l'horloge de la gare de Chartres

l'horloge de la gare de Chartres

mardi 20 novembre 2012

ceci est un corps - Pecha Kucha

Voici le texte que j'ai lu cet après-midi à la BNF lors du 3e rendez-vous des Lettres (table ronde ayant pour sujet : "Ecrire web, ou comment s'invente la littérature aujourd'hui?" lors du colloque intitulé : Les métamorphoses de l'oeuvre à l'heure du numérique), accompagné des 20 photos projetées 20 secondes chacune. Il s'agissait d'expliquer un peu notre rapport au numérique...















Ça commence comme ça. Ça ne commence pas comme ça mais ça commence comme ça
par
les vases communicants avec ChristineJeanney puis avec François Bon
sur le thème de la chambre close.
La chambre close c'est
la chambre d'hôpital
la chambre stérile
deux premiers mois de vie sans pouvoir respirer le même air que tout le monde.
















Entre le monde et moi, une vitre écrit Christine Jeanney sur son site Tentatives
bien sûr
Fenêtres
espace ouvert
Entre le monde et moi
des voix
et pas des corps
des voix
le cadre de la vitre.














Entre le monde et moi une vitre. Et à travers la vitre du soleil et un arbre et les barreaux du lit je me souviens de tout. Projection des feuilles d'arbre sur les murs, au plafond, un frisson de printemps – c'est ça, le monde.
Il n'y a pas de bras qui bercent. Ce sont les voix qui bercent.
La vie même.
C'est pourquoi les écrans, les fenêtres, le mouvement et les voix, c'est pour ça que
être au coeur du monde
à distance
c'est tout comme.















Dans Franck, un homme qui dort, il y a du plafond
des vitres / un lit / des murs
au tout début du livre
et c'est la place originelle
verticale et horizontale.















J'écris couchée
et je cherche toujours
où écrire
et je le cherche en marche
toujours
la place assise n'est pas pour moi
même devant l'écran.















Entre l'écran et moi le monde
ce qui tourne dans ma tête.
J'ai mal à la tête et à l'univers disait Pessoa
phrase qui m'a guidée
comme
Je suis déjà ailleurs
entendue je ne sais où et qui sert à tout le monde.















On me prête une chaise, une table
on me fait résider
je réside
j'anime des ateliers
fais des lectures
invite des auteurs
tout cela relié au monde















monde qui, à l'origine, est venu me donner
des lecteurs, des éditeurs, des pages, des images, des liens
des échanges constants.
Je réside
mais suis déjà ailleurs















et c'est vie et survie
c'est ainsi qu'on le vit
aller chercher ailleurs ne jamais s'installer
ou alors
dans un train
une maison provisoire



















à la vitre
toujours
une vitre en mouvement
chercher sa place
trouver sa place
c'était l'idée
ce qui guide les livres















alors écrire sur les lieux les décors les villes les rues
la rue
il y a toujours dans mes livres des hommes et des femmes à la rue.
Nous sommes là loin du virtuel crois-tu
mais
pour beaucoup
être à la rue c'est : peur et virtuel aussi bien















le virtuel je m'en sers pour tout
et je peux même planer, voler, me métamorphoser
sous le nom de Dita Kepler
je peux transposer le virtuel
dans le réel
installer l'avatar partout où je réside
et souvent c'est caché















j'aime ce qui est caché et lié à la fois
j'aime ce qu'on ne sait nommer
et prend un autre nom
ainsi l'oloé
oloé est le nom de ces lieux où l'on peut lire ou écrire
lire et écrire
et ces lieux-là n'ont pas de nom
ainsi, aussi
d'une photo de fenêtre je peux dire















ceci n'est pas une fenêtre ceci est un corps décor corps de mon personnage personnage persienne qui fait de la fenêtre sa surface son corps
(elle celle qui s'appelle Dita Kepler
n'est pas une femme
mais un décor)
les lieux et les hommes
les décors et les personnages
pour moi c'est
la même
comme on dit















le même ancrage
le même souffle
le même désir
les morts et les vivants traversent
un mur c'est un homme qui s'est appuyé
une femme une fenêtre penchée
et l'inverse















les portes les rambardes les filins et les quais...
on s'éloigne du virtuel, tu crois ?
pas du tout
les écrans servent à voyager
à entendre les voix
à approcher les corps
et le corps de l'écrit touche autant
sinon plus
il est vain de les opposer















le virtuel ne prend pas la place du réel
et l'inverse non plus
il s'agit simplement d'un point à un autre
de courber, de tendre
diffracter réfléchir
de distordre pour mieux restituer
comme dans l'anamorphose.
Le virtuel le réel même géométrie
c'est pourquoi nous parlons de cartes















de points
de lignes
de sauts dans le temps et l'espace
d'identités multiples
d'architecture
de danses
de distances
d'échos
de vertige ?
si tu veux
mais c'est celui du vent
qui balaie les feuilles des arbres















je suis déjà ailleurs
voilà qui pourrait paraître
prétentieux
mais c'est survie et souffle
respirer prendre corps
se détacher du sien espérer s'y ancrer
dans un mouvement constant de perte et de scansion
un rythme
une pulsation















ne crois pas que je vais te parler 0 et 1 pixels
ou je ne sais quoi encore
j'ai trop longtemps écrit des articles qui disaient
cliquez sur ceci
validez
appuyez sur ce bouton-là

et j'ai tout oublié
ce qui compte c'est
ce va et vient mobile
du dehors au dedans.


















4 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Très beau.

Anne a dit…

Merci Dominique. Un texte pour une seule fois et hop, repartir...
Bonne journée à toi.

Anonyme a dit…

je dis pareil...
PdB

rechab a dit…




Le front posé sur la vitre,
Le regard béant,
Aux heures reflétant

Ce qu’il reste de lumière,
Rebondissant dans les flaques,
Recueille un goutte à gouttes d’images,

Venant encore se nourrir d’ailleurs,
Plus loin,
Cueillant les cris des enfants,

La fête foraine,et ses lampions,,
La joie des autres,
Qu’on ne peux qu’imaginer,

Une forme plus claire,
Dessinée par la pression,
Du front posé sur la vitre.


-

RC - avril 2014