lundi 22 juillet 2013

Mes demoiselles #9

(feuilleton de juillet)


Regret d'avoir menti. Regret d'avoir perdu quelqu'un en route. Regret léger de vous quitter, amant, parce qu'un marin a les yeux de la même couleur qu'un tableau. Nul regret de perdre un travail (nous sommes dans les années 60) ni d'oublier celui qui préfère l'argent à soi-même. Regret d'avoir refusé le nom de Madame Dame. Regret fugace de la ville d'enfance mais espoir droit devant (Paris !). Regret sans regret, vies ratées pour des prunes où tout se rétablit, où tout réussira d'un claquement de doigts (Je me fais engager au Concert parisien et Delph' à l'Opéra. Ah on ne va pas moisir ici !).
Regret sans regret. Il y a pourtant la pension, l'abandon, la guerre. Il y a le chagrin d'amour, le meurtre quand la femme se refuse. Une ancienne danseuse des Folies Bergère, premier prix de beauté et de danse légère démembrée, les morceaux rangés dans la malle : ainsi va l'ordre du monde.

Ca va mal partout, dit-on au café tandis que les bourgeoises sautillent, bel enfant en main, sur la place Colbert.

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