jeudi 29 septembre 2016

automne nu

 

Pourquoi ce titre ? Est-ce qu'il s'agit à nouveau d'un journal saisonnier ? Est-ce une référence à la vie matérielle, aux branches, à L'aiR Nu ? Ou simplement, parce que c'est difficile à dire, à répéter mais que ça résiste, ne veut pas se faire oublier ?













La rentrée démarre plus doucement que prévu. Quelque chose va se produire, c'est certain, mais quoi, et quand ? En attendant il faut continuer à écrire, à monter des projets. A automne nu avenir flottant. Où donc en chercher des signes ? Essayons les photos du jour.



L'échelle dans la cour, les plantes en pot appellent la silhouette mince et vive de la gardienne que tout le monde aimait, partie vivre au sud dans une grande maison au début de l'été. On attend sa carte postale.



Autre maison : celle, stylisée, d'un personnage de Fenêtres open space, ce grand-père imaginaire buvant du chocolat en face du métro aérien que Christine Tchépiega a presque réduit à son bol. Travail de céramique en cours qui, lorsqu'il sera achevé, permettra de découvrir neuf extraits de mes livres intégrés à neuf constructions, neuf pièces que l'automne, l'hiver, vont révéler. 













J'ai hâte !


(je pensais écrire un article bluesy, une exclamation apparaît. Je la laisse bien sûr, même à regretter d'écrire je. Tout est bon à prendre, n'est-ce pas ? )
Suivent trois polaroïds pris par Jean-Marc Montera pendant le concert What's up ? donné au centre Georges Pompidou, appareil-photo posé directement sur les cordes de sa guitare. Ce qui nous sauve ? L'art des autres, toujours, aucun doute.



Leur présence, leur humour, leur colère, leur pensée, leur énergie.

Ce matin, le collage géant de la rue Edouard Pailleron, apparu hier face au lycée Bergson, à Paris, a disparu. Depuis le mur est nu. Le restera-t-il ? 


















What's up ? Quoi de neuf ? Simplement, ce qui en suspens ne s'est pas annoncé. N'a pas encore donné son nom.

dimanche 18 septembre 2016

Journal de l'été #11













Ainsi il ne faut pas attendre, jamais, quoi que ce soit. Il faut envoyer le dossier, le CV, le texte et se comporter comme si cela n'avait pas été fait, n'avait pas existé, n'avait jamais eu lieu. Comme si  on n'y avait pas consacré des heures, des jours, des semaines. Il faut fermer le fichier, en ouvrir un nouveau et continuer sans supposer quoi que ce soit.



















C'est inhumain, ça ne fait aucun doute, c'est bien pourquoi il y a tant d'abandons.




Il faut rester sourd aux silences, au mépris qu'on croit percevoir. Faire comme si ce monde n'avait pas existé, n'avait rien demandé, n'avait pas le pouvoir de dire : toi tu pourras manger toi non. Barrer cela d'un trait et le jour suivant se remettre à chercher ailleurs.



Latence inhumaine, épuisante passivité de cette attente qui s'étire sur une saison. On se fait balader, y croit encore parce que, tout simplement, la réponse pourrait nous sortir des ennuis pour un automne entier (je parle ici vie matérielle, on l'aura compris). On pense gestion d'énergie. Ne pas se laisser épuiser. On pense absurdité du camp d'en face, manque de compétences, de professionnalisme. Qu'est-ce que ça change ? Rien, sauf à écrire sur le sujet. 



On se dit qu'on engrange. On essaye de ne pas se laisser contaminer. On s'exhorte : continuer à vivre, à sortir, à écrire, à profiter du monde. Ne pas se réduire, ne pas s'enfermer. On se dit, et c'est une décision : l'automne ne sera pas une saison de l'attente.

vendredi 9 septembre 2016

Journal de l'été #10


Pas de nouvelles de l'automne sentimental, j'ai assez relancé pour ne pouvoir plus faire qu'attendre, me sens parfois comme cet homme qui déjeune, seul/e à regarder en face ce qui bouge et avance. 


Marilyn avance, cependant, et tandis qu'elle accède au rang de mythe je me promène de chantier en chantier, m'en vais répondre à des enquêtes rémunérées, parfois créatives, quand il s'en présente. On m'offre du thé ou du jus d'orange, me demande mon avis sur une offre à venir, un projet de partenariat. Je dis que je suis biographe, après tout ce n'est pas faux me fait remarquer Marilyn qui me coince en 1953, m'oblige à retourner en arrière, aime bien venir causer travail, elle aussi. 


Tiens, en voici un autre, de biographe, qui réinvente son Rimbaud, en fait un Nicolas. Un ami avec qui parler écriture, donc travail, mais si. Le journal de l'été c'est encore la lecture de son livre (pas le Ricardou vintage en photo !), chaque matin dans un canapé.


Quant à ce qui bouge et avance, à Colonel Fabien, face à celui qui déjeune seul, qu'est-ce que ça pourrait être ? Peut-être l'homme d'Irlande des Oloé, sur la place depuis des années avec sac, yeux baissés, mutisme permanent. Parfois il apparaît quand on ne s'y attend pas. Est-ce que cet homme avance ? Peut-on le dire ? Travaille ? Travaille qui ? Moi, peut-être ?


Et nous revoilà partis boulevard de la Villette, passant devant la bibliothèque Villon, oscillant entre pluie et soleil, journal d'été et automne inconnu, quelques photos faisant charnière.

samedi 3 septembre 2016

Journal de l'été #9





Une respiration. Autre chose que Paris pour la première fois depuis le début de l'été, cesser de subir l'entrave, le désir de voir large à nouveau, même à y regarder de très près. 













Se sentir pauvre, se sentir malade ont pas mal en commun. C'est se détourner sciemment de ce qui, croit-on, ne nous appartient plus parce que à quoi bon - inutile de développer, c'est justement de cette lassitude dont il est question.













Pauvre, malade, des adjectifs qui sentent leur XIXe siècle, la honte, l'outrance, l'outrecuidance, la plainte, la geignardise, la maladresse, j'en passe. On s'en fout. Pas de fausse pudeur. L'amour des mots simples, plutôt.













D'autant que dans le chemin du houx, solitude, silence, une énergie tire par la manche, décline son identité, annonce qu'à Paris elle continuera de se montrer. D'accord, c'est noté. Et pour plus de sûreté c'est même inscrit ici, sur ce billet de blog.

Retour à Paris, après trois jours de houx, de roses.

 

A Paris, j'attends depuis un mois et demi une réponse pour un boulot qui devrait me sauver l'automne, matériellement parlant. J'attends, j'attends. Si jamais ça marche, je l'appellerai l'automne sentimental. Ne pas y penser. Ne pas se dire : ça va marcher / ça ne va pas marcher. Continuer d'écrire.
Dans la boîte aux lettres, ce qui était attendu là aussi, mais sans inquiétude, s'en vient : le contrat de Décor Daguerre



Il arrive l'avant-dernier jour du mois d'août, signe bienveillant de rentrée. Et l'énergie du chemin circule, donne le ton : désormais, tous les vendredis minimum dit-elle, on la verra réapparaître. Elle passera d'un livre à l'autre, d'un fichier son à une photo couleur. Ce n'est presque rien, juste les 36 secondes de L'aiR Nu qui se remettent en route, deviennent hebdomadaires. Mais ce rythme léger, ce désir de lectures appellent.