mercredi 16 juillet 2008

mais en réalité

"Dans la rue, dans ta rue, dans la rue de tes représentations, de tes pensées à la volée (pensées : décharges d'humeurs), dans la rue, sans pouvoir sortir, te croyant arrêté, assis, ou étendu, immobile, te croyant dans une habitation, dans un refuge mais en réalité dans la rue, dans la rue depuis ton premier cri de nouveau-né découvrant ceci et cela, l'air, les pays et les langues et les personnes, recevant de tout, broyant n'importe quoi, faiseur d'inutile, voyant grand, agissant petit, faisant ménage hâtif avec ce qui se présente, concevant mal, croyant t'arrêter, te reposer, te terrer, mais toujours poussé en avant, avec l'Histoire, avec leurs histoires, dans la rue qui croise les leurs, qui en a croisé quantité, dans ta rue toujours, Ah c'est fini : ta rue ne va pas plus loin."

Henri Michaux, Poteaux d'angle.

(fin du suspense : l'étagère est rangée, on peut lire)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire