lundi 28 octobre 2013

Quand elle arrive


















J'ai plus d'une fois parlé de Violette Leduc sur ce blog - ainsi, ici, est mentionné La Folie en tête, , Je hais les dormeurs, réédité par les éditions du Chemin de fer ; et là encore La Femme au petit renard, dont l'action se situe dans le quartier de Jaurès.

Au moment où l'on va enfin réentendre parler d'elle (Martin Provost sort un film, Violette, le 6 novembre prochain et Gallimard en profite pour rééditer quelques titres en Folio, tandis que Grasset propose une nouvelle édition de la biographie que Carlo Jansiti lui a consacrée), voici un autre extrait de son oeuvre, passage que j'aime particulièrement. Cette fois, il s'agit du début de L'Affamée, récit paru en 1948, dans lequel la figure de Simone de Beauvoir est centrale :

"Elle a levé la tête. Elle a suivi son idée sur mon pauvre visage. Elle ne le voyait pas. Alors, du fond des siècles, l'événement est arrivé. Elle lisait. Je suis revenue dans le café. Elle suivait d'autres idées sur d'autres visages. J'ai commandé une fine. Elle ne m'a pas remarquée. Elle s'occupait de ses lectures. Quand elle arrive on nettoie le café ou bien on finit de le nettoyer. Le carrelage sèche. On le voit sécher : un carreau trop pâle, un carreau trop rouge. Plus il est fade, plus il sèche. Les chaises sont sur les tables, deux par deux, renversées l'une sur l'autre. Les tables dégraissées supportent ces enlacements obscènes. On passe la main sur le marbre humide. On a un frisson. Cette propreté qui s'envole me calme. Le patron a déposé sa gueule de patron à la caisse. Il astique. Il a travesti la moitié de son corps avec un tablier. Son sexe, auquel on ne pensait pas, est derrière un paravent de toile bleue. Les garçons l'aident. Ils ont ressuscité des mouvements non automatiques. La porte du café est ouverte. L'odeur du tabac vadrouille. La rue a l'exclusivité des bruits."

vendredi 25 octobre 2013

hommages à Maryse















ici et par















et ici encore (toujours)
et ailleurs sans doute















au dos de ses cartes et dans ce jardin ce qu'elle a écrit















venu de partout ça essaime



















ce qu'elle a aimé, offert

















suit sa route
















et nous continuons à aimer















à écrire

lundi 21 octobre 2013

de Paris à Nantes, lecture(s) croisée(s) avec Thierry Beinstingel

De mon oloé à Cerise (chambre verte d'où l'on entend le temps passer), un mot pour dire que la lecture croisée avec Thierry Beinstingel qui eut lieu le 20 septembre dernier est en ligne sur remue.net depuis quelques instants, ici même.

Si vous êtes dans la région nantaise, sachez que nous reprendrons cette lecture (à moins que nous décidions de faire un peu autre chose...) le 22 novembre prochain à la médiathèque de Bouaye, près de Nantes. Ce sera à 20h30 et toutes les informations se trouvent, cette fois, par là.

(et que ceux qui veulent nous proposer une tournée n'hésitent pas !)

dimanche 13 octobre 2013

notes sur un texte en cours

Ce dimanche, c'est à nouveau la même chose : sont ouverts côte à côte le traitement de textes dans lequel j'écris, me relis, corrige, fichier que je referme, auquel je ne reviens que quelques jours plus tard, le temps de laisser décanter et l'interface du blog, ici même, où taper en direct - se relire, d'accord, mais sous tension (publier juste après est l'idée qui domine).
Seulement, la semaine dernière, c'était un extrait de Décor Daguerre que j'écrivais ainsi, en off, lié à Cléo de cinq à sept pour être plus précise, tandis que cette fois c'est d'un texte réflexif qu'il s'agit, qui concerne mes pratiques : une commande à honorer, à paraître l'an prochain, autant dire à une époque où depuis longtemps cet article de blog sera oublié.

J'écris donc là-bas (en off) ce texte, dans lequel je tente de comprendre et de faire comprendre la façon dont j'écris, quels matériaux j'utilise et en quoi s'y insère ou non ce fantasme nommé le réel, quand tout à coup l'envie de venir écrire ici me prend. Je n'ai aucune idée de ce que je vais faire (j'ai failli taper je veux au lieu de je vais mais c'était trop fort, inexact). Tout ce que je sais, c'est que dans le texte en off brusquement j'ai écrit ceci (passage qui n'a pas décanté) : 

Pendant que j'écris ce que vous lisez, j'ai grande envie de me rendre dans l'interface de mon blog, de créer un nouvel article et d'écrire à partir de ce texte-ci, celui que vous êtes en train de lire et que le visiteur/lecteur de Fenêtres (http://fenetresopenspace.blogspot.fr/ ), lui ne verra pas, pas plus que vous n'irez regarder ce que je m'apprête à y mettre sans autre motivation que cette envie soudaine, sans autre « idée » que celle d'une corrélation avec celui-ci.
(comme il s'agit a priori d'un texte publié papié, le lien n'est pas sur le nom mais à côté).

Mon dieu mais il n'y a rien là-dedans, rien de réel, ce n'est que du vent, me dira-t-on. Ce qui change pour moi, en effet, pour l'instant, entre écrire ici et là-bas, c'est seulement l'interlignage, changement dû au pratique mais énervant copier-coller (du traitement de textes à l'écran, on passe du simple au double, vous l'aurez constaté). J'ai tout à fait la flemme d'aller chercher comment faire plus joli, harmoniser l'ensemble. Je m'en fiche, je n'ai pas le temps. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir s'il s'est passé quelque chose, autre chose que cette mocheté. Oui : j'ai commencé à modifier ici l'extrait copié collé là-bas. J'ai changé un nom, ajouté un adjectif, l'ai retiré, sans savoir encore si c'est mieux. J'ai regardé l'aperçu, ici, plusieurs fois (pour mieux me relire, c'est une constante). Je me suis dit que rien ne m'empêchait de publier ici le texte de là-bas, en entier, même si j'ai une commande d'éditeur et que, pour cette raison, il ne devrait paraître que dans plusieurs mois 
(I got the power)
(cependant il est inachevé)
(et celui-ci, alors ?).
J'ai pensé que je pouvais aussi laisser celui-ci en brouillon jusqu'à la parution de l'autre (bof) ou pour toujours (c'est déjà plus intéressant). Je me suis demandé si je mettrais, ici, une photo (je n'en fais plus depuis un moment et ça me manque). Je n'y ai pas pensé pour le texte de là-bas, alors que le thème même du recueil à paraître concerne ce qu'on prend au réel, et comment on le détourne, sans se restreindre à la seule imitation. Je me suis dit encore : mais pourquoi tu écris ici, alors que ta commande est pour là-bas et que le temps presse ? 
(soudain il m'a semblé que l'immédiateté concernait moins l'ici, que l'on nomme virtuel, que le là-bas, publication papier à faire avancer et boucler)
J'ai pensé que je publierais (ici, bouton orange) ce texte au moins pour qu'apparaisse une url à insérer là-basTout en sachant très bien et depuis le début que ce que je nomme ici, là-bas, ne sont en réalité (ah enfin, le réel !) que deux petits onglets, ouverts et côte à côte.

(ce n'est pas très sérieux, ça n'a pas avancé)
(mais est-ce que ça avance, le réel ?)

dimanche 6 octobre 2013

Publier

commence à écrire, hein, parce que ça va bien
(je commence, je commence)
commence parce que tout le monde dort, tout le monde est ailleurs, tout le monde fait autre chose
(je commence, et c'est continuer)
le monde tu le places ailleurs (tout le monde le dit : il faut mettre à distance)
tu l'évacues
entré dans sa membrane lui et toi êtes étanches
(c'est à cette condition qu'on redevient poreux)
et tu commences
(mais c'est grippé encore)
attends

tu écris sur l'attente quelque chose qui n'est pas lu et tant mieux te dis-tu, qui n'est pas fait pour ça, pour le moment du moins, dans quelques mois peut-être, qui s'amorce quand même pour être lu un jour mais pas pour le moment, ce n'est pas la question, ce n'est pas le problème, le lecteur n'y est pas et tu n'y penses pas

pour l'instant

tu t'arrêtes, tu écris autre chose, quelque chose d'immédiat il suffit de cliquer sur le mot Publier avec sa majuscule, mot blanc sur fond orange, il suffit de taper des lettres dans l'interface, et ce n'est pas la même, elle imite la page comme la précédente celle où écrire l'attente mais ce n'est pas la même

l'interface Publier avec bouton orange vient du dimanche matin
contient de la semaine le seul moment de silence
est à jeun
ne veut pas déranger

le texte sur l'attente, lui, peut être déplacé d'un moment de la vie à l'autre
il faudra en finir mais c'est un matériau qu'on emporte avec soi polissage compris

il faudra en finir
il faut y revenir 
l'interface Publier a servi de contrepoint
a permis de distraire
non
d'évacuer l'angoisse
non
a permis quoi ?
de mettre à jour ce qui, dans l'autre texte (nommé texte initial mais qui sait si c'est juste ?), n'aurait pas pu se dire et pourtant s'y trouvait
était là
plus que là
matrice
filigrane
venu de la membrane entre soi et le monde
souplesse protection
fluidité du souffle

il faudra y revenir

le présent n'y est plus 
éparpillé brisé 
ce silence déjà du dimanche matin

(il contient pourtant sa relecture)