Un train arrive à quai. Il est lent déjà, mais quelque chose de la vitesse accumulée est encore à l’avant : un souffle, une haleine, un appel. On regarde les roues, les rails. Il y a cette énorme masse qui arrive, qui renâcle à stopper, mais ce qu’on regarde c’est dessous. On regarde dessous parce que c’est de là que se met à hurler la vitesse accumulée. Ca hurle, ça grince, et on se dit, pour que le grincement cesse il faudrait que quelque chose vienne nourrir ce baiser trop sec, métal des roues sur métal des rails. Un corps, par exemple, un corps étoupe étoufferait ce cri, cet appel de la vitesse à se faire nourrir encore de quelque chose.
Un train arrive, il arrive toujours vers soi.
Un train lancé à pleine vitesse ne nous concerne pas, ne nous demande rien. File file dans le loin, dans le rien.
Mais celui qui vient comme ça, s'épuiser à nos pieds... Ce serait comme une compassion qu'on lui devrait.
Un train qui arrive est fait pour le prendre. Il a cette manière, persuasive, de nous en indiquer une différente de celle qu'on avait prévu. Il creuse sous lui, dans la lenteur, la possibilité d'un nid où se jeter.
Sans désespoir, et par pure inattention, pour faire plaisir en quelque sorte, pour répondre.
Alors, reculer d'un pas.
(Nous n'avons plus de mât, nous n'avons plus de cordes, et nos sirènes, ma foi, sont bien peu girondes)
Texte de Cécile Portier, qui prend ma place comme je prends la sienne, en ce premier vendredi du mois, jour des vases communicants.
Les autres participants (merci à Brigitte Célérier pour le recensement) :
François Bon http://www.tierslivre.net/ et Daniel Bourrion http://www.face-terres.fr/
Michel Brosseau http://www.àchatperché.net/ et Joachim Séné http://www.joachimsene.fr/txt/
Christophe Grossi http://kwakizbak.over-blog.com/ et Christophe Sanchez http://fut-il-ou-versa-t-il.blogspot.com/
Christine Jeanney http://tentatives.eklablog.fr/ et Piero Cohen-Hadria http://www.pendantleweekend.net/
Juliette Mezenc http://juliette.mezenc.over-blog.com/ et Louis Imbert http://samecigarettes.wordpress.com/
Michèle Dujardin http://abadon.fr/ et Jean-Yves Fick http://jeanyvesfick.wordpress.com/
Guillaume Vissac http://www.omega-blue.net/ et Pierre Ménard http://www.liminaire.fr/
Marianne Jaeglé http://mariannejaegle.overblog.fr/ et Jean Prod'hom http://www.lesmarges.net/
David Pontille de Scriptopolis http://www.scriptopolis.fr/ et Running Newbie http://runningnewb.wordpress.com/
Anita Navarrete-Berbel http://sauvageana.blogspot.com/ et Gilda http://gilda.typepad.com/traces_et_trajets/
Matthieu Duperrex d'Urbain trop urbain http://www.urbain-trop-urbain.fr/ et Loran Bart http://leslignesdumonde.wordpress.com/
Geneviève Dufour http://lemondecrit.blogspot.com/ et Arnaud Maisetti http://www.arnaudmaisetti.net/spip/spip.php?rubrique1
Jérémie Szpirglas http://www.inacheve.net/ et Jacques Bon http://cafcom.free.fr/
Maryse Hache http://www.semenoir.typedpad.fr/ et Candice Nguyen http://www.theoneshotmi.com/
Nolwenn Euzen http://nolwenn.euzen.over-blog.com/ et Olivier Beaunay http://oliverbe.blogspirit.com/
Lambert Savigneux http://aloredelam.com/ et Brigitte Célérier http://brigetoun.blogspot.com/
5 commentaires:
imparable, qu'on ne peut arrêter, notre abandon, tous, froideur et empathie. Merci
Bien d'accord - et c'est si bon de répondre sur son blog à propos d'un texte qui n'est pas le sien ! Assez hypnotique, le texte de Cécile Portier... Anne.
Bien d'accord - et c'est si bon de répondre sur son blog à propos d'un texte qui n'est pas le sien ! Assez hypnotique, le texte de Cécile Portier... Anne.
un pas deux pas en arrière et puis courir à l'envers, on se retrouvera (et d'abord acheter du chocolat)
Juliette
Qu'est-ce que c'est beau ! Ce travail sur la retenue (marrant chez Anne aussi avec "rouges"), le goût du détail et la précision des gestes (de l'écriture aussi). Je vous découvre ici, chez Anne. Je vous lirai aussi chez vous, promis. Merci.
Enregistrer un commentaire