Mon premier article sur ce que j'ai appelé l'écriture invisible m'a valu un nombre de visites important, ce dont je vous remercie. Depuis, on m'a suggéré l'idée d'en faire une suite, de ne pas laisser la réflexion en suspens. Voici donc quelques pistes, pensées qui me sont venues après la vision et l'écoute de vidéos de la compagnie Pièces détachées. L'écriture invisible ne se réduit pas nécessairement à l'absence de publication. Elle peut faire également partie d'un processus artistique.
Ainsi, la première vidéo, qui est en réalité un fichier son, permet d'entendre en intégralité le début du premier tableau de Diptyque, intitulé D'ici là (nommé, parfois, Ce corps-ci ce corps-là). Lorsque la pièce est jouée, on n'a pas accès à tout ce texte, simplement à des bribes, mêlées à d'autres passages que je ne lis pas ci-dessous. Sur scène, ce qu'on entend, c'est une re-création, choix de Caroline Grosjean, la chorégraphe, qui a pioché ce qu'elle voulait où elle voulait.
Cette lecture de D'ici là est par ailleurs un objet unique et clos puisqu'elle a été effectuée à mi-parcours avec le guitariste Rémi Aurine-Belloc qui, finalement, est intervenu sur le second tableau, pas le premier. Pour l'instant, vous ne pouvez pas l'écouter directement ici (j'ai demandé à pouvoir le faire, intégrerai un nouveau code dès que je l'aurai). Mais en cliquant sur le lien une fenêtre s'ouvrira - et je trouve assez drôle de voir un Sorry s'afficher ainsi sur mon article, vu le sujet !
L'enregistrement dure six minutes.
L'enregistrement dure six minutes.
AUDIO - live-A.Savelli-R.AurineBelloc from pieces detachees on Vimeo.
C'est le créateur sonore Zidane Boussouf qui, finalement, a travaillé sur ce premier tableau. La vidéo ci-dessous permet à la fois d'entendre sa proposition et de saisir cette histoire de bribes dont je parlais tout à l'heure. Je l'ai déjà postée ici mais il me semble qu'elle prend un relief différent si on la regarde à la suite de la lecture initiale avec Rémi.
d'ici là from pieces detachees on Vimeo.
Rémi a donc finalement joué sur le second tableau, intitulé L. Vous ne pouvez pas vous en rendre compte, mais le texte de L est assez long. A l'origine, c'est même une fusée à trois étages. Premier étage (celui que Caroline a conservé mais dont elle n'a, encore une fois, utilisé que des bribes) : la description de photos ayant toutes pour sujet le même modèle, une femme vue en noir et blanc, dont on comprend qu'elle est dotée d'un physique assez exceptionnel et qui entretient avec le photographe des rapports étroits, sans qu'on puisse déterminer précisément lesquels (séduction ? rivalité ? émulation ? soumission ?). Deuxième étage : ce que je dis de cette femme hors séances. Troisième étage : l'évocation du lieu où j'écris le texte, me fondant sur un livre de photos que je feuillette. L désigne le livre.
Sur scène, dans la vidéo ci-dessous, ce qui émerge ce sont en particulier deux citations :
A bien y regarder, et pour qui te connaît, ton ombre paraît plus réelle que ton corps. Faut-il que tu t'inquiètes ? repris par Magali Albespy sous la forme chantée Should you worry ?
et
De la dérive et du contrôle, il devrait être un peu question, martelé par Vidal Bini avant qu'il ne soit censuré par Mathieu Heyraud. J'avais indiqué à Caroline que dans mon esprit, cette phrase était à peu de choses près lancée à la gueule du lecteur, mais ce fut ma seule intervention.
L - second tableau de diptyque from pieces detachees on Vimeo.
Ce que j'ai écrit, et qui équivaut à cinquante-cinq pages de livre environ, ne peut évidemment être lu ou dit en intégralité sur scène. C'est un matériau pour la chorégraphe. Mais c'est aussi, pour moi, un texte complet. J'y tenais, j'en avais besoin. Caroline cherche en ce moment à le faire publier en intégrant sons et images, trouvant une forme qui permette de comprendre ce passage du texte entier aux bribes.
A suivre, donc.
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