samedi 10 octobre 2009

Gare de Boulogne Tintelleries










"La demie d'une heure sonne très loin. Le train de Calais, qui doit me ramener à Paris, ne passera que dans cinquante minutes...
Je rentre seule, dans la nuit, sans prévenir personne. Brague et le vieux troglodyte, désaltérés par mes soins, dorment maintenant quelque part dans Boulogne-sur-Mer. Nous avons tué trois quarts d'heure en comptabilité et en bavardage, en projets de tournée sud-américaine, et puis je suis venue m'échouer dans cette gare de Tintelleries, si déserte à cette heure qu'elle semble désaffectée... On n'a pas allumé, pour moi toute seule, les globes électriques du quai... Un timbre fêlé grelotte timidement dans l'ombre, comme suspendu au cou d'un chien transi.
La nuit est froide et sans lune. Il y a près de moi, dans un jardin invisible, des lilas odorants que le vent froisse. J'entends, là-bas, l'appel des sirènes sur la mer...
Qui devinerait que je suis ici, tout au bout du quai, pelotonnée dans mon manteau ? Comme je suis bien cachée ! Ni plus sombre, ni plus claire que l'ombre...
Au petit jour, j'entrerai chez moi, sans bruit, comme une voleuse, car on ne m'attend pas si tôt.

Colette, La Vagabonde.

La gare de Tintelleries n'est plus la gare principale de Boulogne-sur-Mer. Le train de Paris s'arrête aujourd'hui à









(photos prises la semaine dernière)

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