Suite du journal entamé au centre Cerise cette année 2013, écrite au printemps, oubliée, reprise... (ici les épisodes 1 et 2). Une version audio de ce texte, avec une photo différente, est disponible sur remue.net, à cet endroit.
Ici, à Cerise, on
trouve : une grande entrée sur rue avec chaises, tables et
bibliothèque (et l'on peut se servir, troquer), une cour, un café,
un auditorium, des bureaux invisibles, des escaliers qui nécessitent
de l'éclairage, des salles creusées dans le sol, sans fenêtres
(dont la chambre verte), des appartements paraît-il, une vue
panoramique sur la rue Montorgueil dans la salle de réunion.
On y danse, écrit,
boit un verre, coud, peint, expose, prépare des brocantes. Le wifi
ne passe pas, le téléphone portable refuse de sonner. Tout le monde
se croise, monte, descend, se rate, se cherche, se demande, rencontre
quelqu'un d'autre, finit par se trouver.
Au printemps, soleil
enfin arrivé aux Halles, quartier dont le chantier avance ? pour le
moment c'est difficile à dire (ce qu’ils appellent canopée a
toujours son air d’araignée, massive, ceinte), s'affiche sur
palissade cette promesse qu'ils nomment terrain d’aventures et parfois j’aimerais bien voir.
Dans la chambre verte, au sous-sol,
il fait frais éternellement. Lors de la balade littéraire organisée
au mois d'avril, dont le thème était les travaux justement (le
centre, au milieu de ce ventre-ville : un chantier à taille réduite.
La déambulation : proposer à qui veut de découvrir Cerise en se
laissant guider de salle en salle puis accepter de lire à voix
haute, à chaque pause, un texte devant les autres), nous y sommes
passés un instant. Présenter le lieu où l'on écrit, chose
étrange.
Terrain vague, habité, clos comme
ouvert, qui se montre, se cache : le chantier, pour qui n'est ni
architecte ni ouvrier, relève de la devinette. Quand je le traverse,
je ne sais rien nommer. Il est fait on le sait de tables rases et
d'interventions successives, de strates de terres, d'années. C'est
ainsi qu'il nous vrille la tête tandis que nous descendons dans
l'une des salles en voûte de Cerise, quinze ou vingt à la file, nous
penchons, nous relevons, nous installons pour écouter une page des
Zones ignorées de Virginie Gautier par l'auteur elle-même.
Joie de la voir apparaître, ce qui n'était pas prévu, chance
qu'elle soit venue et se prête à cette expérience : petits
plaisirs des résidences. Celle-là vire aux instants heureux qui
s’additionnent, se multiplient. En secret rayonnent.
Il y eut donc cette
balade, café Reflets-cour-auditorium (Carmen, professeur de tango,
nous y reçut, elle répétait), puis un salut aux salles du bas avant
le retour au café que visita neuf ans plus plus tôt Elisabeth reine
d’Angleterre dix-sept minutes exactement. A distance, au plus près
résonnaient les mots d'Henri Calet et de Christophe Tarkos, Eric
Hazan, Balzac, Zola ; de Julien Gracq, de Christine Jeanney dans la cour
et encore de Truffaut, Nerval. Neil Bartlett nous envoya à
Londres tandis que Je voudrais une ville d’Emmanuel
Delabranche, texte
écrit quelques semaines plus tôt pour être lu dans ce lieu même, au fond du Café Reflets, introduisant la soirée liée auterrain de je/u, servit cette fois de conclusion. Des villes, des
boucles, tandis qu'à la mi-parcours, dans la cour il grêlait.
au sous-sol l'écriture
en attendant de paraître s'enfonce et ce serait cela qu'il faudrait
donc montrer ?
Je voulais une ville soleil ombre et
elle s’offre à moi c’est parfait.
2 commentaires:
c'est un journal qu'on avait presque oublié (mais mettre un point après ouverture de cette parenthèse, recommencer sa phrase pour ne la finir pas avant la fermante, c'est quand même un certain culot. Quand même) (tiens je fais pareil) (je ne suis pas certain qu'on entende cette grave mais légère exception graphique au son de remue.net) (en attendant, comme le désert de la chanson de Gall, France, le travail des Halles avance) (et celui de la nage ?)
La nage au lac est difficile, c'est pourquoi j'ai délégué Dita Kepler :)
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