l'horloge de la gare de Chartres

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vendredi 28 juin 2013

Trois jours à Roubaix















Trois jours à Roubaix c'est-à-dire : trois allers-retours Paris-Lille, trois départs de la gare du Nord, trois rendez-vous à Lille Flandres, ou Lille Europe, avec Nadia, le professeur de lettres à 9h, et donc six trajets en voiture Lille-Roubaix, Roubaix-Lille, gare-collège, six fois à regarder par la vitre, trop vite, les cités, les porches et les murs de briques, à ne pas pouvoir les retenir.















Trois matinées, trois après-midi avec les élèves. Trois jours à les regarder s'asseoir, attendre, écouter, parler, poser des questions, commencer par dire : Mais madame, je n'ai pas d'imagination ; écrire, enfin, me montrer sur Google images des images de la piscine















qui est un musée. Vous ne connaissez pas Roubaix, madame ? Il faut aller au musée de la piscine ! Le jour J, tard en juin, peu m'accompagneront. Mais ce n'est pas grave. Entre temps, il se sera passé des choses.



















Que dire de ces trois jours ?

L'étonnement en entrant dans le collège Anne Frank, tout neuf, bien pensé, quoique lieu à mystère (ainsi, est-il climatisé ? On peut y travailler sans jamais le savoir, sans comprendre pourquoi de salle en salle la température contraste, et de quelle façon, avec l'extérieur). L'investissement, le si bel accueil de Nadia D., qui m'aura toujours mise à l'aise. L'affection que certains élèves vont manifester - surprise, oui, une bise quand je pars, la première fois. Et surtout, le fait qu'ils jouent le jeu, acceptent le principe des ateliers.

Ecrire sur là où l'on vit, où l'on croit n'avoir rien à dire. Raconter l'immeuble, la chambre, le parc ou le stade, et les lieux de vacances : il paraît qu'ici, comme les villes du 93 dans lesquels je me rends aussi, et qui les fascinent, c'est l'enclave. Le monde est parfois réduit au quartier, au collège, à la salle de prière me dit Nadia. L'un racontera sa maison qui brûle, ses souvenirs d'enfance disparus. L'autre, qui sans doute va quitter l'école, demeurer chez elle, son plaisir à inventer des recettes. Une troisième me montre l'hôtel de son été, au Maroc : grand luxe en effet, elle a raison de me faire l'article. Une encore s'étonne que je ne sois jamais montée à bord d'une limousine, qu'elle découvre lors d'un mariage... magie de l'écriture qui rend riche.

Six séances en tout, durant lesquelles la prise de contact est rapide, où l'enseignante a la bonne idée, au début, de me faire interroger par chaque élève, ce qui donne la possibilité de rire ensemble. Où ils emportent Fenêtres, écrit dans le métro aérien – oui, on peut écrire un livre en notant dans un carnet, dix minutes par jour, ce que l'on voit de la ville ; oui on a le droit de le lire en tous sens, en utilisant l'index de la fin ; et non, je ne connais pas Roubaix, mais j'ai écrit sur Lille, sur la gare de Flandres – et nous voilà partis à parler gares, quartiers proches, trains, voyageurs, gens qui traînent, ce qui nous réunit.
On ne sait jamais si ce que l'on dit lors d'une séance portera ses fruits un jour, chez qui, comment, et à quel moment. Il ne faut pas trop s'en préoccuper. Mais on croise les regards, on voit ce qui traverse, le point d'impact. 

Demeure ce regard, le souvenir de ce regard, l'énergie qu'il donne et qui se transmet d'une vi(ll)e à l'autre.

*

Grand merci à Nadia Djerdem et à tous ceux rencontrés au collège Anne Frank.
Je remercie également Nathalie Lurton de la Maison des écrivains, qui m'a proposée ces ateliers dans le cadre de l'opération menée par l'Education Nationale A l'école des écrivains. Des mots partagés.

vendredi 15 février 2013

Fenêtres de Roubaix

































































Je n'ai presque rien vu de Roubaix, si ce n'est le collège Anne Frank, tout neuf, en voiture le quartier autour, et déjà Lille d'où repartir en train (la place de la gare de Flandres, le matin, toujours un choc ; au retour Lille Europe, araignée noire aux quatre vents).
Pas vu grand chose mais reçu un très bel accueil (grand merci, en particulier, à Nadia Djerdem), et je me réjouis de revenir, en avril, mai prochains. Les élèves de troisième rencontrés hier auront lu Fenêtres, me feront alors, je l'espère, visiter la ville.














(je n'ai vu sur fond de neige que des briques rouges on ne peut plus variées, comme sont les pavés de Saint-Brieuc)

Au retour, à ce qui ce jour-là m'a fait plaisir et rire s'est ajoutée la lecture (une heure de TGV à peine) du Livre du bonheur de Nina Berberova, dont voici une fenêtre : 

(Vera, une petite fille, vient de faire la connaissance de Sam, enfant découvert inconscient dans un parc, auquel elle s'attache instantanément. Elle découvre qu'il s'agit de son voisin d'en face)

"La maison d'en face, pareille à un navire, a accosté au quai de Vera ; il semble que ce matin encore il y avait à sa place un terrain vague - elle a été bâtie en une heure, puis occupée par des gens, dont on a soudain appris tant de choses, et le garçon, venu d'un lointain inconnu, s'est révélé un simple voisin -, l'apprivoiser, le retenir, ce n'est pas possible. On va maintenant venir le chercher et l'emmener."

"(...) il ne restait de tout ce terrible et extraordinaire rapprochement qu'une seule chose : elle pouvait maintenant passer des heures à regarder une fenêtre de l'autre côté de cette large rue hivernale, qui elle aussi, depuis ce soir-là - tout comme cette ville, le monde -, était un peu devenue sa propriété."