dimanche 15 avril 2018

Semaine #15 espace-temps

(la Vallée aux Loups au printemps)

Lundi Je commence pour de bon à écrire Bruits. Les premières minutes du livre sont tout sauf paisibles, je le savais, l'ai toujours su, et ce sont bien celles-là qui viennent. De [06:00] à [06:02] (le livre commence à 6 heures du matin), trois minutes de fiction violente, voilà pour la journée. Peut-être que la douceur de Chartres, je ne la découvrirai qu'après la résidence ? Ou jamais ? Qu'importe, ce qui compte est ailleurs, dans le mouvement. 
Et puis, comment faire autrement, avec ce qui se passe ces jours-ci à Notre-Dame des Landes et dans les universités ? 

Mardi Création d'une minute (sonore, celle-là) dans la galerie marchande près du Monoprix de Chartres, destinée à ce que j'aimerais voir devenir un portrait miniature et collectif de la ville, à la fin de la résidence.


J'aimerais, oui, que les habitants participent à ce projet, créent eux-mêmes leurs minutes et qu'en juillet nous ayons une heure d'écoute à proposer aux auditeurs. Pour cela c'est simple : il suffit d'enregistrer une ambiance sonore, d'écrire un texte, de le lire à voix haute, de mixer les deux sons et de faire une photo (vous habitez Chartres ? Vous avez quelque chose à dire de cette ville ? Bienvenue !).

Mercredi Ce jour-là, c'est Saint-Ouen la ville de référence, où j'ai vécu il y a vingt ans et où le conseil régional d'Ile de France est désormais situé. Une rue Simone Veil qui ne se trouve pas sur la carte, un groupe de voyageurs qui, sorti du métro, s'y dirige d'un seul homme : de nouveaux repères pour l'audonienne que je fus. Tout un quartier se construit derrière le quartier de la mairie où je retrouve des bâtiments connus, la salle de sport qui était alors ma bibliothèque, le parking où je m'entraînais à conduire... Bruits, qui est un très gros projet, pourra avancer après l'été grâce à la convention que je signe ce matin-là. Secrètement, je me félicite d'avoir commencé à l'écrire, délaissant l'emprise du Marilyn et l'atonie secrétée par l'attente pendant qu'il est en lecture : j'évite ainsi l'impression de voler les gens...



















Jeudi Bruits, de plus, commence à vivre sa vie sans moi, puisque le 12 ont lieu conjointement à Paris la soirée de lancement de la revue Espace(s) du CNES, dans laquelle sont publiées les minutes minuit et minuit une du manuscrit, et à Chartres la rencontre avec Virginie Gautier.


(photos de Yann Dissez)

L'équipe du CNES m'a proposé de venir lire mon texte mais s'y est prise trop tard. La minute minuit reste donc au chaud dans les pages de la revue tandis que j'interroge Virginie sur ses livres, sur le rapport qu'elle entretient avec la fixité et le mouvement en particulier. Elle nous lit à la fin trois extraits de son texte en cours, lié à la marche qui l'a conduite il y a quelques mois de chez elle à Notre-Dame des Landes : il nous fait forte impression.
C'est une très belle soirée, vraiment, et je suis contente à plus d'un titre : parce que c'est la première fois que nous organisons quelque chose toutes les deux mais également parce que je n'avais pas animé de rencontre avec un auteur depuis longtemps et qu'il me semble m'en être tirée (ouf ! joie et soulagement).


Tant mieux, d'ailleurs, car le lendemain soir, c'est Joachim Séné que je cuisine sur sa relation à l'écriture, au numérique, au code, au collectif... Nous sommes à la Vallée aux Loups, dans la bibliothèque de Chateaubriand dont la disposition a changé pour l'occasion. Joachim a installé un réseau wifi interne et peut projeter sur écran des exemples de ce qu'il fait en ligne, sur son site personnel comme sur relire ou rature. Nous parlons également de L'aiR Nu, puis il lit un passage de son dernier livre paru, Equations football.
Il était important pour moi de faire entendre l'auteur, pas seulement le créateur numérique. L'écoute dans la salle est belle, le public semble découvrir tout un univers et nous le dit : on sent bien que quelque chose s'ouvre et circule, cette fois encore.














(photo de Joachim Séné)

Samedi Me voilà déjà de retour dans cette même bibliothèque, pour mon atelier mensuel. La veille, j'ai lu un extrait du dernier livre de Virginie Gautier dans les 36 secondes, et j'en parle un peu lors de cette session dédiée aux rencontres, aux voyages. Une fois de plus, et malgré le nombre important de participants, tout le monde s'écoute. C'est un atelier bien peuplé, littérairement parlant, aussi : on y entend des extraits de textes de François-René partant pour l'Amérique, d'Albert Londres de passage à Marseille, de Martine Sonnet qui arpente son Montparnasse Monde, de Jérôme Game nous livrant à la vie des aéroports (dans les 36 secondes également) et de Françoise Héritier dont le dernier livre est une ode aux rencontres.

Ecrire, disions-nous : la suite la semaine prochaine...

2 commentaires:

  1. audonienne un jour, audonienne toujours... ça avance bien, cette petite entreprise... félicitations ! (bises) (je pars en Normandie) (mais tu n'es pas quitte d'arroser cette nouvelle étape audonienne aussi, par le fait)

    RépondreSupprimer
  2. C'est bien noté !
    (oui, je suis très contente)
    (et bonne Normandie, alors)

    RépondreSupprimer