mardi 24 décembre 2013

chambre(s) sur rue















Je m'occupe de Décor Daguerre que je voudrais finir, d'où mon peu de passages par ici en ce moment. La fin de l'année a été agitée, aussi, hors ligne, et c'était bien...





















Résumer 2013, lancer 2014 en un billet qui s'appellerait Chambres(s) sur rue, ça pourrait être :
- dire que tout a commencé par des ateliers dans trois classes, trois villes, Epinay, Tremblay et Montreuil
- dire aussi que le lien avec le 93 se poursuit (le festival Hors Limites m'invite à nouveau à Montreuil, ce sera en mars prochain)
- que tout a continué dans les grands magasins (parution de Décor Lafayette en janvier), aux Halles (résidence au centre Cerise toute l'année) et dans la rue Daguerre














- que l'an prochain, je vivrai près d'un palais de justice désaffecté une semaine sur trois jusqu'à fin mai
- qu'entre temps j'ai résidé dans un château, près d'un lac, et que si tout va bien, un livre devrait paraître (fin mai, également)
- que depuis peu, avec Cécile Portier, Joachim Séné et Pierre Ménard, nous animons des ateliers au musée du Louvre (voyez donc leurs premiers billets) (le mien dès que possible)
- que de mon côté, ateliers il y aura également à Poissy, à la Gaîté lyrique et au château de Versailles durant le premier semestre















qu'il y a donc de la rue, de la ville, de la vitre, du chantier, de la boutique, de la banlieue, du village, du château, du palais (de justice), de la forêt, du lac, des légendes, du musée, du lycée, de la Gaîté dans ma vie













et que c'est à suivre !
(enfin si ça nous dit, bien sûr)

mercredi 11 décembre 2013

Cerise, dernière



















Vendredi 13, c'est-à-dire après-demain, à 20h, j'invite Virginie Gautier et Joachim Séné à fêter la fin de ma résidence au centre Cerise. Toutes les informations se trouvent dans l'article Fluctuations, passages, lignes de flottaison, sur remue.net

Sachez que, présents ou non, vous êtes tous invités à participer. Thierry Beinstingel a en effet proposé la chose suivante : 
que Dita Kepler sur son compte Twitter demande auparavant à ce qu'on lui envoie 13 poèmes twitts en 13 mots à 13h13 ce vendredi 13 pour entrer avec elle dans une nouvelle dimension, celle du 13/13/13.
(hashtag : #DK131313)

Virginie, Joachim et moi lirons donc en préambule treize poèmes écrits par ceux qui auront bien voulu nous les envoyer (on n'est pas obligé d'être abonné à Twitter. Il suffit que les treize mots comptent 140 caractères maximum). Bienvenue, donc, en chair, en os, en 0 et 1 ce vendredi, rue Montorgueil, Paris !

(avant de nouvelles aventures en 2014, bien sûr)

mardi 26 novembre 2013

Dita est deux (ou trois) (ou davantage)















Je crois que j'ai commencé à penser à Dita Kepler en 2006, en même temps que les deux autres décors (Lafayette, Daguerre). C'est en tout cas ce que dit un petit journal de travail que j'ai retrouvé - moi, j'aurais parié sur 2009, époque où je me trouvais en résidence au CentQuatre, ce qui prouve bien la constance, l'inconstance de la chose...
(les trois imaginés au même instant, ça oui, par contre, c'est certain)














Dita Kepler n'est pas, au départ, destiné à être publié (sauf ici). Plutôt à être lu en public, hop, one shot, des passages différents à chaque fois et on oublie jusqu'à la prochaine (quatre ans d'écart entre chaque lecture, à ce jour, je ne pense pas abuser !).
Sauf que : je n'ai pas vraiment décidé d'opérer de cette façon dès le début, ce sont plutôt les circonstances qui m'y ont poussées - le texte, que j'écris en fonction des lieux où je me trouve en résidence, demeurait fragmentaire, éclaté, et je n'avais pas très envie de regrouper les éléments de façon artificielle... Surtout, je voulais conserver un espace de liberté, hors publication.










Et puis, je l'ai déjà dit ici : lors des dix ans de remue.net, avec Thierry Beinstingel (ci-dessus), nous avons lu un texte croisé dans lequel je parlais de DK, indiquant que l'on pouvait s'en emparer, ce que fit Pierre Ménard (ci-dessus) sur Twitter. Quand je m'en suis aperçue il m'a donné les clés du compte. J'ai écrit par séries de trois ou quatre tweets durant un an et demi, dans une assez grande confidentialité : le texte était accessible, cette fois, non dépendant de ma voix.
Et puis, Joachim Séné (ci-dessus) a codé, transformé le texte de Twitter pour remue. La boucle était bouclée ? Non. Comme dirait un/e autre Dita Kepler (il se reconnaîtra) : on continue...













Tout le monde peut venir (et donc bienvenue, la prochaine fois, à François Bon s'il veut :)

*

Photos, par ordre d'apparition : 

- prise par Arnaud de la Cotte à Rezé, avec Joachim Séné (mais nous sommes en train de lire un croisement C'était / Fenêtres)
- prises par Pierre Cohen Hadria à Montreuil, avec Pierre Ménard puis Thierry Beinstingel (mais nous lisons respectivement des extraits des Lignes de désir et de Autour de Franck)
- avatar de Dita Kepler sur Twitter dessiné par une des filles de Pierre Ménard

Ainsi Dita Kepler est loin d'être toujours moi, comme on le voit. 
D'ailleurs en ce moment, nous sommes plutôt comme ça : 





















(avatars facebook et twitter : merci à Jessica Maisonneuve pour le portrait rouge au pochoir trouvé sur un mur)

dimanche 17 novembre 2013

comment nommer autrement la grâce ?




































































mercredi, premier jour de beau temps paraît-il et la possibilité pour la seconde fois de l'année de naviguer sur le lac de Grand lieu
mercredi de dix heures à douze heures et tant de beauté qu'à la fin les yeux se ferment 
(presque)
(saturés)
(presque)
et la mémoire est pleine de l'appareil-photo

reste l'écriture on espère
reste l'informulé
l'espérer sans l'écrire avancer
le penser sans le dire avancer
le déposer ici une seconde à peine

vendredi 15 novembre 2013

Journal de la chambre verte #3















Suite du journal entamé au centre Cerise cette année 2013, écrite au printemps, oubliée, reprise... (ici les épisodes 1 et 2). Une version audio de ce texte, avec une photo différente, est disponible sur remue.net, à cet endroit.

Ici, à Cerise, on trouve : une grande entrée sur rue avec chaises, tables et bibliothèque (et l'on peut se servir, troquer), une cour, un café, un auditorium, des bureaux invisibles, des escaliers qui nécessitent de l'éclairage, des salles creusées dans le sol, sans fenêtres (dont la chambre verte), des appartements paraît-il, une vue panoramique sur la rue Montorgueil dans la salle de réunion.
On y danse, écrit, boit un verre, coud, peint, expose, prépare des brocantes. Le wifi ne passe pas, le téléphone portable refuse de sonner. Tout le monde se croise, monte, descend, se rate, se cherche, se demande, rencontre quelqu'un d'autre, finit par se trouver.
Au printemps, soleil enfin arrivé aux Halles, quartier dont le chantier avance ? pour le moment c'est difficile à dire (ce qu’ils appellent canopée a toujours son air d’araignée, massive, ceinte), s'affiche sur palissade cette promesse qu'ils nomment terrain d’aventures et parfois j’aimerais bien voir.

Dans la chambre verte, au sous-sol, il fait frais éternellement. Lors de la balade littéraire organisée au mois d'avril, dont le thème était les travaux justement (le centre, au milieu de ce ventre-ville : un chantier à taille réduite. La déambulation : proposer à qui veut de découvrir Cerise en se laissant guider de salle en salle puis accepter de lire à voix haute, à chaque pause, un texte devant les autres), nous y sommes passés un instant. Présenter le lieu où l'on écrit, chose étrange.

Terrain vague, habité, clos comme ouvert, qui se montre, se cache : le chantier, pour qui n'est ni architecte ni ouvrier, relève de la devinette. Quand je le traverse, je ne sais rien nommer. Il est fait on le sait de tables rases et d'interventions successives, de strates de terres, d'années. C'est ainsi qu'il nous vrille la tête tandis que nous descendons dans l'une des salles en voûte de Cerise, quinze ou vingt à la file, nous penchons, nous relevons, nous installons pour écouter une page des Zones ignorées de Virginie Gautier par l'auteur elle-même. Joie de la voir apparaître, ce qui n'était pas prévu, chance qu'elle soit venue et se prête à cette expérience : petits plaisirs des résidences. Celle-là vire aux instants heureux qui s’additionnent, se multiplient. En secret rayonnent.

Il y eut donc cette balade, café Reflets-cour-auditorium (Carmen, professeur de tango, nous y reçut, elle répétait), puis un salut aux salles du bas avant le retour au café que visita neuf ans plus plus tôt Elisabeth reine d’Angleterre dix-sept minutes exactement. A distance, au plus près résonnaient les mots d'Henri Calet et de Christophe Tarkos, Eric Hazan, Balzac, Zola ; de Julien Gracq, de Christine Jeanney dans la cour et encore de Truffaut, Nerval. Neil Bartlett nous envoya à Londres tandis que Je voudrais une ville d’Emmanuel Delabranche, texte écrit quelques semaines plus tôt pour être lu dans ce lieu même, au fond du Café Reflets, introduisant la soirée liée auterrain de je/u, servit cette fois de conclusion. Des villes, des boucles, tandis qu'à la mi-parcours, dans la cour il grêlait.

au sous-sol l'écriture en attendant de paraître s'enfonce et ce serait cela qu'il faudrait donc montrer ?

Je voulais une ville soleil ombre et elle s’offre à moi c’est parfait.

jeudi 7 novembre 2013

novembre, d'ouest en est















Retour ces prochains jours près du lac ci-dessus (Grand Lieu, pour ne pas le nommer), dans la région nantaise, donc, avec quelques activités au programme, dont : 
- aller écouter Delphine Bretesché présenter son nouveau livre, Perséphone aux jardins de sainte Radegonde paru aux éditions Joca Seria et lui piquer des idées pour le mien
- faire à nouveau un tour sur le lac (un des grands moments de l'année, il faut le dire)
- le 19, à la médiathèque de Rezé, parler numérique en compagnie de Roxane Leconte de publie.net et publie papier, et de Guénaël Boutouillet
- le 22, lire en compagnie de Thierry Beinstingel à la médiathèque de Bouaye
- le 23, faire apparaître Dita Kepler à Rezé grâce à Joachim Séné, avec lequel croiser également Fenêtres et C'était
- écouter François Bon lire des extraits de Proust est une fiction















(ci dessus les publie papier photographiés au Lieu Unique, à Nantes)

(et pendant ce temps-là, grâce à Franck Queyraud, le 22 à Strasbourg, certains en Pecha Kucha évoqueront leurs oloés : mais pourquoi je ne peux pas, contrairement à mon avatar, me dédoubler ?!)














(et pendant ce temps-là, toujours, ne pas oublier la rue Daguerre. Ici l'auto-école et son vélo penché)














Ensuite, prendre le train, revenir, laisser le Montparnasse monde pour la gare de Lyon. Direction : Belfort, Morteau, Vesoul, Baume-les-messieurs, Besançon, pour le festival Les Petites fugues dont voici le programme (ci-contre, dans mon agenda En ce moment/à venir, j'ai ajouté les dates).

Ici, pas de photo, car je ne connais encore aucune de ces villes... (joie de l'écriture)

lundi 28 octobre 2013

Quand elle arrive


















J'ai plus d'une fois parlé de Violette Leduc sur ce blog - ainsi, ici, est mentionné La Folie en tête, , Je hais les dormeurs, réédité par les éditions du Chemin de fer ; et là encore La Femme au petit renard, dont l'action se situe dans le quartier de Jaurès.

Au moment où l'on va enfin réentendre parler d'elle (Martin Provost sort un film, Violette, le 6 novembre prochain et Gallimard en profite pour rééditer quelques titres en Folio, tandis que Grasset propose une nouvelle édition de la biographie que Carlo Jansiti lui a consacrée), voici un autre extrait de son oeuvre, passage que j'aime particulièrement. Cette fois, il s'agit du début de L'Affamée, récit paru en 1948, dans lequel la figure de Simone de Beauvoir est centrale :

"Elle a levé la tête. Elle a suivi son idée sur mon pauvre visage. Elle ne le voyait pas. Alors, du fond des siècles, l'événement est arrivé. Elle lisait. Je suis revenue dans le café. Elle suivait d'autres idées sur d'autres visages. J'ai commandé une fine. Elle ne m'a pas remarquée. Elle s'occupait de ses lectures. Quand elle arrive on nettoie le café ou bien on finit de le nettoyer. Le carrelage sèche. On le voit sécher : un carreau trop pâle, un carreau trop rouge. Plus il est fade, plus il sèche. Les chaises sont sur les tables, deux par deux, renversées l'une sur l'autre. Les tables dégraissées supportent ces enlacements obscènes. On passe la main sur le marbre humide. On a un frisson. Cette propreté qui s'envole me calme. Le patron a déposé sa gueule de patron à la caisse. Il astique. Il a travesti la moitié de son corps avec un tablier. Son sexe, auquel on ne pensait pas, est derrière un paravent de toile bleue. Les garçons l'aident. Ils ont ressuscité des mouvements non automatiques. La porte du café est ouverte. L'odeur du tabac vadrouille. La rue a l'exclusivité des bruits."

vendredi 25 octobre 2013

hommages à Maryse















ici et par















et ici encore (toujours)
et ailleurs sans doute















au dos de ses cartes et dans ce jardin ce qu'elle a écrit















venu de partout ça essaime



















ce qu'elle a aimé, offert

















suit sa route
















et nous continuons à aimer















à écrire

lundi 21 octobre 2013

de Paris à Nantes, lecture(s) croisée(s) avec Thierry Beinstingel

De mon oloé à Cerise (chambre verte d'où l'on entend le temps passer), un mot pour dire que la lecture croisée avec Thierry Beinstingel qui eut lieu le 20 septembre dernier est en ligne sur remue.net depuis quelques instants, ici même.

Si vous êtes dans la région nantaise, sachez que nous reprendrons cette lecture (à moins que nous décidions de faire un peu autre chose...) le 22 novembre prochain à la médiathèque de Bouaye, près de Nantes. Ce sera à 20h30 et toutes les informations se trouvent, cette fois, par là.

(et que ceux qui veulent nous proposer une tournée n'hésitent pas !)

dimanche 13 octobre 2013

notes sur un texte en cours

Ce dimanche, c'est à nouveau la même chose : sont ouverts côte à côte le traitement de textes dans lequel j'écris, me relis, corrige, fichier que je referme, auquel je ne reviens que quelques jours plus tard, le temps de laisser décanter et l'interface du blog, ici même, où taper en direct - se relire, d'accord, mais sous tension (publier juste après est l'idée qui domine).
Seulement, la semaine dernière, c'était un extrait de Décor Daguerre que j'écrivais ainsi, en off, lié à Cléo de cinq à sept pour être plus précise, tandis que cette fois c'est d'un texte réflexif qu'il s'agit, qui concerne mes pratiques : une commande à honorer, à paraître l'an prochain, autant dire à une époque où depuis longtemps cet article de blog sera oublié.

J'écris donc là-bas (en off) ce texte, dans lequel je tente de comprendre et de faire comprendre la façon dont j'écris, quels matériaux j'utilise et en quoi s'y insère ou non ce fantasme nommé le réel, quand tout à coup l'envie de venir écrire ici me prend. Je n'ai aucune idée de ce que je vais faire (j'ai failli taper je veux au lieu de je vais mais c'était trop fort, inexact). Tout ce que je sais, c'est que dans le texte en off brusquement j'ai écrit ceci (passage qui n'a pas décanté) : 

Pendant que j'écris ce que vous lisez, j'ai grande envie de me rendre dans l'interface de mon blog, de créer un nouvel article et d'écrire à partir de ce texte-ci, celui que vous êtes en train de lire et que le visiteur/lecteur de Fenêtres (http://fenetresopenspace.blogspot.fr/ ), lui ne verra pas, pas plus que vous n'irez regarder ce que je m'apprête à y mettre sans autre motivation que cette envie soudaine, sans autre « idée » que celle d'une corrélation avec celui-ci.
(comme il s'agit a priori d'un texte publié papié, le lien n'est pas sur le nom mais à côté).

Mon dieu mais il n'y a rien là-dedans, rien de réel, ce n'est que du vent, me dira-t-on. Ce qui change pour moi, en effet, pour l'instant, entre écrire ici et là-bas, c'est seulement l'interlignage, changement dû au pratique mais énervant copier-coller (du traitement de textes à l'écran, on passe du simple au double, vous l'aurez constaté). J'ai tout à fait la flemme d'aller chercher comment faire plus joli, harmoniser l'ensemble. Je m'en fiche, je n'ai pas le temps. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir s'il s'est passé quelque chose, autre chose que cette mocheté. Oui : j'ai commencé à modifier ici l'extrait copié collé là-bas. J'ai changé un nom, ajouté un adjectif, l'ai retiré, sans savoir encore si c'est mieux. J'ai regardé l'aperçu, ici, plusieurs fois (pour mieux me relire, c'est une constante). Je me suis dit que rien ne m'empêchait de publier ici le texte de là-bas, en entier, même si j'ai une commande d'éditeur et que, pour cette raison, il ne devrait paraître que dans plusieurs mois 
(I got the power)
(cependant il est inachevé)
(et celui-ci, alors ?).
J'ai pensé que je pouvais aussi laisser celui-ci en brouillon jusqu'à la parution de l'autre (bof) ou pour toujours (c'est déjà plus intéressant). Je me suis demandé si je mettrais, ici, une photo (je n'en fais plus depuis un moment et ça me manque). Je n'y ai pas pensé pour le texte de là-bas, alors que le thème même du recueil à paraître concerne ce qu'on prend au réel, et comment on le détourne, sans se restreindre à la seule imitation. Je me suis dit encore : mais pourquoi tu écris ici, alors que ta commande est pour là-bas et que le temps presse ? 
(soudain il m'a semblé que l'immédiateté concernait moins l'ici, que l'on nomme virtuel, que le là-bas, publication papier à faire avancer et boucler)
J'ai pensé que je publierais (ici, bouton orange) ce texte au moins pour qu'apparaisse une url à insérer là-basTout en sachant très bien et depuis le début que ce que je nomme ici, là-bas, ne sont en réalité (ah enfin, le réel !) que deux petits onglets, ouverts et côte à côte.

(ce n'est pas très sérieux, ça n'a pas avancé)
(mais est-ce que ça avance, le réel ?)

dimanche 6 octobre 2013

Publier

commence à écrire, hein, parce que ça va bien
(je commence, je commence)
commence parce que tout le monde dort, tout le monde est ailleurs, tout le monde fait autre chose
(je commence, et c'est continuer)
le monde tu le places ailleurs (tout le monde le dit : il faut mettre à distance)
tu l'évacues
entré dans sa membrane lui et toi êtes étanches
(c'est à cette condition qu'on redevient poreux)
et tu commences
(mais c'est grippé encore)
attends

tu écris sur l'attente quelque chose qui n'est pas lu et tant mieux te dis-tu, qui n'est pas fait pour ça, pour le moment du moins, dans quelques mois peut-être, qui s'amorce quand même pour être lu un jour mais pas pour le moment, ce n'est pas la question, ce n'est pas le problème, le lecteur n'y est pas et tu n'y penses pas

pour l'instant

tu t'arrêtes, tu écris autre chose, quelque chose d'immédiat il suffit de cliquer sur le mot Publier avec sa majuscule, mot blanc sur fond orange, il suffit de taper des lettres dans l'interface, et ce n'est pas la même, elle imite la page comme la précédente celle où écrire l'attente mais ce n'est pas la même

l'interface Publier avec bouton orange vient du dimanche matin
contient de la semaine le seul moment de silence
est à jeun
ne veut pas déranger

le texte sur l'attente, lui, peut être déplacé d'un moment de la vie à l'autre
il faudra en finir mais c'est un matériau qu'on emporte avec soi polissage compris

il faudra en finir
il faut y revenir 
l'interface Publier a servi de contrepoint
a permis de distraire
non
d'évacuer l'angoisse
non
a permis quoi ?
de mettre à jour ce qui, dans l'autre texte (nommé texte initial mais qui sait si c'est juste ?), n'aurait pas pu se dire et pourtant s'y trouvait
était là
plus que là
matrice
filigrane
venu de la membrane entre soi et le monde
souplesse protection
fluidité du souffle

il faudra y revenir

le présent n'y est plus 
éparpillé brisé 
ce silence déjà du dimanche matin

(il contient pourtant sa relecture)

lundi 30 septembre 2013

Lectures d'octobre















Deux lectures, ou plutôt deux lectures-projections, en ce début octobre : 

la première aura lieu vendredi 4 à 19h30 à la librairie Texture dans le cadre du festival Mon expo en vitrine, qui réunit des photographes du XIXe arrondissement. J'y lirai des passages de Décor Lafayette en projetant un diaporama de photos prises dans les grands magasins, bien sûr, mais aussi dans la rue La Fayette, au Palais Royal, vers la Chapelle... Tous les détails sont ici.

Quant à la seconde, elle se déroulera le mardi 8 octobre à 20h30 au centre Cerise, en compagnie de mon invitée, Mathilde Roux, qui projettera des photos tandis que je lirai un extrait très "cartographique" de Décor Daguerre. Cet ensemble servira de prélude à l'exposition de collages de Mathilde au café Reflets, qui aura lieu toute la semaine (je vous conseille d'aller voir !)



















Cette fois, tous les détails sont , sur remue.net.
A très bientôt, donc, dans le décor ou sur la carte...

samedi 28 septembre 2013

ce que ça fait













On ne sait trop. Tout a explosé, vide dans la tête et où est passé le fichier (c'est écrit ECRITURE pourtant), le logiciel n'existe pas, le power point met dix ans à s'ouvrir, ce serait quand même bien de dire quelque chose, noir autour, progression si lente des pointillés indiquant l'avancée du : Résidence Cerise/Pecha Kucha/Terraindejeu, que dire, on ne sait, et à qui, on ne sait, et donc ? sauter à pieds joints de la scène ? (il n'y a que ça qui vient), voilà, ça s'installe, 20 images chronométrées 20 secondes, ça s'installe mais soi non, les images s'affichent mais le texte sur le second écran se fige (le dire par coeur ? partir en courant ?), une seconde encore, trouver la solution, voilà c'est lancé mais qu'est-ce qui manque encore ?

(de soi ? trop intime, le texte pour le porter ainsi ?)
(c'est de l'intime changeant, cependant)

A mi-chemin, dans le noir devenu silence, un peu de sens enfin.















*
La première photo a été prise par The Electronic Literature Organization à la BNF le 24 septembre dernier, lors du festival Chercher le texte (on peut voir un court passage de ma lecture à la fin de cette vidéo de l'émission Un livre un jour). Le terrain de je/u sera lisible/visible sur remue.net très bientôt.

dimanche 22 septembre 2013

chantiers et passerelles




















Thierry Beinstingel et moi nous nous connaissons depuis quelques années et discutons régulièrement de nos chantiers en cours. En quoi les questions que nous nous posons quand nous nous voyons, sur la fiction, l'état de personnage, la notion de décor, etc., peuvent-elles influer sur ce que nous écrivons ensuite ? En quoi nos recherches séparées peuvent-elles se croiser, se rejoindre, sans même qu'on l'ait su dans nos livres à venir ? C'est un peu ce que nous avons tenté de comprendre, au moins d'illustrer, en proposant vendredi dernier au centre Cerise une lecture croisée de six ouvrages différents : Franck et Avant Franck, d'abord, avec un extrait d'un passage situé dans le quartier de la Chapelle pour moi et à la gare de l'Est pour lui ; Décor Lafayette et Ils désertent, ensuite (livres que nous avons écrit en même temps), avec apparition d'une vieille dame de cent ans et d'une chef d'équipe très énervée ; (nom de code du prochain roman de Thierry) et Décor Daguerre, enfin, avec, en vrac, des fouilles, un musée, le chantier des Halles en 75, des cols pelles à tarte, une bille, une bulle, Emma Bovary et Rimbaud.

Nous referons cette lecture (ou peut-être une autre) en novembre à côté de Nantes. D'ici là, le terrain de jeu aura je l'espère continué de s'étendre. 















A ce propos, remue.net a repris sa mise en ligne des Pecha Kucha sur ce thème qui avaient eux aussi fait l'objet d'une soirée à Cerise (mémorable, en tout cas pour moi !).
Avaient déjà été présentés avant l'été ceux d'Emmanuel Delabranche, de Juliette Mezenc et de Mathilde Roux. Depuis, est apparu La course à l'échalote de Cécile Portier et l'on attend incessamment celui d'Olivier Hodasava (merci à Guénaël Boutouillet). 

Quant au mien (de Pecha Kucha), je le présenterai à nouveau mardi soir à la BNF au grand auditorium lors du festival intitulé Chercher le texte. Toutes les informations concernant ces 6'40 de projection et de lecture sont ici
Juliette Mezenc, elle, sera à la BPI du centre Georges Pompidou demain soir, également dans le cadre de ce festival, pour une performance avec Stéphane Gantelet intitulée Le dossier est vide. Et l'on pourra voir et écouter Cécile Portier mercredi 25 au Cube, à Issy-les-Moulineaux, pour Etant donnée.

*

(photos prises sur le terrain de je/u)

lundi 16 septembre 2013

Mille et un lieux : la dune














"C'est seulement quand je suis arrivée au pied de la dune qu'il m'a semblé qu'elle s'animait. Observée ainsi en contre-plongée, elle ressemblait à une forme humaine, peut-être féminine, une sorte de géant tondu allongé sur le flanc. Je me suis tenue immobile, les yeux bien écarquillés. La communion avec la nature n'a jamais été mon fort. J'y voyais le plus souvent l'expression de nos interprétations lourdes et intrusives. Certes, il y avait eu ces nuits d'été, ces nuits puissantes et nues, renversées dans les chaises longues, passées à rapporter bravement nos vies terrestres à l'infini céleste. Mais, selon moi, il ne fallait pas demander aux lieux d'être autre chose qu'eux-mêmes afin de ne pas les étouffer sous les strates de nos sentiments. Pourtant, ce jour-là, devant la dune, je me suis laissée faire. J'étais sans doute trop affaiblie pour tenir quoi que ce soit à distance."

Maylis de Kerangal, La Vie voyageuse.

Visuel : installation d'Agnès Varda, présentée lors de son exposition L'île et elle.

jeudi 12 septembre 2013

so sweet / mille fenêtres















Cette millième fenêtre, où la trouver ? 
(car il s'agit ici du millième article, en effet)
Dans la campagne anglaise où le ciel ne saurait tout à fait s'obscurcir, où des souvenirs d'ailleurs, bus et bruits, foules des capitales, accompagnent nos pas, la voici derrière son muret.



















On peut encore la peindre à Birmingham, rideaux des bow windows qui nous cacheraient bien, derrière lesquels baisser la garde, fermer les yeux.



















Ou encore de retour à Londres vissée à sa passerelle : une fenêtre liée, lancée vers l'en-face, faisant face et pont, façade embrassée.

dimanche 8 septembre 2013

Fenêtres de Londres



















Londres voici un salon de thé, du Japon en musée qui passe.



















Est-ce le transport qui penche



















le reflet qui perdure














la ville qui protège on ne sait.















Le reste, tout le reste, a fui.

vendredi 6 septembre 2013

à l'oreille















peu de nouvelles ici et ce n'était pas l'été
j'attendais que la tension remonte
j'attends la pluie
qu'elle ferme les bouches rythme le sommeil
que le rivage perde
que du bleu nous manque et rouvrir les livres sans les ouvrir tous 
(feuilleter fermer)
puis j'écris et je n'attends plus

à l'oreille l'orage

mercredi 28 août 2013

ciel et vitres des Halles



















- Nous montons.
- D'abord les maisons, leur verticalité, puis les toits et au-delà, l'horizon lentement s'élargit.

d'autres fois, par les belles nuits, par les aubes claires, ils grimpaient sur les toits, ils montaient l'escalier roide des tourelles, placées aux angles des pavillons. En haut, s'élargissaient des champs de zinc, des promenades, des places, toute une campagne accidentée dont ils étaient les maîtres.

- Le relief apparaît, la colline de Montmartre surmontée du Sacré-Coeur et le ciel d'habitude invisible.

Ils faisaient le tour des toitures carrées des pavillons, suivaient les toitures allongées des rues couvertes, gravissaient et descendaient les pentes, se perdaient dans des voyages sans fin. Lorsqu'ils se trouvaient las des terres basses, ils allaient encore plus haut, ils se risquaient le long des échelles de fer, où les jupes de Cadine flottaient comme drapeaux.Alors, ils couraient le second étage de toits, en plein ciel. Au-dessus d'eux, il n'y avait plus que les étoiles. Des rumeurs s'élevaient du fond des Halles sonores, des bruits roulants, une tempête au loin, entendue la nuit.

- J'habite au premier étage.
- Sur cour.
- Même au deuxième il fait encore sombre.
- De plus en plus le rez-de-chaussée est investi. Il suffit de vitres opaques, d'un rideau, et un local commercial se transforme en appartement.

Mais dès huit heures, elle n'avait plus d'yeux que pour la fenêtre, aux vitres dépolies, où se dessinaient les ombres noires des consommateurs du cabinet. Elle y constata la scission de Charvet de Clémence, en ne retrouvant plus sur le transparent laiteux leurs silhouettes sèches. Pas un événement ne se passait là, sans qu'elle finît par le deviner, à certaines révélations brusques de ces bras et de ces têtes qui surgissaient silencieusement.

- Vous ici ?
- Une rencontre sur des escalators, c'est original.
- Je ne manquerai cette soirée pour rien au monde.

Elle devint très forte, interpréta les nez allongés, les doigts écartés, les bouches fendues, les épaules dédaigneuses, suivit de la sorte la conspiration pas à pas, à ce point qu'elle aurait pu dire chaque jour où en étaient les choses. Un soir le dénouement brutal lui apparut. 

- Nous dépassons les salles plongées dans le silence et l'immobilité. La bibliothèque vide, tous ces livres qui attendent, les journaux que personne ne feuillette - une actualité bizarrement inutile et qui sera périmée, demain. Le musée d'Art moderne dont les tableaux, les objets, les sculptures vivent un jour par semaine à l'abri des regards, des paroles.

Elle aperçut l'ombre du pistolet de Gavard, un profil énorme de revolver, tout noir dans la pâleur des vitres, la gueule tendue. Le pistolet allait, venait, se multipliait.

- Comme si le monde s'était retiré.
- Une plage à marée basse.
- La mer au loin, inaccessible.
- Nous arrivons.


*

Sentinelles de Cécile Wajsbrot et Le Ventre de Paris d'Emile Zola ont pour point commun d'être entièrement situés dans le quartier des Halles. Ce sont également deux de mes lectures d'été. J'ai eu envie, ici, d'en croiser quelques extraits, respectant ainsi à peu près la façon dont je les ai lus. Pour cela, j'ai choisi de copier le début du texte de Cécile Wajsbrot (dont l'action se passe au centre Georges Pompidou et qui est uniquement composé de dialogues) en respectant son déroulement, tandis que les extraits du Ventre de Paris appartiennent à des chapitres différents du roman et n'évoquent pas les mêmes personnages.

(... ou comment, après avoir eu le désir de relire un texte linéaire, retrouver au galop le naturel !)

photographie : fontaine des Innocents