dimanche 18 septembre 2016

Journal de l'été #11













Ainsi il ne faut pas attendre, jamais, quoi que ce soit. Il faut envoyer le dossier, le CV, le texte et se comporter comme si cela n'avait pas été fait, n'avait pas existé, n'avait jamais eu lieu. Comme si  on n'y avait pas consacré des heures, des jours, des semaines. Il faut fermer le fichier, en ouvrir un nouveau et continuer sans supposer quoi que ce soit.



















C'est inhumain, ça ne fait aucun doute, c'est bien pourquoi il y a tant d'abandons.




Il faut rester sourd aux silences, au mépris qu'on croit percevoir. Faire comme si ce monde n'avait pas existé, n'avait rien demandé, n'avait pas le pouvoir de dire : toi tu pourras manger toi non. Barrer cela d'un trait et le jour suivant se remettre à chercher ailleurs.



Latence inhumaine, épuisante passivité de cette attente qui s'étire sur une saison. On se fait balader, y croit encore parce que, tout simplement, la réponse pourrait nous sortir des ennuis pour un automne entier (je parle ici vie matérielle, on l'aura compris). On pense gestion d'énergie. Ne pas se laisser épuiser. On pense absurdité du camp d'en face, manque de compétences, de professionnalisme. Qu'est-ce que ça change ? Rien, sauf à écrire sur le sujet. 



On se dit qu'on engrange. On essaye de ne pas se laisser contaminer. On s'exhorte : continuer à vivre, à sortir, à écrire, à profiter du monde. Ne pas se réduire, ne pas s'enfermer. On se dit, et c'est une décision : l'automne ne sera pas une saison de l'attente.

3 commentaires:

  1. vous lis, admire, trouve ça bien,
    ne vous pense pas vraiment dans ce cas
    me dis que je devrais, moi, appliquer cela

    RépondreSupprimer
  2. Tous tes textes me "parlent", celui-ci tout particulièrement. Sans doute résonne-t-il d'une autre façon pour moi, pour d'autres raisons aussi, ici et là. Mais, crois-moi, s'escrimer à "rester sourd aux silences, au mépris qu'on croit percevoir", cela relève tout autant de l'inhumain, même si l'on est pas contraint d'assurer le matériel par le truchement de la littérature. Le seul (grand) avantage, qui m'a permis jusqu'à ce jour de largement me préserver du "non", c'est d’avoir très tôt appris à m’abstenir de demander…

    RépondreSupprimer
  3. Brigitte, André,
    Merci de vos commentaires et de vos encouragements.
    (André, en l'occurrence il ne s'agissait pas de demander, mais de répondre à une demande, de s'investir et ensuite de ne plus avoir de nouvelles, d'où ce sentiment d'avoir été méprisé, ce qui n'est sans doute même pas le cas)
    Je vous embrasse, tous deux.

    RépondreSupprimer