Souvent je n'ose pas les prendre, et quand je les prends les supprime, par superstition, peur de les froisser : des hommes à la fenêtre il ne me reste peut-être que ces deux photographies (Paris, gare du Nord / Berlin, le long du Landwerhkanal). Je le regrette. Cependant ils ne sont pas loin : dans ce Décor en relecture où les grands magasins ne servent, au fond, que de prétexte pour sortir, arpenter la ville, regarder les hommes, une phrase les contient, que je ne voudrais pas rayer.
ils sont toujours là à faire quelque chose (les femmes aussi - comme disait Eliane) ils attendent fument ou bossent, tu les prends à leur fenêtre, moi dans le métro, ils ont des choses à faire et des idées à poursuivre, je disais "là-bas brille la paix" mais ça ne leur suffit pas, ça ne leur fait rien qu'on les arrêtent un moment (ils n'en savent pas grand chose), eux continuent après la pause, après le travail, les voir dans la longueur du jour, frais le matin, presque alertés, déjà sur leur trente et un puis le soir les rides marquées, le poil hérissé (pas pour elles), les yeux rougis d'écrans et cernés de mépris ou d'ordres compulsivement assénés (ceux-là on les voit moins, mais ils sont là, j'en ai croisé un ce matin, mais je ne l'ai pas décalqué) mais j'aime les voir, attendre, lire ou téléphoner quand ils ne savent plus ce qu'ils font, les cent pas retour sur image et encore un geste parfois, ils marchent avancent se jettent courent attrapent au vol une idée ou un désir, un devoir ou une habitude, le journal ou écoutent quelque musique, laquelle, vivent en ville vont dormir en banlieue travaillent à Babylone, j'écoute le MJQ que propose le Tourne à Gauche aujourd'hui, il y a de ce type de rythme dans leurs déambulations (alors, si tu veux mon avis, garde la cette phrase, sur eux)
RépondreSupprimer"les femmes... aussi" est dans DL, c'est drôle
RépondreSupprimerMerci pour ce long commentaire qui, tu t'en doutes, me va comme un gant, même si dans le livre il s'agit aussi d'autre chose (mais je n'en donne ici que des bribes, on en fait donc ce que l'on veut).
Quand j'écrivais Fenêtres j'avais l'impression de ne pas regarder les hommes, les gens, et que quelque chose n'allait pas. DL voudrait, prenant appui sur le décor factice du grand magasin (un contrepoint, une antithèse)renouer avec ce regard posé sur eux. Est-ce que ça fonctionnera ? La réponse est encore en suspens...