mardi 4 mai 2010

Fenêtres de New York

"Mes bureaux se trouvaient à l'étage, au n°... de Wall Street. A l'une des extrémités, ils donnaient sur la paroi blanche de l'intérieur d'une cage vitrée qui parcourait l'édifice de haut en bas. On pouvait considérer cette vue sans fantaisie et totalement dépourvue de ce que les paysagistes appellent "la vie". Mais, en revanche, la vue qu'offrait l'autre extrémité de mes locaux formait pour le moins un singulier contraste. Dans cette direction, mes fenêtres donnaient de façon imprenable sur un haut mur de briques noircies et par une ombre éternelle. Il n'était nul besoin de longue vue pour que ce mur ne révélât sa persistante beauté, car il se dressait, pour le plus grand profit du spectateur myope, à trois mètres de mes croisées. En raison de la hauteur gigantesque des immeubles avoisinants et du fait que mes bureaux se situaient au second étage, l'intervalle qui séparait ce mur du mien évoquait une immense citerne carrée."

Herman Melville, Bartleby, traduction de Jean-Yves Lacroix.

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