l'horloge de la gare de Chartres

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mercredi 27 janvier 2010

sans tête

Qu'avait-elle attendu, la femme sans tête de la rue des Envierges ? Qu'était-elle venue chercher, n'avait pas trouvé, et pourquoi au lieu de repartir, tête ou pas tête, avait-elle fini enfermée dans cette fausse boutique aux rideaux rayés crème ?

(car tout était faux)

(nous avions trop à faire, n'osions pas approcher mais c'était l'évidence, si l'on y pense)

Le décorateur avait ordonné : en devanture, patine, usure, peintures grattées ; que la vitrine évoque, subtile, le bois flotté des plages, les coquilles et galets ; élégance du gris bleu, du tombé des rayures (qu'un rideau de palace dissimule l'arrière-boutique). Et la femme sans tête, roide et noire, qu'on l'enferme, qu'on la bloque à la vitre : le contraste fera merveille. Quant aux clientes : comme elle attirées par le rêve d'un week-end balnéaire, par ce désir de ne croiser personne, de longer seules la jetée, sans masque, sans sourire, sans colère, elles pousseront la porte, paieront, disparaîtront de la surface du globe.

Nous étions absorbés, marchant vite, courant presque. Ne nous sommes aperçus de rien.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

ce que c'est bien...!

PhA a dit…

Et aux pieds de la dame quelques lettres à peine lisibles.

Anne a dit…

Oui, c'est vrai, je n'avais pas bien vu, j'aurais pu m'en servir... suite au prochain épisode, peut-être ?