mercredi 30 mars 2016
lundi 28 mars 2016
De la ville au Loing - six mois en images
Samedi prochain, le 2 avril à 18h30, la résidence de L'aiR Nu à Moret Seine et Loing prendra fin à la médiathèque de Vernou la Celle. Lectures, projections... j'en reparlerai plus en détail ici cette semaine. En attendant, et pour conclure ce journal de la Ville au Loing, quelques images du collectif au travail au fil des mois, par beau temps ou non, crapahutant, enregistrant, se réunissant, animant divers ateliers... Tout n'y est pas, mais je trouve que l'ensemble reflète bien notre parcours.
(pendant que je choisissais ces photos, j'ai appris la mort du poète Francis Royo. Candice Nguyen pour lui rendre hommage vient de le citer longuement sur Twitter. Ainsi :
« entre l’émeute et le frisson là où la vie grandit
j’aime plus haut que moi-même »
Tout ce qui peut se dégager d'heureux dans ces images est dédié à Francis)
Ecuelles, inauguration de la résidence, attente avant de monter sur scène, soleil doux de fin d'après-midi, un jogger passe (photo 1 : ccmsl)
Champagne, rencontre avec des collégiens qui ont auparavant suivi un atelier photo, l'un d'entre eux expliquera ce qu'est la connaissance à un de ses camarades (photos 1 et 2 : ccmsl)
Saint-Mammès, visite guidée de la péniche-musée le Jonor par Désiré Mariage, ancien marinier.
Veneux-les-Sablons, à la bibliothèque, café littéraire du samedi matin, ce jour-là dédié au numérique : merci à toutes pour l'accueil (photo : ccmsl)
Montigny, écriture, inauguration de l'exposition de Mathilde Roux, Ce qui a lieu (photo PCH)
Montigny, nouvel atelier de Mathilde, avec Virginie Gautier en renfort (photo ccmsl)
Veneux-les-Sablons, festival, avec Virginie Gautier, Lucien Suel, Olivier Hodasava et Benoit Vincent et le cadeau de Lucien offert à l'un d'entre nous (photo 1 : Philippe Aigrain) (une vidéo bientôt en ligne)
Moret, ateliers oloé au collège Sisley, avec Joachim Séné (photo 3 :ccmsl)
L'aiR Nu à la médiathèque de Vernou (atelier sur les oloé, séance de travail, recherche sur la batellerie)
Moret, déambulation avant atelier, avec tablettes, merci à Philippe Charmeaux, le bibliothécaire (photo 1 : ccmsl)
Saint-Mammès, visiter les venelles, enregistrer, se rendre à bord du bateau de Désiré Mariage avec Luc Bonnin le bibliothécaire des lieux et Gilda Fiermonte (photos 2 et 3 : PCH)
*
ps : tout n'y est pas, loin de là. N'hésitez pas à vous rendre sur le site de Pierre et à lire son Journal des frontières. La Communauté de communes a elle-même tenu un petit journal de la résidence, que vous pouvez consulter ici.
mardi 8 mars 2016
l'écriture invisible #2
Mon premier article sur ce que j'ai appelé l'écriture invisible m'a valu un nombre de visites important, ce dont je vous remercie. Depuis, on m'a suggéré l'idée d'en faire une suite, de ne pas laisser la réflexion en suspens. Voici donc quelques pistes, pensées qui me sont venues après la vision et l'écoute de vidéos de la compagnie Pièces détachées. L'écriture invisible ne se réduit pas nécessairement à l'absence de publication. Elle peut faire également partie d'un processus artistique.
Ainsi, la première vidéo, qui est en réalité un fichier son, permet d'entendre en intégralité le début du premier tableau de Diptyque, intitulé D'ici là (nommé, parfois, Ce corps-ci ce corps-là). Lorsque la pièce est jouée, on n'a pas accès à tout ce texte, simplement à des bribes, mêlées à d'autres passages que je ne lis pas ci-dessous. Sur scène, ce qu'on entend, c'est une re-création, choix de Caroline Grosjean, la chorégraphe, qui a pioché ce qu'elle voulait où elle voulait.
Cette lecture de D'ici là est par ailleurs un objet unique et clos puisqu'elle a été effectuée à mi-parcours avec le guitariste Rémi Aurine-Belloc qui, finalement, est intervenu sur le second tableau, pas le premier. Pour l'instant, vous ne pouvez pas l'écouter directement ici (j'ai demandé à pouvoir le faire, intégrerai un nouveau code dès que je l'aurai). Mais en cliquant sur le lien une fenêtre s'ouvrira - et je trouve assez drôle de voir un Sorry s'afficher ainsi sur mon article, vu le sujet !
L'enregistrement dure six minutes.
L'enregistrement dure six minutes.
AUDIO - live-A.Savelli-R.AurineBelloc from pieces detachees on Vimeo.
C'est le créateur sonore Zidane Boussouf qui, finalement, a travaillé sur ce premier tableau. La vidéo ci-dessous permet à la fois d'entendre sa proposition et de saisir cette histoire de bribes dont je parlais tout à l'heure. Je l'ai déjà postée ici mais il me semble qu'elle prend un relief différent si on la regarde à la suite de la lecture initiale avec Rémi.
d'ici là from pieces detachees on Vimeo.
Rémi a donc finalement joué sur le second tableau, intitulé L. Vous ne pouvez pas vous en rendre compte, mais le texte de L est assez long. A l'origine, c'est même une fusée à trois étages. Premier étage (celui que Caroline a conservé mais dont elle n'a, encore une fois, utilisé que des bribes) : la description de photos ayant toutes pour sujet le même modèle, une femme vue en noir et blanc, dont on comprend qu'elle est dotée d'un physique assez exceptionnel et qui entretient avec le photographe des rapports étroits, sans qu'on puisse déterminer précisément lesquels (séduction ? rivalité ? émulation ? soumission ?). Deuxième étage : ce que je dis de cette femme hors séances. Troisième étage : l'évocation du lieu où j'écris le texte, me fondant sur un livre de photos que je feuillette. L désigne le livre.
Sur scène, dans la vidéo ci-dessous, ce qui émerge ce sont en particulier deux citations :
A bien y regarder, et pour qui te connaît, ton ombre paraît plus réelle que ton corps. Faut-il que tu t'inquiètes ? repris par Magali Albespy sous la forme chantée Should you worry ?
et
De la dérive et du contrôle, il devrait être un peu question, martelé par Vidal Bini avant qu'il ne soit censuré par Mathieu Heyraud. J'avais indiqué à Caroline que dans mon esprit, cette phrase était à peu de choses près lancée à la gueule du lecteur, mais ce fut ma seule intervention.
L - second tableau de diptyque from pieces detachees on Vimeo.
Ce que j'ai écrit, et qui équivaut à cinquante-cinq pages de livre environ, ne peut évidemment être lu ou dit en intégralité sur scène. C'est un matériau pour la chorégraphe. Mais c'est aussi, pour moi, un texte complet. J'y tenais, j'en avais besoin. Caroline cherche en ce moment à le faire publier en intégrant sons et images, trouvant une forme qui permette de comprendre ce passage du texte entier aux bribes.
A suivre, donc.
mercredi 2 mars 2016
De la ville au Loing #11
Cette fois, partir au Loing sans réunion à laquelle assister, sans atelier à mener. Simplement, emporter un appareil-photo, un enregistreur, traverser de nouvelles villes, revenir à des lieux déjà visités (Moret, Saint-Mammès). Au début il fait beau et sec puis le temps se gâte. Il faut chercher où écrire, où se réfugier.
Champs, bois, commerces et volets fermés. Que dire de ces paysages lorsqu'ils sont pour soi sans attache, qu'ils se succèdent simplement, n'offrent rien aux regards tandis que la voix du GPS suit la seule logique connue ?
(il faut bien un point d'arrivée)
Si on s'arrêtait par ce temps le long de la route, au centre du village désert, sans raison, sans but, que se passerait-il ?
(il faut bien un point d'arrivée)
Si on s'arrêtait par ce temps le long de la route, au centre du village désert, sans raison, sans but, que se passerait-il ?
Si on était seul(e) en forêt, sous la pluie ? Ou catapulté(e) quelque part, sans repère ?
Il suffit de peu pour faire de la fiction : ouvrir l'oeil, associer à sa phrase la photo d'une voiture sur une place de parking. C'est plus simple sans doute que de répondre aux questions sur l'errance, sur la sortie de route, ce qui déraille, se déroule sans qu'on en maîtrise la portée - en écrivant je pense à mon personnage de la Ville au Loing, j'y pense dans la voiture tandis que lui ne voyage qu'en train.
Il suffit de peu pour faire de la fiction : ouvrir l'oeil, associer à sa phrase la photo d'une voiture sur une place de parking. C'est plus simple sans doute que de répondre aux questions sur l'errance, sur la sortie de route, ce qui déraille, se déroule sans qu'on en maîtrise la portée - en écrivant je pense à mon personnage de la Ville au Loing, j'y pense dans la voiture tandis que lui ne voyage qu'en train.
Retour à la vie de la résidence : à Saint-Mammès, nous retrouvons Luc Bonnin, le bibliothécaire, et monsieur Mariage qui tient la promesse qu'il nous avait faite à bord de la péniche Jonor : nous emmener faire un tour en bateau. Luc nous entraîne d'abord dans les venelles, où vivent souvent les anciens mariniers.
Puis nous montons à bord, abrités de la pluie, retrouvons monsieur
Mariage qui, comme la fois précédente, raconte mille choses de sa vie ancienne. Je l'écoute. Mon personnage (comment le désigner, lui qui n'a
ni nom ni sexe ?) s'imagine, lui, une vie en péniche mais c'est d'une
dérive qu'il s'agit : il n'arrive pas à se fixer. Ni les rideaux de dentelle
ni les amarres larguées ne lui apportent de solution.
Les non-mariniers s'appellent les terriens, apprenons-nous.
Enfin voilà l'endroit où j'avais envie de me trouver. Une bouée verte indique le lieu où une péniche a coulé : l'eau n'est pas assez claire pour apercevoir la silhouette du bateau mais à certains détails, il est possible de l'imaginer.
Au fond, je crois que mon personnage ressemble à ce genre d'endroit : on le trouve là où il est susceptible de réinventer l'invisible. Toujours dans un lieu réel, oui, que ce soit à la gare de Lyon, sur les bords de Loing ou ailleurs, mais ce qui nous saute aux yeux ne l'atteint pas.
(ci-dessus, à bord, deux êtres plus tangibles : Pierre Cohen Hadria et Désiré Mariage)
(et Luc quittant le bateau)
Ce personnage, si on veut on peut l'entendre par ma voix sur le site de L'aiR Nu, ainsi que celui de Joachim Séné qui lui attend De l'autre côté, extraits d'un travail en cours qui devrait prendre trois formes : site, livre numérique, livre papier (version brute, écoute au casque conseillée).
Ce personnage, il se promenait avec moi l'autre jour à Moret, m'avait précédée dans le hall d'entrée de la bibliothèque tandis que j'allais animer l'atelier - normal, il connaissait déjà les lieux. De retour à Paris, le voilà plus évanescent que jamais. Il perd de sa substance au fil des kilomètres, signe qu'il est temps de le faire découvrir, peut-être.
Qu'il s'ancre un peu, comme dans les venelles.