jeudi 28 juin 2007

Résultat des courses

Un créateur de tee-shirts personnalisés m'écrit en portugais d'un site barcelonais pour m'inviter à découvrir ses oeuvres. Deux Canadiens de plus passent par ici : voilà ce qu'Harry génère. C'est tout!



(le front d'Harry Potter tagué dans le métro : jeu de piste du moment)

lundi 25 juin 2007

Dans la marge : Saint-Ouen / 4

Un spectacle de danse, Corpus, où tout le monde est fou, croit-on. Monologue sur le noir qui envahit la scène tandis qu’une danseuse frappe et se frappe contre les murs. Seuls le sensible, le corps permettent de rester dans un certain ordre mental, nous dit-on, c’est pourquoi viennent ensuite des tentatives de reconnaissance, de définition de ce corps à jamais lié à la tête.

Sur le périphérique, à la nuit tombée, des dizaines de feux stop clignotent, clignotent aux néons orange, aux flaques aux anfractuosités. Les murs comme des lamelles de fruits. En sortie de tunnel sur la file de droite le ciel passe au gris-bleu. Il faudrait s’accrocher encore.

Mairie du XVIIIe. Visite. Un appartement donnant sur l’église, porte vitrée parquet ciré murs blancs : un nid dans le clocher.

Espèces d’espaces : Perec à la devanture d’une boutique de luxe.

dimanche 24 juin 2007

A Jaurès, dans le tournant

La rotonde, au loin la fenêtre donnant sur du vide (vendue depuis longtemps maintenant) et dans le miroir ceux du quai : photo sous Creative Commons, trouvée sur Wikipédia.


vendredi 22 juin 2007

la gare du Nord sous influence

Mardi 19 juin, dans l'après-midi : photo banale prise de la passerelle de l'Eurostar. S'y cachent derrière les voyageurs des centaines d'adultes et d'ados qui serpentent le long de la voie 15 pour visiter un train, promo Harry Potter pour le cinquième film. Même pas le Poudlard Express dont on aurait pu vérifier le rouge, même pas un panneau qui indique la voie 9 3/4. Pourtant ils s'entassent, une heure trente d'attente mini, et parmi eux un petit de quatre ans, habillé tout en noir, cape, pantalon, tee-shirt du héros, et la cicatrice peinte, la baguette à la main. Il crève de chaud. Il est là, près de sa mère.


PS : je me demande soudain si le fait de citer Harry Potter va faire grimper les statistiques de mon blog. Essayons pour voir : Harry Potter Harry Potter Harry Potter Ordre du Phénix Harry Potter. Harry Potter, Ombrage, ô Harry Potter, te jeter un sort, etc.
Je vous tiens au courant!

jeudi 14 juin 2007

Stalingrad


Coller, gratter, repasser par dessus et attendre que ça prenne.

mardi 12 juin 2007

Sachez que

le blog est à l'heure avancée du Pacifique

c'est comme ça

(d'où les messages de nuit)

lundi 11 juin 2007

Dans la marge : Saint-Ouen / 3

Porte de Clignancourt, 1998 ou 99, devant le marché de voitures volées qu’on longe pour entrer dans Paris. C’est la fin du ramadan, il fait nuit, Paule Constant parle d’écriture à la radio. Puis on entend l’écho de créations sonores, viennent d’une galerie saturée de fumée. Une femme parle au portable, un Japonais s’exclame, tout le monde a une tête d’enterrement. Retour à la rue, manège illuminé de Répu, rideaux brodés et lustres en papier.

vendredi 8 juin 2007

105 ans

Né juste en 1900, il avait deux ans quand Nation Dauphine fut construite. Cent cinq ans aujourd’hui, l’âge des poilus qu’on fête (neuf survivants) ce mardi 14 heures, il vit à Colonel Fabien. Les voisins du dessous entendent parfois ses pas très doux, de la porte à la fenêtre, cherchent le bruit d’une canne qu’ils ne détectent pas et se demandent, à l’impromptu, s’il n’est pas mort. Mais non. De la porte à la fenêtre c’est tout un monde lui espèrent-ils. Ils supposent qu’il est sourd et quand ils y pensent ils l’envient. Les assauts du métro aérien toutes les deux, quatre minutes, lui s’en réjouit sans les subir croient-ils. Il est à la fenêtre, spectacle permanent.

Les voisins du dessous oublient les vibrations, ignorent qu’il n’est même pas malade. Rien. Ne lui reste que : effacer le précédent spectacle, images intimes que huit autres partagent, dix-huit ans en 18. Etrange qu’aucune radio ne soit encore passée immeuble du boulevard, cinquième étage gauche, à Colonel Fabien, ce sera sans doute l’an prochain. Et puis non. Marcher à pas si doux, longer le couloir comme on franchit un col il ne le fera pour personne, sauf pour qui lui monte les courses.

Les voisins ne l’ont jamais vu et lui, ne les voit pas non plus. Ils s’inventent mutuellement le montant des loyers, croisent ensemble par la vitre nos regards impensables.

lundi 4 juin 2007

Notre quartier se transforme

La prochaine fois, on verra mieux...


Dernière phrase

Tu attends, place Clichy, que la pluie cesse de tomber.

Georges Perec, Un homme qui dort, 1967, Folio, page 144.

Fantômes

Et puis, c'est encore chez nous, je veux dire dans le dixième, que nous sentons le frôlement des fantômes les plus purs. Descendus des verts maladifs des Buttes Chaumont, jaillis des rails luisants comme un halage de larmes, chassés des abattoirs, nés dans ce triangle mystérieux formé par le faubourg Poissonnière, les boulevards dits Grands, et le boulevard Magenta, nos fantômes ne sont pas littéraires. Ils ne sont pas fournisseurs de poésie pour films, ballets, vices, costumes, mondanités affreuses. Ce sont des clochers de Souvenirs, des gars de messageries, des spectres de trains rapides, des farfadets de bureaux de poste. Ils nous aident à vivre comme des pavés, des ardoises, des gouttières. Ils font partie du même pâté, du même caviar que les vivants. Et nous sommes là entre nous, les vivants et les morts, exécutant notre devoir d'exister, sevré d'élans, vers le vide des convenances et des menaces...

Léon-Paul Fargue, Le Piéton de Paris, 1932, 1939, Folio, page 29.

samedi 2 juin 2007

Matière du mur

Flanc d'immeuble disparu, Simon Bolivar, Paris 19e

Dans la marge : Saint-Ouen / 2

Saint-Ouen. Au cinéma une conférence d’histoire de l’art tenue par un homme fluet qui porte un nœud papillon. Ce sont des conférences gratuites, mensuelles, entrée libre. L’homme fait avec elles le tour du département. Aujourd’hui : Dubuffet, le corps, la matière. Dubuffet dit : faire l’inventaire de son propre réel, faire des relevés de tous les faits du monde. Il alterne les séries figuratives et abstraites. On note la cycliste nue, la matière picturale grattée. Haute pâte qu’il incise, racle. Il rencontre Duchamp et Pollock à New York, nous sommes dans les années 50. Le vrai art est toujours là où on ne l’attend pas cite l’homme derrière son pupitre, tandis que sur l’écran défilent les diapositives. Sitôt qu’on le décide, il se sauve.

Série des corps de dame. 1945 : Dubuffet énonce le concept d’art brut avec Breton et compagnie. Années 60-70 : l’hourloup, série réalisée à partir de ses griffonnages au téléphone. Série Théâtres de la mémoire, où il tente de représenter la multiplicité des idées que l’on peut avoir en tête.

De Konning déclare : Je crois vraiment que si je ne voyais pas la vie de cette façon, je ne tiendrais pas le coup. Peinture distordue par glissades, giclées, coulures, matière pleine de reliefs et d’accidents.

vendredi 1 juin 2007

Dans la marge : Saint-Ouen / 1

Tirées du carnet d'où viennent les Fenêtres, quelques notes en plus.

Saint-Ouen, 18 septembre 1998, au café rouge le matin. Les arbustes plantés le long de la verrière laissent des ombres dentelées, remuantes, sur les vitres et les chaises. Passe Farid, pressé (le moniteur de l’auto-école d’à côté). Par petites vagues des femmes en boubou, des femmes portugaises, des femmes maghrébines traversent l’avenue pour aller au marché. C’est le jour du tissu. Leur foulard noir ou blanc surgit derrière les stands entre rouleaux et pans, épaules des vendeurs, tandis que le tissu déçoit : malgré les dorures d’Orient les couleurs vieux rose, bleu roi et orangé dominent. Au café on se déplace pour une place au soleil.