier étage, avec vue


Guetteur, écoute et sois un peu patient. Si, sans rien attendre, sans rien en conclure tu te penches encore à la fenêtre tu verras de très haut, de plus haut que tu crois le parking à voiture unique, les toits plats, une plage de pierres contre la mer pétrole. Tu suivras des yeux un cycliste, un train, l'écume de ce que tu ne nommeras pas, faute de savoir ce que c'est. Tu confondras le cerf-volant et le rapace, le bateau et le requin. Tu ne sauras plus désigner. Tu te laisseras porter par les formes, le mouvement. Tu domineras et cela ne voudra rien dire. 

samedi 10 mars 2012

Décor Lafayette #27




Nous voilà presque arrivés en haut. Devant les restaurants on entend maintenant le cliquetis des verres, des couverts, des voix, des pas et des ordres : intense cette rumeur du sixième étage, compacte comme le fog.

Claire Dolan au Méliès le 23 mars prochain












s'il y a du ciel dans ce film











c'est la question que je me suis posée lorsque j'ai écrit pour la revue Inculte l'an dernier (Le Ciel vu de la terre).












Réponse, peut-être, en allant le voir à 20h30 le vendredi 23 mars au cinéma Le Méliès de Montreuil, grâce au festival Hors Limites qui m'invite à nouveau cette année (attention, à ce propos, sur le programme papier du festival, la date est fausse, tandis qu'elle est juste sur leur site). La projection sera suivie de la lecture de mon texte, Claire Dolan, hors champ.

J'en profite pour dire à ceux qui avaient suivi ma résidence à Montreuil l'an dernier que dans la liste des participants à Hors Limites, cette année, on retrouve deux de mes invités d'alors : le guitariste Jean-Marc Montera (toutes les infos ici) et Thierry Beinstingel (toutes les infos ).

(par ailleurs j'ai trouvé ces photos du film sur un site dont je ne sais rien, à vrai dire, mais que je remercie !)

mardi 6 mars 2012

ateliers















A Montreuil, ma résidence est terminée mais j'anime pour quelques semaines deux ateliers d'écriture : ce matin, première séance à la Maison des vergers, maison de retraite où la vidéaste Sabine Massenet interviendra également. Et jeudi, ce sera le lycée horticole, où je rencontre une classe de seconde (ils sont une petite dizaine) depuis le début de l'année. Le blog qui commence à regrouper leurs textes s'appelle Vers le jardin école. Comme l'an dernier avec les secondes du lycée Jaurès (toujours à Montreuil), j'ai commencé par leur demander de parler de leur trajet quotidien en décrivant une ou plusieurs photographies qu'ils auraient pu prendre, n'ont pas prise au moment d'écrire.

Deux petites infos avant de partir les rejoindre : tout d'abord, les textes des participants, à la Maison des vergers, devraient être accessibles sur le blog de celle-ci. Quant à la photo ci-dessus, elle a été prise, au lycée horticole, dans l'atelier destiné aux futurs fleuristes.

vendredi 2 mars 2012

Blind man sur le nom de nuit, par Ana Nb

du jour machine marche du jour machine crache du jour machine marche du jour machine crache du jour machine marche du jour machine crache


là - devant la façade / cette façade là - presqu'à la sortie de la ville – Blind man sur le nom de nuit - je compte vingt huit fenêtres - j'ai sept ans et sur l'œil gauche un pansement blanc comme Blind man – sur le nom de nuit -



c'est là - la route vers la fin de la ville – il faut quitter la ville – il faut quitter la place du roi - il faut quitter l'avenue du président américain - il faut quitter la rue du poète - il faut quitter les ruelles sombres -



en danger - je suis en danger de m'arrêter – là – là où je suis – à la fin presque de la /de cette ville – la ville n'a pas de nom – la ville ne s'appelle pas for + ever –


là - devant la façade / cette façade là – une fausse note à ciel ouvert


par là la route – la route au nom de nuit comme on dit nom de code nom d'un chien ou alors non je n'ai besoin de rien - ça s'appelle la route - la - route rouge -route rouge route rouge route rouge route rouge route rouge – route rouge

je suis en danger de m'arrêter - la route est là - à la sortie ou presque de la ville / de cette ville - peu importe le nom peu importe le nom de la ville le nom de ses charnières le nom de ses places - je veux marcher je veux danser maintenant -

et là – loin de la façade à vingt huit fenêtres – il y a une brèche dans le mur d'en face – et dans la brèche une lumière-

en danger – je suis en danger de m'arrêter de danser – la danse est ma marche – je danse - et le soulèvement léger du pas et la légère torsion du buste et la nuque – la nuque là - renversée-



J'ai découvert les textes vibrants de Ana Nb grâce au Petit Journal du Tiers livre et suis allée souvent depuis, sans forcément qu'elle le sache, lui rendre visite dans son jardin sauvage. C'est là qu'elle m'accueille aujourd'hui, jour des vases communicants. Nos deux hommes en marche s'y croisent, peut-être.
Merci à elle de m'avoir offert ce Blind man sur le nom de nuit, si beau, et d'avoir proposé ce thème. Magie des #vasesco et des rencontres qu'ils permettent, des textes qu'ils propulsent, de ce qu'ils donnent envie d'écrire.