l'horloge de la gare de Chartres

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dimanche 11 septembre 2011

ça

Le 11 septembre 2001, employée par une société internet américaine à quelques mètres de l'Arc de Triomphe, dans mon bureau, tout en enrichissant la catégorie Arts et culture de l'annuaire (tâche pour laquelle j'étais payée, seul CDI de ma vie) (surf, rédaction, indexation, travail sur l'arborescence), sans rien savoir j'écoutais le dernier album de Noir Désir sorti ce jour-là, apporté par une collègue qui venait de l'acheter. Cette chanson, d'ailleurs.

Dans l'après-midi, nous avons vu les cours de la bourse américaine chuter sur Yahoo, ce qui nous a fait rire (nous étions en froid avec notre employeur ; enfin ça commençait ; la bulle internet de l'an 2000 exploserait bientôt). Google Actualités n'existait pas. J'ai reçu un mail d'un éditeur, pour un recueil de textes jeunesse qu'il acceptait de publier. Je devais le rappeler de chez moi.

Ce que j'ai fait à 18h. Ni lui ni moi ne savions rien, toujours. C'était la première fois que je parlais de mes textes avec quelqu'un du métier (pensais-je).

Et puis j'ai appris. N'y ai pas cru, d'abord. N'ai pas regardé en boucle les images des tours à cause du petit (sinon, qu'est-ce que j'aurais fait ?).

Le reste (les gens sur le trajet, l'album pour enfants sur le World Trade Center acheté le samedi précédent; la ville à l'horizontale) je l'ai écrit le lendemain, sur la 2, en prenant le métro pour me rendre au travail. Se trouve dans Fenêtres open space, semaine intitulée ça 

Mercredi — Les Twins s’effondrent, le pentagone s’éventre, mon voisin et moi lisons le même journal. La nuit nous nous réveillons, nous ne pouvons y croire. Nous nous rendormons. Nous nous réveillons. Cinq contrôleurs aux points sensibles sur le quai ce matin, deux autres Libé. Fenêtres grandes ouvertes, besoin d’air.
Jeudi — Sidération toujours. L’acier, le verre et la poussière continuent leur surimpression. Le dernier livre pour le petit acheté samedi dernier raconte la vie d’un coyote qui travaille au World Trade Center et qui en saute pour rejoindre une étoile, légende indienne revisitée. Une image, le coyote, les deux tours. Métro lent, matin gris mouillé, gens plus en noir ou je rêve. Pas vu encore de militaires. Qui pense à quoi dans mon wagon.
Vendredi — Va-t-on envisager maintenant la ville occidentale à l’horizontale ? Une position couchée, de côté, des collines comme courbes de hanches, deux étages au plus ? Je me souviens que pour distinguer le sommet d’une tour, à Manhattan, il faut reculer jusqu’au centre de la chaussée (et qu’on ne peut pas le faire sans se faire écraser).


J'ai lu ce passage deux fois en public en compagnie du guitariste Jean-Marc Montera, qui ne me dit jamais à l'avance ce qu'il va faire, sait juste que quand je dis Vingt-et-unième semaine : ça, c'est de ça dont je parle.
La première fois, à Marseille en 2008, il a arrêté de jouer.
La seconde, à Montreuil en janvier dernier, il a gonflé un ballon noir

Voilà.

2 commentaires:

Nicolas Bleusher a dit…

Je venais peu -ou pas, chez toi.
Je m'y sens bien.
Y reviendrai plus souvent, désormais.
Ai relativisé certaines choses.
Ne sais pas pourquoi je te dis tout cela...

Anne a dit…

Bienvenue, Nicolas.
Et merci de ce message.