Durant mon séjour au centre Cerise, j'ai décidé de tenir une sorte de journal, qui paraîtra à la fois ici et sur le site remue.net, lequel accueille les travaux des auteurs en résidence Ile de France.
Ici, on trouvera le texte ; là-bas, une lecture audio sous forme de fichier son. Ici, une photographie ; là-bas, une photo aussi, différente mais prise au même endroit, quelque part dans le quartier des Halles, à Paris.
Pour cette première fois, je suis partie d'éléments que ceux qui me lisent ou viennent sur ces pages connaîtront déjà, sans doute, au moins en partie : façon de se présenter, là-bas, à Cerise...
*
donc tu travailles sur
les lieux, dans les lieux
vous écrivez sur la rue
le terrain le quartier les façades les grilles le paysage les murs
les cheminées les visages le sol les fils et les ponts les
palissades les marches et les portes vitrées
c'est bien ça ?
et dans les lieux mêmes,
ah directement dans les lieux ?
oui, souvent, mais je
ne voudrais pas me laisser enfermer
donc tu as écrit dans le
métro oui dans le train oui en bibliothèque oui dans une loge
d’artiste oui en sous-sol oui suspendue dans le vide
presque
dans mon lit surtout
et vous vous êtes rendue
dans les grands magasins dans Google Street view dans une maison de
maître
dans les rues de
Marseille Montreuil Epinay Tremblay Lille Berlin Roubaix Londres
Nantes Boulogne
dans l'ancienne banque de
France de la ville de Béthune
et dans la rue Daguerre
oui
et dans trois parloirs de
prison
aussi
mais ce n’était pas
pour écrire
et pourquoi Paris parce
que c’est tout proche et pourquoi ailleurs parce que ça me manque
dans la fuite ?
non
ou alors : pas sûr
ou disons plutôt : la
fuite et le contraire
(se prendre le mur ?)
(ouverture et danse ?)
dans l'é-va-si-on ?
oh
dans le déplacement ?
oui
Le lieu c’est du temps
que j’invente, il suffit de le renommer. Au centre Cerise, il
s’appellera la chambre verte comme il y eut le magafiction,
contraction de magasin et de vous savez quoi (magasin de livres, bien
sûr). Chambre verte comme chambre d’échos, pièce chargée de ce
qu’il y a autour, chantier des Halles, musée, bandes qui se
croisent, ruelles et la fontaine des Innocents
panoramas et
transactions, montées, descentes
souvenirs crus
Dans la pièce une
horloge rouge
six chaises une table une
étagère
veillent
me protègent de ce vide
sans rapport avec la page blanche
m’éloignent du repli,
de l’absence en un paradoxe apparent
(car ici c’est silence
solitude rien ne passe même pas le téléphone)
sans rapport avec l’écran
blanc c’est plutôt le trop-plein qui me perd
trop de signes tu
comprends
je comprends je compte et
je trie
je mélange et je
recommence
les pistes et les cartes
s'inversent
on abat son jeu on se
penche pour voir le résultat produit
et comme toujours tu sais
je sais et je saisis
ma chance
le fruit de l'expérience
est tout au fond du puits
malgré le chauffage
électrique il fait froid dans la chambre verte
fini pour aujourd'hui
il est temps de partir
peut-être
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerMerci pour ton message et excuse le retard (le spam...).
RépondreSupprimerLa chambre verte : évidemment, pas pu ne pas penser au film de Truffaut, mais ce ne sera pas le lieu du culte des morts, ici, non. Au contraire, il paraît que cette pièce a vu la naissance de quelques couples... je n'en sais pas plus...
Sûr aussi que je ne pourrais pas faire l'impasse sur Le Ventre de Paris (déjà utilisé en atelier à Montreuil) (tout est dans tout et réciproquement, disait Pierre Dac) (oui, je suis capable de citer L'Os à moelle ;-).
Bises et au 6, donc (chouette)