Entre 14 et 16 ans, bof, pas grand chose, si ce n'est Ionesco et Zola (L'Oeuvre), trouvés dans la bibliothèque de ma mère, et 1984 d'Orwell. Mais entre 16 et 17, ça se bouscule : d'abord Les Enfants terribles, lu trois fois de nuit. Ce qui me plaît : les rapports de domination des personnages entre eux, ce côté vampire qui fascine, hypnotise ; leur marginalité, leur mépris des problèmes matériels ; et surtout la chambre, vrai sujet du livre (claustration obsédante : dépouillée de tout artifice théâtral, plus tard, ce sera celle d'Un homme qui dort).
Ensuite, Phèdre, de Racine. Comme pour la pièce de Prévert à 10 ans, en connaître des passages par coeur, à force de relire. Seul grincement : la mort d'Hippolyte, happé par un monstre marin, fin que je trouve consternante. Que vient faire le surnaturel là-dedans ?
Enfin, toujours à 16 ans, en première, découverte de Genet grâce à Fassbinder et son adaptation de Querelle de Brest. La salle siffle, le lyrisme dérange, Genet n'est pas aimable : tant mieux. Evidemment, pour être honnête, c'est le physique de Brad Davis sur fond de ciel orange qui commence par compter ! Mais c'est aussi le trait de lumière rouge sur le cou de sa victime : décidément...
En sortant du cinéma, j'achète le livre, qui s'ouvre sur cette idée de mer évoquant l'idée de meurtre, de marins. Contrairement à Notre-Dame-des-fleurs et Miracle de la rose, je ne l'ai pas relu jusqu'ici. Mais Genet, dont la langue ensorcelle, vire régulièrement le lecteur de son livre : je commence à le percevoir et c'est, je crois, ce qui me plaît.
Plus tard, à vingt et un ans, quand je décide de faire mon mémoire de maîtrise sur son oeuvre, je découvre ses attaches avec Cocteau, et ce qu'on dit régulièrement de lui : un racinien. Mais pour moi non, Cocteau + Racine n'est pas égal à Genet, qui ne se compare à rien.
Mes préférés : L'Atelier d'Alberto Giacometti, Miracle de la rose.
Celui que je jette à travers la pièce : Pompes funèbres (cette fois, il m'a vraiment virée de son livre).
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