" Vers 10h45, le jour de mon inscription, nous sommes une quinzaine à attendre dans un des huit sites Pôle Emploi de Caen. Il y a du monde, mais pas de bruit, un calme soucieux, presque palpable qui amplifie chaque son. Chaque chose semble conçue pour créer une sorte d'inconfort neutre, où rien n'invite à s'installer, ni même à s'attarder au-delà du temps strictement indispensable aux formalités. La pièce est un grand hall qui sert à la fois de comptoir d'accueil, de salle d'attente, de cabine téléphonique pour les démarches. On peut aussi y consulter les offres d'emploi sur des ordinateurs. Ces fonctions ne sont isolées par aucune paroi et tout s'y fait debout, derrière des sortes de guichets à hauteur d'homme, si bien que les gens semblent flotter parmi les courants d'air, entre des murs aux couleurs banales, y compris les conseillers de l'agence. Eux non plus n'ont ni fauteuil ni bureau. Chacun paraît éviter le seul endroit où il serait possible de s'asseoir, quelques chaises soudées par des barres de métal, installées devant un écran. Diffusé en boucle, un film de Pôle Emploi répète sur un ton de comptine : "Vous avez des droits, mais aussi des devoirs. Vous pouvez être radié." "
Florence Aubenas, Le Quai de Ouistreham, page 26.
Florence Aubenas, Le Quai de Ouistreham, page 26.
2 commentaires:
Heureuse de lire, ici un écho. J'aimerais tant que ce livre ait des répercutions favorables pour les gens qui cherchent du travail désespérément. Et qu'on arrête un peu de les (de nous) prendre pour des imbéciles et des fainéants.
D'après mon libraire c'est un gros, gros succès, tant mieux ! Je l'ai terminé hier soir : on y voit bien les rouages du système, l'absurdité totale de Pôle Emploi (déjà qu'avant...).
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