"J'ai refermé la porte, j'ai éteint ma lampe de poche, je me suis assise sur la marche de l'escalier. J'ai distrait un chagrin d'enfant qui subsistera dans ma peau. Je me suis élancée avec les rails s'échappant des villes et des gares. Le rail est le chemin le plus concentré, le plus dépouillé. J'ai marché sur un rail pour ressembler au funambule dont la promenade est arrêt de vie et arrêt de mort. J'ai eu la nostalgie du balancier qui est la chose la plus humaine dans le monde de l'acrobatie. Quand je faisais dix pas convenables sur la rigidité, j'avais une conscience d'acier. Je marchais là-dessus comme un héros qui va droit avec son avion."
Violette Leduc, Je hais les dormeurs, éditions du Chemin de fer, pages 44-47.
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