l'horloge de la gare de Chartres

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vendredi 5 décembre 2008

Merci à remue.net

d'avoir pris pour phrase du jour le texte qui suit (et que je n'hésite pas à copier coller honteusement) :

…il reste qu’en tant que lecteurs, nous avons nos responsabilités, et même notre importance. Les normes que nous érigeons et les jugements que nous formons partent dans les airs et se diffusent dans l’atmosphère que respirent les écrivains quand ils travaillent. Une influence se crée qui s’exerce sur eux, même si aucun texte imprimé n’en rend compte. Et cette influence, si elle est avisée, énergique, personnelle et sincère, peut prendre beaucoup de valeur à une époque où la critique ne peut plus s’exercer normalement, où les livres sont passés en revue comme un cortège d’animaux dans un stand de tir, où le critique n’a qu’une seconde pour charger son arme, viser et tirer, et où l’on peut bien l’excuser s’il prend des lapins pour des tigres, des aigles pour des volailles de basse-cour, ou s’il manque complètement sa cible et laisse son coup se perdre sur une vache qui broutait paisiblement dans un champ voisin. Si, derrière la fusillade fantasque de la presse, l’auteur sentait qu’il existe une autre sorte de critique, l’opinion de gens qui lisent par amour de la lecture, lentement et pour le plaisir, et font preuve dans leur jugement d’une grande compréhension mais aussi d’une grande sévérité, cela ne pourrait-il pas améliorer la qualité de son travail ? Et si grâce à nous les livres pouvaient devenir plus forts, plus riches et plus variés, cela vaudrait le coup d’atteindre pareil but.

Virginia Woolf, conférence prononcée le 30 janvier 1926 à Heyes Court dans le Kent, publiée une première fois dans la Yale Review en octobre 1926, traduite de l’anglais par Céline Candiard dans Comment lire un livre ?, éditions de L’Arche, 2008.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah parfois le commentaire ne veut pas passer c'est bizarre
j'avais mis un truc je ne sais plus bien, amis il y avait charlebois (je l'aime, comme louise forestier) ces mots de "ordinaire
"Je me fous pas mal des critiques/
Ce sont des ratés sympathiques/
J'suis pas un clown psychédélique/
Ma vie à moi c'est la musique..."
en écho à ce que dit Virginia, mais aussi à ce que propose KMS
Amitiés
PdB

Anne a dit…

tiens, c'est drôle :
hier soir, lors d'un concert, assise pas loin d'un célèbre critique, je l'observe. A la fin, impossible de ne pas se laisser prendre par le rythme, tout le monde saute dans tous les sens. Lui : une statue, visage et corps de marbre.
Dur métier.

Anonyme a dit…

Obligé de se tenir...
mais ce n'est pas un métier tout au plus une profession