l'horloge de la gare de Chartres

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dimanche 3 juillet 2016

Journal de l'été #1

L'idée m'est venue avant-hier de tenir ici un journal jusqu'à septembre, feuilleton un peu relâché qui mentionnerait les lectures, les sorties, les occupations d'un été parisien, studieux et fauché, tourné ou non vers une rentrée dont je ne sais pas ce qu'elle va être. De parler de ce qui a été lancé, se fera peut-être, ou pas, qu'il faut poursuivre ou laisser en suspens. Des curiosités. De la vacuité. Du trop-plein. De ce qu'il y a autour, ou dedans, ou ailleurs : quelque chose de l'ordre du vrac (le vrac, ça se dit ?) quand il faut construire tout le reste. 

 

Tout pourrait commencer par cette lectrice des Buttes-Chaumont dont on ne verrait que le dos, placée au bon endroit, qui n'entend pas les voisins. Le ciel n'a rien d'un ciel d'été, c'est pourquoi elle et moi pouvons profiter des Buttes, du frais, de l'herbe, du vent léger. 



Je lis ce livre, par exemple, Sporting club, offert par Yves, le libraire des Buveurs d'encre avec lequel je viens de monter un dossier de résidence pour l'an prochain. Monter un dossier, cela signifie avoir un nouveau projet d'écriture en tête et l'idée de tout ce qu'on pourrait proposer sur un an ; résumer sa vie son oeuvre ; établir la liste de ses publications, un dossier de presse, le budget ; rassembler, imprimer, photocopier un grand nombre de pièces ; ajouter deux exemplaires de deux livres qui ne vous seront pas retournés. Yves calcule que je passe 25 heures sur le dossier, lui 18. Nous le rendons juste à temps. Je vais même rue du Bac l'apporter en mains propres. C'est un moment très heureux : je traverse Paris mon dossier dans un sac en toile, il fait beau, doux, aucun obstacle ne se dresse. Les réceptionnistes du Conseil régional me vannent gentiment, ça n'arrive pas souvent, peut-être, l'auteur venu avec son dossier. Question d'économies (oui), d'assurance qu'il ne se perdra pas, mais aussi de liberté : celle d'avoir le temps de faire l'aller-retour, de s'asseoir dans un square, de regarder aux environs. Je passe près du Bon Marché qui ouvre, ah non, va ouvrir. Devant les portes des clients chic guettent les soldes. Je pense au décor Lafayette, bien sûr, mais aussi à Harrods où je suis retournée en janvier, grand magasin sur lequel finalement je n'ai rien écrit.  

 

(la preuve du dépôt du dossier, photo conseillée par le réceptionniste)

Dans le métro, un type regarde la couverture de Sporting club, premier roman d'Emmanuel Villin, épreuves non corrigées, mise en vente le 1er septembre. Durant ma lecture, je note ce qui m'intéresse égoïstement, pour mon propre livre : la piscine d'une ville qui ressemble à Beyrouth, bassin au-dessus duquel des avions passent bas.















Tout pourrait commencer et continuer par la lecture, l'écriture, la marche, la ville : voilà qui n'étonnerait pas grand monde. Lecture de graffitis, slogans des manifs où il m'arrive de me rendre seule, de rentrer épuisée par la violence physique, psychique, épuisement qui dure des jours. Pages web de journaux qui sont de moins en moins ceux qu'on retrouve en kiosques. Livres papier. Livres numériques et papier. Textes écrits à l'ordinateur, recopiés à la main. Légendes de photos. Mails pour trouver de l'argent, répondre à une offre, relancer. Ecrans.


















Surveillances est un livre qui m'intéresse en soi mais également "pour l'écriture", projet différent de celui qui m'a fait monter le dossier de résidence. Quoique. J'ai acheté Surveillances au Marché de la poésie, lieu où j'ai également bu un verre avec mon nouvel éditeur, tchin, top là, retrouvé des amis. Nous revoilà rive gauche, tiens, après la rue du Bac c'est maintenant Saint-Sulpice, sans compter la rue de Rennes bloquée d'une manif, trois façons d'envisager un quartier de la ville et chaque fois l'écriture au centre - comme il est étrange d'aller seul en manif quand on est écrivain, c'est-à-dire rien (l'écriture n'est pas un métier affirmait, péremptoire, l'encadré d'un livret destiné à ceux qui veulent accueillir un auteur en résidence, livret parcouru l'autre jour, j'avais envie de mordre). 

 













Je pensais faire court, l'article est déjà long. Nous en étions au dossier rendu. Prendre le métro et se dire, voilà, je balaye d'un geste le projet pour la résidence, je reviens à ce que j'ai à faire, mon livre en cours sur Marilyn Monroe. Oui, mais, il y a encore L'aiR Nu, Une ville au loin le site, le financement participatif qui m'occupe l'esprit, Une ville au loin le livre, qui paraît d'ici quelques jours...
Pour Ulule, il faut envoyer des mails, demander, expliquer, il y a la joie devant les réactions de ceux qui aiment notre page mouvante, de ceux qui font grimper le montant des dons. En même temps, j'ai peur qu'on n'y arrive pas, les délais sont courts, ça m'obsède un peu. Tout ce qu'on pourrait faire, si ça marchait, et l'élan que ça nous donnerait ! 
En attendant,  il faut écrire.

 













 
Heureusement, Marilyn is everywhere, même au plus kitch, même jetée à la poubelle (photo de M, que je remercie).

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bel idée que ce carnet d été cela nous aidera à vivre à distance...

Anne a dit…

Merci !

Abbeyrouth a dit…

Marrant, dans mon prochain roman il ne sera plus question d'avion et de piscine, mais de métro ! Bien à vous. EV