jeudi 30 juillet 2009

The Misfits : filmer le décor

Arthur Miller (auteur du scénario du film de John Huston, The Misfits), répondant aux questions de Serge Toubiana :


"Mon seul accrochage avec John sur sa façon de filmer était dû au fait que je trouvais qu'il filmait les acteurs de trop près, et que l'on ne ressentait pas sufisamment que ces personnages vivaient sur la lune, on perdait trop souvent cette atmosphère. Il aurait fallu davantage de plans d'ensemble, pour rappeler constamment à quel point ces personnages sont isolés, aussi bien physiquement que moralement. Mais John n'était pas d'accord, il disait qu'on ne pouvait pas seulement filmer le décor. De mon côté, je pensais qu'il aurait fallu davantage de plans larges des personnages perdus dans ce paysage. C'est ainsi que je voyais le film. Et je crois que de toute façon on ressent ce sentiment de désolation. "

"Encore aujourd'hui, je me demande si le film aurait pu être différent si John l'avait mis en scène d'une autre manière. Je crois que dans le film, il n'y a que deux ou trois plans larges. Les plans sur les chevaux sauvages, ou les plans pris d'avion. A cette époque Pyramid Lake était complètement désert. Aujourd'hui c'est un vrai foutoir, avec pleins d'hôtels et de boutiques de souvenirs... A cette époque c'était encore une réserve indienne, on avait l'impression que l'endroit était resté intact depuis l'origine du monde. "

The Misfits, Chronique d'un tournage par les photographes de Magnum, Arthur Miller et Serge Toubiana, Les Cahiers du cinéma, 1999, pp 10 et 32.
(sur la photo : John Huston)

mercredi 29 juillet 2009

vers midi


























































J'ai toujours bien aimé les webcams, leur modestie, leur rendu foireux qui empêche de les prendre au sérieux. Alors qu'elles faisaient la une au début des années 2000, qui s'en préoccupe encore aujourd'hui ? Qui les utilise autrement que pour savoir le temps qu'il fait ?

Toujours en relation avec mon "projet Franck" (ouvrir un site ou un blog uniquement sur ce texte-là, avec fichiers son et images), je cherche les webcams des différents lieux évoqués. Il en manque bien sûr : Gravelines, gare du Nord, Béthune... Toutefois vers midi on pouvait découvrir, dans l'ordre et simultanément : la haute ville de Boulogne-sur-Mer, la plage de Wimereux, le vieux Lille, l'entrée du centre Pompidou, une rue du XIIIe arrondissement de Paris et la place de la République, à Paris toujours, qui se révèlera sans doute davantage par ici.

mardi 28 juillet 2009

Ce n'est pas la plage (que j'y vois)









































Projetant de retourner photographier chaque lieu décrit dans Franck (villes ou quartiers dans lesquels je me suis toujours rendue, à une exception près, durant le temps de l'écriture), je commence à chercher, sans le vouloir vraiment, quelques photos anciennes sur internet.
Ainsi ces cartes de Wimereux, petite station balnéaire près de Boulogne-sur-Mer, découvertes ici. Ce que j'y scrute (non le mot est trop fort), ce que je tente d'approcher n'a rien à voir avec la plage, l'atmosphère Belle Epoque, canotiers et tabliers longs. C'est la digue avant sa reconstruction, aspects, matières ; le désert devant les villas, les deux enfants à ricochets ; le fort de Croÿ aujourd'hui disparu ; et des visages d'ancêtres, peut-être.










Franck est un (quoi ? récit ?) qui prend forme par les lieux. Chaque lieu a un lien avec Franck.

dimanche 26 juillet 2009

Pharmacie disparue

entre la rue d'Aubervilliers et le boulevard de la Chapelle, donc...
































Parmi les gravas, la fenêtre de cuisine au panier d'osier.

vendredi 24 juillet 2009

La pharmacie des trois arrondissements










évoquée dans Fenêtres a sauté. Ne reste qu'un trou, des gravas, des pelleteuses quand on passe devant en métro. Durant combien de temps aura-t-on lu le panneau "Votre quartier se transforme" sur l'immeuble d'à côté, détruit lui aussi ? Dix ans, peut-être ?

Mining for gold



Clip découvert grâce à Philippe Rahmy, légendé ainsi sur Youtube : opening track from The Trinity Session CD, illustrated with vintage 1930's archival footage of the co-operative coal mine in St. Charles, Michigan.

Mining for gold est un chant traditionnel de mineurs, repris par les Cowboy Junkies dans
The Trinity Session. C'est le seul titre de l'album à n'avoir pas été enregistré la nuit du 27 novembre 1987 dans l'église de la Sainte-Trinité à Toronto - mais on ne s'en rend pas compte...

jeudi 23 juillet 2009

quatre mois

Voilà, j'ai ma réponse : c'est donc quatre mois que je vais passer à la Bellevilloise à partir de septembre. Un peu moins que ce que j'espérais (je comptais sur six, tout en sachant que quatre était possible), ce qui va m'obliger sans doute à revoir un peu la structure de Dita Kepler - et, incidemment, à me torturer les méninges plus tôt que prévu pour savoir comment gagner ma vie ensuite... Mais tant pis, peu importe : je garde l'idée d'écrire les trois "décors" en même temps. Peut-être l'écriture s'en trouvera-t-elle accélérée, du reste ? Et puis quoi qu'il en soit, je suis très heureuse que mon projet ait été accepté.
Pour m'accompagner, d'entrée, ce texte éclairant de François Bon. Il y pose entre autres la question de l'étrange partage 70/30 (durant la résidence, 70% du temps de résidence doit être consacré par contrat à l'écriture personnelle, 30% à une restitution de son travail au public). Au 104, j'ai eu la sensation que ces restitutions (lectures, etc.) demandaient énormément de temps et d'énergie, bien plus de 30%. Est-ce parce qu'au début on ne peut faire autrement que de s'y consacrer à fond ? Est-ce qu'avec l'habitude on se préserve, on prépare moins longuement ses interventions ? Je n'en sais rien, pense plutôt que non : on cherche du neuf à chaque fois, il me semble...
Quant au temps d'écriture : un an et demi pour écrire Fenêtres dix minutes par jour dans le métro + quelques jours pour le texte "quatre ans plus tôt" ; trois mois pour Cowboy Junkies, avec une intensité particulière à Noël, planquée au fond d'une chambre, loin des préparatifs de la fête ; trois ans pour Franck, avec passage au travail salarié à mi-temps au bout d'un an et demi, puis, les six derniers mois, à plus de travail salarié du tout. Et les dix ou quinze ans à le porter d'abord, qu'il ne faudrait pas oublier. Et les mois et les années passés sur les textes inachevés, en attente, jamais envoyés en lecture...
Et les notes prises ? Et les rêves ? Les lectures ? Comment on les comptabilise, eux ? Rien ne se mesure ni ne se contrôle, bien sûr.

mardi 21 juillet 2009

crossroads/8

(petit rappel : les crossroads, ici, c'est ça)

Aujourd'hui est un jour, qui, je l'espère, va tracer la route des mois à venir : car si je sais déjà que Dita Kepler poursuivra son chemin à la Bellevilloise (laquelle va m'accueillir pour une résidence d'écriture), je ne sais encore ni pour combien de temps, ni à partir de quand, et le suspense commence à devenir un peu difficile à supporter. J'attends un coup de fil, j'attends, j'attends. La lettre qui le dit est arrivée mais elle se trouve sur un bureau auquel je n'ai pas accès. J'aurais voulu tout annoncer ensemble, la résidence et ses détails, mais décidément c'est trop long... Pas trop envie de parler de la B. encore (je crois que c'est comme ça que je vais l'appeler), par superstition sans doute, mais l'enthousiasme y est, c'est certain.
Tout est en suspens, aujourd'hui. Demain devrait se mettre en route la traduction en italien de Fenêtres. Aujourd'hui il faudrait que je répondre à une invitation à parler de Cowboy Junkies en septembre ; au lieu de ça, je trouve à la cave un petit carnet de 89 qui cite simplement la cassette (cassette bien : Cowboy Junkies) dans une liste évocatrice à qui connaît la fin de mon livre. Et sans cesse, je pense aux autres textes. Franck, d'abord, récemment lu par une amie d'amie, qui m'en a parlé comme tout le monde, j'imagine, rêve d'entendre parler de son manuscrit.
Par ailleurs, il a fallu, il y a peu, renouveler la protection de ce dernier à la sgdl pour un an. Au lieu de me saper le moral la nouvelle m'a plutôt réjouie : après tout, je peux continuer à faire ce que je veux de ce texte, il reste en ma possession. Et justement, une idée m'est venue, extension numérique que j'ai très envie de mettre en place. A suivre...
Quant aux Décors, j'attends la réponse de la B. sur le nombre de mois de résidence pour avancer mais je pense déjà tenter de poursuivre mon objectif de départ : écrire les trois en même temps. Je sais pourtant que Dita Kepler, le troisième, a déjà pris du retard. Tant pis. La résidence mange du temps, de l'énergie, déroute. Le 104 me l'aura appris.

dimanche 19 juillet 2009

demain

Si tout va bien, j'espère, de bonnes nouvelles, et peut-être ce blog un peu plus fourni que ces derniers temps.
Une presqu'île de montagne, pour la nuit, en attendant :

mercredi 8 juillet 2009

la tête ailleurs


Ici







et là









mais sinon ni dans l'écriture ni devant les écrans ni dans les bilans ni dans les lectures ni dans rien qui cherche à se dire... Aussi ça ralentit un peu par ici, ces jours-ci. Désolée pour les fenêtres en retard, ça viendra...

lundi 6 juillet 2009

D'ici là - troisième

Me revoici donc à squatter éhontément pour la troisième fois une page de la revue d'Ici là dirigée par Pierre Ménard et diffusée par les éditions publie.net. A ma décharge, disons que mon texte est très court : quelques lignes d'un passage de Dita Kepler inspiré par une chorégraphie au 104 avec bancs et bâche en plastique, dont on voit ici la préparation. C'est ce passage que Sophie Barbaux avait lu dans le jardin d'Eole, et par lequel j'ai terminé l'autre jour lors d'une lecture au Cinq (merci de l'accueil, Mélico).
A le lire seul, dans la revue, ce début de passage, j'ai l'impression que ce n'est pas d'une chorégraphie dont je parle...

D'ici là numéro 3 vient juste de paraître. On y trouve par exemple un texte très juste de Jérôme Orsoni, intitulé Acouphènoménologie, à propos de ce qu'il nomme la "muzak", cette musique, d'ascenseur ou non, omniprésente dans nos vies...

jeudi 2 juillet 2009

Ne pas se pencher

Tout a commencé par un simple pari entre amis. Dans le silence de l'attente, l'impression de reprendre ce jeu de hasard, l'espoir d'un temps désirable. Ce moment où les trajets, les gestes, les détails vécus, captés instantanément tels qu'ils apparaissent, acquièrent la dimension singulière d'un défilement marqué autant par les ralentissements que les accélérations, les pauses que les relances. Je combats encore les épuisantes pensées rétrospectives de la nuit pour me projeter dans l'immédiate réalité. Regarder le paysage comme on regarde sa montre. Impulsion première et point d’ancrage. Tous les signes que ce paysage t'offre n'est que décor, faux-semblants et trompe-l'oeil. Des façades d’immeubles traités comme de simples plans sans épaisseur. Silhouettes de nous-mêmes toutes penchées. Donc pas ce qui a été vu, voir n’avait même, peut-être, pas si grand-chose à voir avec le seul paysage. À contre-sens, entre l'endroit et l'envers. L'ordre des termes change leur signification. La ville presque vide pourrait être un décor de film. Un état dans lequel notre perception du monde est modifiée. Ne pas devenir sentimentale et parler au passé. Mais la chaleur du lieu me gagne. Je me cherche où je me perds.

Pierre Ménard



qui prend ma place, comme je prends la sienne, en ce premier vendredi du mois.





Tiers Livre et Scriptopolis sont à l'initiative d'un projet de grand dérangement : chaque premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d'un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. Beau programme qui se met en place aujourd'hui entre Fenêtres / Open Space et Liminaire.

La fenêtre dans le ciel

vient de Bénito, rencontré au 104, que je remercie et salue (je l'avais mise en grand sur la page d'accueil tout à l'heure, recommencerai sans doute plus tard : pour l'instant, autre ciel).

La vie dangereuse de la gare du Nord

Qui est venu à la lecture de dimanche dernier comprendra tout de suite pourquoi je ne pouvais pas ne pas citer ce texte détaillé de Philippe Maurel sur la gare du Nord : histoire, extensions, le visage qu'elle présente aujourd'hui, tout y est.

mercredi 1 juillet 2009

ronde

Ce qu'il faudrait maintenant, pour pouvoir faire le bilan, pour pouvoir continuer à écrire, ce serait de quitter les lieux. Au contraire on y revient encore : ce soir pour une lecture de Dita Kepler au Cinq (l'espace amateur du 104), demain parce qu'il y a une fête. A quand le véritable départ ?
Sinon, très heureuse de la lecture de dimanche dernier : j'ai récupéré l'enregistrement, j'espère pouvoir le mettre en ligne bientôt.
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La fenêtre ronde est d'Alain Pierrot.